Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rouergue (suite)

Conques domine l’art roman dans le Rouergue. Pourtant, d’autres monuments méritent d’être retenus à cette époque, notamment l’abbatiale de Sylvanès, parfait exemple de l’architecture cistercienne de la seconde moitié du xiie s. La petite église de Perse à Espalion, celle de Bozouls non loin de Conques présentent des formes et des proportions très pures.

L’art de l’époque gothique est moins connu que celui de l’époque romane dans la région. Il a pourtant laissé des œuvres remarquables, à commencer par la cathédrale de Rodez, dont la façade altière entre ses deux tours s’élève sans aucun accès vers l’ouest, car elle se dressait à l’aplomb des remparts de la vieille ville. C’est un monument où se conjuguent l’austérité des églises fortifiées méridionales, la structure gothique des grandes cathédrales du Nord et un décor Renaissance qui apparaît dans le clocher du chevet, dans des clôtures de chapelles et dans deux retables, sans omettre l’édicule classique à fronton qui couronne la façade. La chartreuse de Villefranche-de-Rouergue, fondée en 1451, forme un ensemble très bien conservé de la fin du Moyen Âge. Son petit cloître voûté est orné d’un riche décor sculpté flamboyant. Mais l’art gothique ne s’est pas seulement manifesté dans l’architecture religieuse. On le rencontre dans de nombreuses maisons anciennes, souvent groupées au pied d’un château, près d’une rivière que franchit encore un pont médiéval, comme à Entraygues-sur-Truyère ou à Estaing. Villeneuve-d’Aveyron, comme son nom l’indique, et Sauveterre-d’Aveyron sont des bastides, c’est-à-dire des villes nouvelles créées au Moyen Âge. La Couvertoirade, avec son enceinte polygonale irrégulière, en est un autre exemple caractéristique ; sa fondation fut décidée par les Templiers.

La Renaissance a aussi laissé son empreinte, à la cathédrale de Rodez, on l’a vu, mais encore dans de charmantes maisons voisines, celle d’Armagnac, la maison Benoît ou bien celle qui abrite le musée Fenaille. Le vieux palais d’Espalion, une partie du château d’Estaing, des demeures d’Entraygues appartiennent à cette époque. À partir du xviie s., il semble que la région se soit repliée sur ses trésors, qu’elle nous a précieusement conservés. Il y a bien des édifices curieux, comme la chapelle des Pénitents noirs de Villefranche-de-Rouergue (xviie s.), mais ce sont surtout le Moyen Âge et la Renaissance qui ont donné aux villes et aux villages rouergats leur caractère monumental.

A. P.

 G. Gaillard, M. M. S. Gauthier, L. Balsan et A. Surchamp, Rouergue roman (Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1963). / H. Enjalbert, Rouergue-Quercy (Arthaud, 1971).

rougeole

Maladie infectieuse aiguë, contagieuse, endémo-épidermique se manifestant par une forte éruption rouge et dont la gravité est liée au niveau de vie.


La rougeole est responsable d’une très forte mortalité infantile dans les pays en voie de développement : 10 p. 100 contre 2 p. 100 en France.

Le virus responsable de la rougeole est un paramyxovirus dont l’homme est le seul réservoir connu. La porte d’entrée est nasopharyngée ; durant l’incubation (contagiosité maximale), le virus est présent dans tout l’organisme. Il disparaît le 2e jour de l’éruption, alors qu’apparaissent les anticorps. L’immunité est totale après une rougeole.

