Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rouault (Georges) (suite)

 L. Venturi, Georges Rouault (New York, 1940) ; Georges Rouault (Skira, Genève, 1949 ; nouv. éd., 1971). / B. Dorival, Cinq Études sur Georges Rouault (Éd. universitaires, 1957). / P. Courthion, Rouault (Flammarion, 1964). / J. Marchiori, Rouault (Bibliothèque des arts, 1965 ; nouv. éd., 1972). / P. Courthion et I. Rouault, Rouault (Flammarion, 1971). / W. George et G. Nouaille-Rouault, l’Univers de Rouault (Screpel, 1971).

Roubillac (Louis François)

Sculpteur français (Lyon 1695 - Londres 1762).


L’origine familiale de Roubillac (ou Roubiliac, ou Roubilliac) n’est pas connue, pas plus qu’on ne sait comment se révéla sa vocation ni comment il quitta sa ville natale. On le dit élève de Balthasar Permoser (1651-1732) de Dresde, sculpteur de l’Électeur de Saxe, et du Lyonnais Nicolas Coustou*. Le choix de ce dernier maître rattache Roubillac au courant rocaille, dont la dynastie Coysevox-Coustou a été le précurseur dans la sculpture française et que lui-même illustrera avec tant de brio.

Une tradition rapporte qu’il vient en Angleterre dès 1720. Peut-être a-t-il commencé son éducation à Paris avant de se fixer définitivement en Angleterre. Quoi qu’il en soit, le seul témoignage précis concernant sa formation artistique est le second prix de sculpture que lui décerne l’Académie royale de peinture et sculpture en 1730 pour un groupe Daniel sauve la chaste Suzanne comme on la condamnait à la mort. Cette distinction tardive, que Roubillac reçut à trente-cinq ans, ne lui ouvrait certes pas une carrière brillante en France ; il n’est donc pas surprenant qu’il se soit expatrié.

Roubillac est remarqué par sir Robert Walpole, Premier ministre de George II et père du chroniqueur Horace Walpole. La protection de l’homme politique lui procure diverses commandes, alors qu’il travaille sous la direction de Henry Cheere, qui dirige un important atelier de statues de jardin et exécute plusieurs tombeaux. Mais bientôt Roubillac s’établit à son compte. Son œuvre est surtout composée de bustes, de portraits en pied et de monuments funéraires, dont plusieurs à l’abbaye de Westminster. Un de ces derniers fonde sa réputation : représentant le duc d’Argyll, l’adversaire de Walpole, étendu près d’un canon, soutenu par la Renommée et entouré de plusieurs figures allégoriques, il suscita la vive admiration de Canova*.

Dans une production abondante à la chronologie encore mal établie, citons le monument du duc et de la duchesse de Montagu à Warkton (Northamptonshire), d’une magnificence forcée ; la statue de Newton à Cambridge (Trinity College), où les contemporains ont admiré, plus que la résurrection d’un génie, l’habileté du sculpteur à simuler les étoffes ; le monument de Händel à Westminster ; la statue de Shakespeare (British Museum), marbre commandé par le célèbre acteur David Garrick et daté de 1758.

Une œuvre résume les qualités et les défauts de Roubillac : le monument de lady Elizabeth Nightingale à Westminster, qui témoigne d’un surprenant goût du mouvement et du drame, desservi par une virtuosité touchant à l’indiscrétion, avec ses détails anatomiques implacables, son marbre aminci au point d’en devenir translucide, ses formes trop divisées.

Dans les années 1750, la renommée du sculpteur est sans égale en Angleterre. Pourtant, le goût du retour à l’antique commence à se répandre, et Roubillac lui-même est pris, à cinquante ans, du désir tardif de visiter l’Italie. Son voyage très rapide (en 1752) le montre indifférent à la sculpture antique de Rome, mais grand admirateur du Bernin*.

Malgré sa réputation, Roubillac laisse peu d’élèves, et, quand, en 1768 — six ans après sa mort — est fondée la Royal Academy, deux sculpteurs seulement y siègent auprès de trente-huit peintres.

Définir Roubillac comme le restaurateur de la sculpture en Angleterre est sans doute excessif, car ce pays possédait des praticiens honnêtes et avait bénéficié du passage d’artistes étrangers ; le Flamand Jan Michieil Rysbrack (1694-1770) y fit carrière. Mais Roubillac, servi par une nature fantasque et nerveuse, introduisit le « goût français », l’esprit rocaille qui casse les lignes, déchiquette les contours, accumule les motifs pleins de sinuosités et adjoint à la sculpture tout l’attirail pittoresque d’accessoires chaotiques issu de l’art décoratif.

M. L.

 K. A. Esdaile, The Life and Works of Louis François Roubillac (Oxford, 1928).

Rouen

Ch.-l. du départ. de la Seine-Maritime.


C’est la ville principale d’une agglomération de 400 000 habitants en 1975, dont les autres communes les plus importantes sont Saint-Étienne-du-Rouvray (37 327 hab.) et Sotteville-lès-Rouen (32 343 hab.), Le Grand-Quevilly (32 288 hab.), Le Petit-Quevilly (22 494 hab.), Mont-Saint-Aignan (18 064 hab.).


L’histoire de Rouen


Les origines

Rotomagus (ou Ratumagus) est le centre primitif de la peuplade des Véliocasses, qui participent à la révolte belge dès 56 av. J.-C. contre les forces du légat de César, Quintus Triturius Sabinus. La cité devient au lendemain de la conquête la capitale de la civitas des Véliocasses, puis celle de la Seconde Lyonnaise, réduite par Dioclétien au territoire de l’actuelle Normandie à la fin du iiie s. apr. J.-C. ; elle s’urbanise selon un plan quadrillé dont la rue des Carmes marque peut-être le cardo et à l’intérieur duquel s’inscrit la ville médiévale entre la rue des Fossés-Louis-VIII au nord et la rue aux Ours ou celle du Gros-Horloge au sud.

Port et entrepôt commercial déjà important au début du iiie s., point d’appui essentiel du dispositif défensif romain mis en place le long du littoral dès le début des invasions barbares au milieu du iiie s., Rouen est alors pénétrée par le christianisme et dotée d’un évêque dont le premier aurait été saint Mellon, ordonné par le pape Étienne Ier, au milieu du iiie s. Ce siège épiscopal, attesté pour la première fois en 314, est illustré à la fin du ive s. par saint Victrice († v. 410) ; celui-ci tente de faire de Rouen un centre de vie érémitique dont l’invasion vandale de 406 disperse les membres. Au cours du vie s., une colonie de Francs s’établit dans la ville, où est exilé Mérovée, le fils de Chilpéric Ier, dont le protecteur, l’évêque saint Prétextat, est assassiné en 586, en plein office dominical, par ordre de Frédégonde. Issu de la cour de Dagobert Ier, saint Ouen (évêque de 641 à 684) entreprend alors d’évangéliser ces Francs, restés fidèles au paganisme, avec le concours des nombreux établissements religieux dont il favorise la fondation dans le diocèse de Rouen (Fontenelle [auj. saint Wandrille] en 649, Jumièges vers 654, etc.). Rémi, fils de Charles Martel, archevêque de 755 à 762, fut l’un des introducteurs de la liturgie romaine en Gaule.

Résidence permanente d’un comte carolingien et temporaire des missi dominici de Charlemagne, Rouen est incendiée par les pirates normands en mai 841 et délaissée par les Carolingiens, bien qu’elle soit occupée continuellement par son évêque au ixe s.