Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rudistes (suite)

Chez les Réquiénidés, la valve fixée est fortement enroulée, tandis que la valve libre est le plus souvent operculaire. Chez les Monopleuridés, la coquille est souvent de même type, mais parfois aussi tubulaire. Requienia, Matheronia, Toucasia (Réquiénidés) et Monopleura (Monopleuridés) jouent un rôle important dans les faciès de type urgonien comme ceux du sud de la France.

Caprotinidés et Caprinidés sont souvent groupés sous le nom de Rudistes à canaux, du fait de la présence, dans leur test, très épais, d’un système de cavités et de canaux. Souvent, les Caprotinidés (Néocomien-Turonien) n’ont pas de canaux, mais de simples cavités. Les Caprinidés (Urgonien-Maestrichtien) ont toujours un système de canaux dont la disposition est plus ou moins compliquée. Polyconites, Horiopleura et Caprotina (Caprotinidés), d’une part, Caprina, Plagioptychus et Ichthyosarcolithes (Caprinidés), d’autre part, sont fréquents en France.

Les Rudistes au sens strict (Hippuritidés et Radiolitidés) sont caractérisés par une extrême déformation de la coquille. La valve fixée est cylindro-conique ou en cône plus ou moins aplati. La valve libre, plate, est operculaire.

Les Hippuritidés ont une valve libre plate, percée de pores et pouvant montrer deux petites ouvertures, les « oscules ». La valve fixée est conique ou cylindro-conique, lisse ou costulée, avec trois sillons longitudinaux correspondant intérieurement à trois replis du test : l’arête ligamentaire et les « piliers ». Les opinions varient sur le rôle des piliers, rien de comparable n’existant chez les Bivalves actuels. Apparaissant avec tous leurs caractères au Turonien, les Hippurites se modifient à peine ensuite. Elles s’éteignent à la fin du Crétacé.

Organismes coloniaux vivant dans des conditions analogues à celles des Polypiers, les Hippuritidés forment des bancs. De tels bancs sont fréquents dans le sud-est de la France. Les Hippuritidés sont des fossiles utiles, car ils permettent d’établir des échelles stratigraphiques locales dans le domaine méditerranéen. Principaux genres : Hippurites et Vaccinites.

Les Radiolitidés ont une valve fixée conique, plus ou moins évasée. La valve libre est plate ou conique. Le test est très épais, à structure cellulo-prismatique. L’ornementation est formée de crêtes et de collerettes transversales ou de côtes longitudinales, ou d’une combinaison des deux. Le plus souvent existent deux zones à ornementation un peu différente, les « bandes siphonales », assimilées aux piliers des Hippurites. Les Radiolitidés ont vécu de l’Urgonien à la fin du Crétacé. De forme beaucoup plus variée que les Hippurites, ils sont adaptés à des milieux divers. Beaucoup vivent avec les bancs d’Hippurites, mais d’autres vivent isoles dans des milieux moins nettement récifaux. Præradiolites, Radiolites, Biradiolites, Sauvagesia, Lapeirousia sont très fréquents dans le Crétacé supérieur du sud de la France.

J. S.

 J. Piveteau (sous la dir. de), Traité de Paléontologie, t. II (Masson, 1952). / R. C. Moore (sous la dir. de), Treatise on Invertebrate Paleontology, Part N : Mollusca 6. Vol. 2 Bivalvia (Lawrence, Kansas, et New York, 1969).

rugby

Sport opposant deux équipes de 15 ou de 13 joueurs chacune et pratiqué avec un ballon de forme ovale.



Historique

Avec son curieux ballon et ses règles d’apparence complexe, le rugby peut sembler être un jeu artificiel. Pourtant, il est celui dont la filiation avec les jeux de l’Antiquité et du Moyen Âge est la plus directe. Les anciens Grecs pratiquaient notamment la phaininda, qui peut être considérée comme l’ancêtre du rugby, car la lutte pour la possession du ballon y était essentielle. Les Romains, inspirés de la phaininda, s’adonnèrent à l’harpastum, encore plus proche du rugby, car non seulement la possession du ballon y était primordiale, mais encore le terrain était rectangulaire, et il fallait porter la balle au-delà de la ligne de fond du camp adverse. L’harpastum fut également populaire dans la civilisation gallo-romaine. Au Moyen Âge, on pratiqua la soule (ou choule selon les provinces). C’était un jeu rude, mettant aux prises de nombreux joueurs et consistant à lutter pour la possession du ballon (la soule), afin d’aller porter celui-ci dans un but fixé à l’avance, qui pouvait être une tour, un arbre, un pont, le porche d’une église ou même un étang. La balle était le plus souvent une enveloppe de cuir bourrée de paille ou de son. Puis, par amélioration des techniques, on a employé fréquemment une vessie de porc gonflée, et c’est ainsi que naquit le premier ballon ovoïde.

La soule s’implanta dans les îles Britanniques à la suite de la conquête normande. Il faut attendre une description de la vie de Londres publiée en 1174 pour avoir le premier témoignage sur un jeu de ballon joué en Angleterre. Ce jeu était identique à la soule, qui était très populaire en France, et plus particulièrement en Normandie. Le jeu pratiqué outre-Manche et que l’on définit d’abord comme des « rageries de grosses pelotes à pié » fut appelé football*.

Soule et football étaient d’une rare violence. L’adoucissement des mœurs, la préférence donnée par la noblesse et la bourgeoisie à la vie de salon sur les exercices physiques réduisirent soule et football à des jeux de rustres pratiqués dans les campagnes au xviiie s. En France, il en subsista bientôt des traces seulement dans certaines contrées de Bretagne, de Normandie ou de Picardie. En Angleterre, en revanche, malgré le mépris des étudiants d’Oxford et de Cambridge, les élèves des public schools adoptèrent le football, toujours joué par les paysans. Les adolescents pensionnaires d’écoles aussi célèbres qu’Eton, Harrow, Charterhouse, Winchester, Marlborough adaptèrent le jeu à leurs cours ou à leurs terrains. À Rugby, le jeu se développa au début du xixe s., lorsque l’école acquit un champ pour les ébats des élèves.