Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rubens (Petrus Paulus) (suite)

Le couronnement des dernières années

Accablé de commandes jusqu’à la fin de ses jours, l’artiste a mené à bien une œuvre gigantesque, tout en amassant une fortune considérable. Ne laissant rien au hasard, il eut ses propres graveurs, façonnés à son style : Pieter Claesz. Soutman (v. 1580-1657), Lucas Vorsterman (1595-1675), Paulus Pontius (1603-1658) et les frères Bolswert, Boëtius Adamsz. (v. 1580-1633) et Schelte Adamsz. (v. 1586-1659). À côté de ces burinistes, il forma également un graveur sur bois : Christoffel Jegher (1596 - v. 1652).

La diversité de ses travaux n’a guère influencé son style. S’étant assimilé les leçons des maîtres italiens, il s’est libéré de leur influence pour se créer un langage propre, le plus représentatif du baroque* septentrional, auquel il est resté fidèle sa vie durant. Seuls sa facture et, dans les dernières années, le choix des sujets ont évolué. Après s’être libéré des tons sombres, sa touche est devenue de plus en plus légère. Sa peinture est lisse, et seuls quelques détails montrent de légers empâtements. À la fin, ses collaborateurs n’arrivent plus à le suivre tant sa manière se fait fluide. À partir de 1635, date de l’acquisition du château de Steen, à Elewijt (près de Malines), les sujets grandiloquents, destinés à la clientèle et qui témoignent toujours de la même fougue (les Horreurs de la guerre au palais Pitti de Florence ; le Martyre de saint Liévin et la Montée au calvaire, aux musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles), font place concurremment à d’autres, plus simples et parfois plus directs. Muselant son imagination, le peintre regarde autour de lui. Il commence par peindre le Jardin d’amour (Prado), qui évoque encore sa demeure anversoise, mais, bientôt, il abandonne ces personnages élégants pour le Berger embrassant la bergère, pour la Danse de paysans (Prado) et pour la Kermesse (Louvre), qui montrent, derrière le masque de l’aristocrate, un homme proche des joies païennes et populaires. Il multiplie aussi les nus, avec ou sans affabulation mythologique, jusqu’à l’admirable Hélène Fourment à la pelisse (1638-1640, Kunsthistorisches Museum, Vienne). En même temps, il se peint dans un portrait d’apparat (ibid.) qui veut cacher une vieillesse précoce, comme le montre le dessin préparatoire conservé au musée du Louvre.

L’influence de Rubens fut considérable, surtout en France au xviiie s. avec Watteau*, Fragonard* et Boucher* ; elle touche Delacroix* au xixe s. et persiste jusqu’au xxe avec Renoir*.

R. A.

➙ Baroque / Belgique.

 M. Rooses, l’Œuvre de Pierre Paul Rubens (J. Maes, Anvers, 1886-1891 : 5 vol.). / M. Rooses et C. Ruelens, la Correspondance de Rubens (J. Maes et Buschmann, Anvers, 1887-1909 ; 6 vol.). / E. Michel, Rubens, sa vie, son œuvre et son temps (Hachette, 1900). / R. Oldenbourg, P. P. Rubens, des Meisters Gemälde (Stuttgart, 1905 ; 4e éd., 1921). / G. Glück et F. M. Haberditzl, Die Handzeichnungen von P. P. Rubens (Berlin, 1928). / L. Van Puyvelde, les Esquisses de Rubens (Holbein, Bâle, 1940) ; Rubens (Elsevier, 1952). / H. G. Evers, Rubens und sein Werk (Munich, 1942-1944 ; 2 vol.). / J. S. Held, Rubens. Selected Drawings (Londres, 1959). / L. Burchard et R. A. d’Hulst, Rubens Drawings (l’Arcade, Bruxelles, 1964 ; 2 vol.). / R. Avermaete, Rubens et son temps (Brépols, Bruxelles, 1965). / P. Cabanne, Rubens (Somogy, 1967). / J. R. Martin, The Ceiling Paintings for the Jesuit Church in Antwerp (l’Arcade, Bruxelles, 1968) ; The Antwerp Altarpieces (Londres, 1969). / W. Stechow, Rubens and the Classical Tradition (Cambridge, Mass., 1968). / J. Thuillier et J. Foucart, Rubens, la galerie Médicis au palais du Luxembourg (Laffont, 1969). / S. Alpers, The Decoration of the Torre de la Parada (l’Arcade, Bruxelles, 1971). / F. Baudouin, Rubens et son siècle (trad. du néerl., Fonds Mercator, Anvers, 1972). / R. Delevoy, Rubens (Skira, Genève, 1972). / H. Vlieghe, Angels, Apostles and Saints (l’Arcade, Bruxelles, 1972). / S. Cotte, l’Univers de Rubens (Screpel, 1973).

rubéole

Maladie éruptive, contagieuse et immunisante due à un virus (paramyxovirus).


La rubéole est grave chez la femme enceinte en raison des atteintes de l’embryon, ou embryopathies, qu’elle détermine (N. M. Gregg, 1941). Elle sévit par petites épidémies et se transmet par voie aérienne de 7 jours avant à 14 jours après l’éruption ; 7 p. 100 des individus adultes seulement lui ont échappé. L’incubation dure 14 jours ; l’invasion est brutale, avec courbature et fièvre à 38 °C, puis avec apparition d’adénopathies diffuses (gros ganglions aux aisselles, aux aines, etc.). À la phase d’état, l’éruption débute au visage, s’étend sans ordre à tout le corps. Elle simule la rougeole le 1er jour, puis peut évoquer là scarlatine le 2e jour. Elle disparaît le 3e jour. Elle est souvent atypique et fréquemment très peu intense. Il existe des adénopathies prédominant au niveau de la région occipitale. La fièvre persiste, modérée. La numération globulaire et la formule sanguine montrent souvent une plasmocytose (≃ 10 p. 100), mais le diagnostic ne peut être affirmé que par l’augmentation du taux des anticorps inhibant l’hémagglutination.

La rubéole est parfois inapparente. Les complications en sont exceptionnelles (encéphalite, méningo-encéphalite, purpura, douleurs rhumatismales).

Le risque majeur est celui de l’embryopathie lorsque la rubéole survient chez la femme enceinte (23 p. 100 au 1er mois, 13 p. 100 au 2e mois, 7 p. 100 au 3e mois). En fonction de l’âge de la grossesse, les embryopathies portent sur les yeux (cataracte, microphtalmie), le cœur (cardiopathie congénitale, persistance du canal artériel ou sténose de la valvule pulmonaire), l’appareil auditif (surdité), les dents, le psychisme. Des anomalies postnatales peuvent également s’observer : hypotrophie, trombocytopénie, ictère avec insuffisance hépatique, lésions osseuses, atteinte myocardique.