Rouergue (suite)
Conques domine l’art roman dans le Rouergue. Pourtant, d’autres monuments méritent d’être retenus à cette époque, notamment l’abbatiale de Sylvanès, parfait exemple de l’architecture cistercienne de la seconde moitié du xiie s. La petite église de Perse à Espalion, celle de Bozouls non loin de Conques présentent des formes et des proportions très pures.
L’art de l’époque gothique est moins connu que celui de l’époque romane dans la région. Il a pourtant laissé des œuvres remarquables, à commencer par la cathédrale de Rodez, dont la façade altière entre ses deux tours s’élève sans aucun accès vers l’ouest, car elle se dressait à l’aplomb des remparts de la vieille ville. C’est un monument où se conjuguent l’austérité des églises fortifiées méridionales, la structure gothique des grandes cathédrales du Nord et un décor Renaissance qui apparaît dans le clocher du chevet, dans des clôtures de chapelles et dans deux retables, sans omettre l’édicule classique à fronton qui couronne la façade. La chartreuse de Villefranche-de-Rouergue, fondée en 1451, forme un ensemble très bien conservé de la fin du Moyen Âge. Son petit cloître voûté est orné d’un riche décor sculpté flamboyant. Mais l’art gothique ne s’est pas seulement manifesté dans l’architecture religieuse. On le rencontre dans de nombreuses maisons anciennes, souvent groupées au pied d’un château, près d’une rivière que franchit encore un pont médiéval, comme à Entraygues-sur-Truyère ou à Estaing. Villeneuve-d’Aveyron, comme son nom l’indique, et Sauveterre-d’Aveyron sont des bastides, c’est-à-dire des villes nouvelles créées au Moyen Âge. La Couvertoirade, avec son enceinte polygonale irrégulière, en est un autre exemple caractéristique ; sa fondation fut décidée par les Templiers.
La Renaissance a aussi laissé son empreinte, à la cathédrale de Rodez, on l’a vu, mais encore dans de charmantes maisons voisines, celle d’Armagnac, la maison Benoît ou bien celle qui abrite le musée Fenaille. Le vieux palais d’Espalion, une partie du château d’Estaing, des demeures d’Entraygues appartiennent à cette époque. À partir du xviie s., il semble que la région se soit repliée sur ses trésors, qu’elle nous a précieusement conservés. Il y a bien des édifices curieux, comme la chapelle des Pénitents noirs de Villefranche-de-Rouergue (xviie s.), mais ce sont surtout le Moyen Âge et la Renaissance qui ont donné aux villes et aux villages rouergats leur caractère monumental.
A. P.
G. Gaillard, M. M. S. Gauthier, L. Balsan et A. Surchamp, Rouergue roman (Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1963). / H. Enjalbert, Rouergue-Quercy (Arthaud, 1971).