Endémique dans les villes, épidémique dans les zones rurales, la maladie est caractéristique dans 90 p. 100 des cas. La période d’incubation dure 10 jours. Le début est souvent brutal par un malaise avec fièvre de 38 à 40 °C. L’invasion (3 jours) est dominée par un catarrhe diffus (conjonctivite, rhinite, diarrhée) avec de petits troubles du comportement. À ce stade peut s’observer le signe de Koplik, qui affirme le diagnostic (taches blanc bleuâtre, très fines, sur fond rouge [énanthème], à la face interne des joues). Ce signe disparaît avec l’apparition de l’éruption. L’éruption survient 14 jours après le contage : elle débute au cuir chevelu, derrière les oreilles, s’étend au cou, aux épaules (2e jour) à l’abdomen, aux membres inférieurs (4e jour). Faite d’éléments maculopapuleux (taches rouges légèrement saillantes) de quelques millimètres, isolés ou confluents mais avec intervalles de peau saine, elle peut avoir un aspect purpurique (tache rouge ne disparaissant pas à la pression). Le diagnostic est facile devant l’éruption chez un enfant au visage bouffi et grognon. La fièvre décroît, ainsi que le catarrhe et l’énanthème, alors que l’éruption se généralise. L’éruption s’efface alors que la fièvre disparaît (sauf s’il y a des complications infectieuses). Une desquamation fine va succéder à l’éruption. La convalescence est marquée par une fatigue persistante.

Les complications font la gravité de la rougeole. La surinfection respiratoire peut atteindre les oreilles (otite), le larynx, mais surtout le poumon (bronchite et bronchopneumonie redoutable) ; les complications bactériennes sont à distinguer des manifestations dues au virus lui-même (laryngites, pneumonies atypiques).

On peut aussi observer des complications nerveuses : mis à part les troubles métaboliques ou les convulsions hyperpyrétiques et les surinfections méningées, elles sont dominées par l’encéphalite avec convulsions, coma, signes déficitaires, anomalies biologiques et électroencéphalographiques. La guérison complète est fréquente, mais la mort est possible (15 p. 100 des cas d’encéphalite) et les séquelles psychiques s’observent dans 20 à 45 p. 100 des cas.

Les formes frustes de rougeole sont fréquentes, surtout après injection de gammaglobulines ou vaccination ancienne ou simultanée au contage, ou chez le nourrisson de moins de 6 mois.

La rougeole maligne est rare, avec syndrome hémorragique, broncho-pneumopathie suraiguë et troubles nerveux majeurs.

Certains terrains (leucémiques, agammaglobulinémie) sont un facteur de gravité, ainsi que l’association à d’autres infections (coqueluche, tuberculose).

Chez la femme enceinte, l’avortement est possible. Dans les pays en voie de développement, où les surinfections sont redoutables, on insiste particulièrement sur la kératite ulcéreuse (atteinte de la cornée) et la gingivostomatite herpétique (atteinte de la muqueuse buccale), susceptible de généralisation.

Le diagnostic, essentiellement clinique, est fondé sur le signe de Koplik et sur l’aspect de l’éruption. Dans les cas douteux, l’isolement du virus sur cultures cellulaires ou la sérologie (augmentation des taux des anticorps) donnent des résultats significatifs.

Le traitement curatif se limite à l’isolement, à la désinfection rhino-pharyngée et à la lutte contre l’hyperthermie (bains tièdes, sédatifs) dans la forme commune. Seules les surinfections bactériennes justifient l’antibiothérapie.

La séroprévention par les gammaglobulines est valable si l’injection est faite dans les 5 jours suivant le contage ; du 6e au 9e jour est obtenue une atténuation, pour des doses de 0,25 ml/kg de gammaglobuline à 16 p. 100. Cette protection disparaît à la 3e semaine. La séroprévention est valable surtout dans les collectivités.

La vaccination est possible avec des vaccins vivants suratténués (depuis 1958), assez efficaces avec séroconversion (apparition d’anticorps) dans 90 p. 100 des cas et protection acquise en quelques jours, et avec des vaccins inactivés, bien tolérés mais moins efficaces.

La vaccination, dont les résultats sont encore difficiles à interpréter, réduirait la mortalité infantile dans le tiers monde si elle était généralisée.

P. V.