Rubens (Petrus Paulus) (suite)
Le couronnement des dernières années
Accablé de commandes jusqu’à la fin de ses jours, l’artiste a mené à bien une œuvre gigantesque, tout en amassant une fortune considérable. Ne laissant rien au hasard, il eut ses propres graveurs, façonnés à son style : Pieter Claesz. Soutman (v. 1580-1657), Lucas Vorsterman (1595-1675), Paulus Pontius (1603-1658) et les frères Bolswert, Boëtius Adamsz. (v. 1580-1633) et Schelte Adamsz. (v. 1586-1659). À côté de ces burinistes, il forma également un graveur sur bois : Christoffel Jegher (1596 - v. 1652).
La diversité de ses travaux n’a guère influencé son style. S’étant assimilé les leçons des maîtres italiens, il s’est libéré de leur influence pour se créer un langage propre, le plus représentatif du baroque* septentrional, auquel il est resté fidèle sa vie durant. Seuls sa facture et, dans les dernières années, le choix des sujets ont évolué. Après s’être libéré des tons sombres, sa touche est devenue de plus en plus légère. Sa peinture est lisse, et seuls quelques détails montrent de légers empâtements. À la fin, ses collaborateurs n’arrivent plus à le suivre tant sa manière se fait fluide. À partir de 1635, date de l’acquisition du château de Steen, à Elewijt (près de Malines), les sujets grandiloquents, destinés à la clientèle et qui témoignent toujours de la même fougue (les Horreurs de la guerre au palais Pitti de Florence ; le Martyre de saint Liévin et la Montée au calvaire, aux musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles), font place concurremment à d’autres, plus simples et parfois plus directs. Muselant son imagination, le peintre regarde autour de lui. Il commence par peindre le Jardin d’amour (Prado), qui évoque encore sa demeure anversoise, mais, bientôt, il abandonne ces personnages élégants pour le Berger embrassant la bergère, pour la Danse de paysans (Prado) et pour la Kermesse (Louvre), qui montrent, derrière le masque de l’aristocrate, un homme proche des joies païennes et populaires. Il multiplie aussi les nus, avec ou sans affabulation mythologique, jusqu’à l’admirable Hélène Fourment à la pelisse (1638-1640, Kunsthistorisches Museum, Vienne). En même temps, il se peint dans un portrait d’apparat (ibid.) qui veut cacher une vieillesse précoce, comme le montre le dessin préparatoire conservé au musée du Louvre.
L’influence de Rubens fut considérable, surtout en France au xviiie s. avec Watteau*, Fragonard* et Boucher* ; elle touche Delacroix* au xixe s. et persiste jusqu’au xxe avec Renoir*.
R. A.
➙ Baroque / Belgique.
M. Rooses, l’Œuvre de Pierre Paul Rubens (J. Maes, Anvers, 1886-1891 : 5 vol.). / M. Rooses et C. Ruelens, la Correspondance de Rubens (J. Maes et Buschmann, Anvers, 1887-1909 ; 6 vol.). / E. Michel, Rubens, sa vie, son œuvre et son temps (Hachette, 1900). / R. Oldenbourg, P. P. Rubens, des Meisters Gemälde (Stuttgart, 1905 ; 4e éd., 1921). / G. Glück et F. M. Haberditzl, Die Handzeichnungen von P. P. Rubens (Berlin, 1928). / L. Van Puyvelde, les Esquisses de Rubens (Holbein, Bâle, 1940) ; Rubens (Elsevier, 1952). / H. G. Evers, Rubens und sein Werk (Munich, 1942-1944 ; 2 vol.). / J. S. Held, Rubens. Selected Drawings (Londres, 1959). / L. Burchard et R. A. d’Hulst, Rubens Drawings (l’Arcade, Bruxelles, 1964 ; 2 vol.). / R. Avermaete, Rubens et son temps (Brépols, Bruxelles, 1965). / P. Cabanne, Rubens (Somogy, 1967). / J. R. Martin, The Ceiling Paintings for the Jesuit Church in Antwerp (l’Arcade, Bruxelles, 1968) ; The Antwerp Altarpieces (Londres, 1969). / W. Stechow, Rubens and the Classical Tradition (Cambridge, Mass., 1968). / J. Thuillier et J. Foucart, Rubens, la galerie Médicis au palais du Luxembourg (Laffont, 1969). / S. Alpers, The Decoration of the Torre de la Parada (l’Arcade, Bruxelles, 1971). / F. Baudouin, Rubens et son siècle (trad. du néerl., Fonds Mercator, Anvers, 1972). / R. Delevoy, Rubens (Skira, Genève, 1972). / H. Vlieghe, Angels, Apostles and Saints (l’Arcade, Bruxelles, 1972). / S. Cotte, l’Univers de Rubens (Screpel, 1973).