Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Röntgen (Wilhelm Conrad)

Physicien allemand (Lennep, Rhénanie, 1845 - Munich 1923).


Röntgen passe ses années de jeunesse à Apeldoorn en Hollande, pays dont sa mère est originaire, et commence ses études au lycée d’Utrecht. Ne pouvant obtenir son baccalauréat, faute sans doute de s’être intéressé suffisamment aux langues mortes, il va entreprendre ses études supérieures à l’école cantonale de Zurich, qui n’exige pas ce diplôme. En 1868, il est reçu ingénieur mécanicien et, un an plus tard, docteur es sciences. Il continue à travailler dans cette ville, sous la direction d’August Kundt (1839-1894), et se fait connaître par une communication Sur la relation des chaleurs spécifiques de l’air (1870). Kundt l’emmène alors comme assistant à la nouvelle université allemande de Strasbourg (1876). En 1879, il enseigne la physique à Giessen, puis, en 1888, il est nommé professeur titulaire à l’université Julius Maximilian de Würzburg et en devient le recteur six ans plus tard. En 1900, alors que sa notoriété s’est établie, il obtient la chaire de physique de l’université Ludwig Maximilian à Munich et y prend la direction du nouvel institut de physique.

Au cours de ses premières recherches, Röntgen découvre la biréfringence des liquides soumis à un champ électrique. Puis il montre en 1885 que le mouvement d’un diélectrique polarisé produit les mêmes effets magnétiques qu’un courant. Mais c’est en 1895 que se situe la découverte qui va l’immortaliser.

À ce moment, il porte son attention sur les rayons cathodiques, objets de récents travaux de Crookes* et de J. W. Hittorf, de Hertz* et de P. Lenard. Il observe que, chaque fois que le courant passe dans un tube de Crookes, qu’il a entouré de carton noir pour éviter tout effet lumineux, des cristaux de platinocyanure de baryum, placés à quelque distance du tube, présentent une vive fluorescence. Preuve évidente qu’émane du tube un rayonnement obscur de nature inconnue.

Pour élucider ce phénomène, qui accapare toute sa pensée, Röntgen ne veut plus quitter son laboratoire, où il va, pendant plusieurs semaines, prendre ses repas et dormir. Ces rayons que n’arrêtent pas les corps opaques à la lumière, Röntgen montre qu’ils se propagent en ligne droite, qu’ils ne peuvent être réfléchis ni réfractés, que les champs électriques ou magnétiques sont sans action sur eux. Il étudie leur pouvoir de pénétration dans la matière et observe qu’ils provoquent une ionisation de l’air. Et le modeste Röntgen ne les baptise pas de son nom, mais il les désigne par la lettre X, qui, en algèbre, représente l’inconnue.

L’écran fluorescent fait vite place à la plaque photographique, et Röntgen obtient sur celle-ci d’étonnantes images, notamment celle, célèbre, qui montre la main désincarnée et squelettique de sa femme.

Cette découverte, qu’il annonce dans un premier mémoire : Sur une nouvelle variété de rayons, a aussitôt un profond retentissement. L’intérêt des savants est d’autant plus vif qu’un matériel très courant permet de répéter les expériences. Et ces photographies de l’invisible excitent la curiosité des profanes. Immédiatement apparaissent les applications biologiques et médicales, qui ne cesseront depuis lors de se développer. Et, dans l’ordre des sciences physiques, la découverte des rayons X va bientôt entraîner celle de la radioactivité* et, par voie de conséquence, ouvrir plus tard le monde de l’atome et de l’énergie nucléaire.

Aussi Röntgen devient-il, en 1901, le premier détenteur du prix Nobel de physique.

R. T.

➙ Radiations / Radiologie.

 O. Glasser, Wilhelm Conrad Röntgen und die Geschichte der Röntgenstrahlen (Berlin, 1931 ; nouv. éd., 1959). / J. Nicolle, Wilhelm Conrad Röntgen et l’ère des rayons X (Seghers, 1965).

Roosevelt (Theodore)

Homme d’État américain (New York 1858 - Oyster Bay, État de New York, 1919).


Né dans un milieu aisé, il fait ses études de droit à Harvard où il se distingue par sa maturité. Pourtant, de toute évidence, la carrière juridique ne l’intéresse pas ; il se passionne en revanche, et restera passionné, pour l’histoire : il écrit The Naval War of 1812 (la Guerre navale de 1812, publiée en 1882). Il se tourne aussi vers la politique, non point pour accepter le statu quo, mais pour donner libre cours à sa générosité, pour exercer sa volonté de changement dans l’ordre. C’est un praticien qui s’assigne une mission sociale et méprise les hommes d’argent : « Les classes commerçantes, écrit-il, n’ont que trop tendance à considérer toutes choses en se demandant uniquement : est-ce rentable ? Et plus d’un marchand ne participe pas à la politique parce qu’il est dénué de perspicacité au point de penser qu’il lui sera plus profitable de s’occuper seulement de gagner de l’argent et trop égoïste pour s’imposer des contraintes au nom d’un devoir abstrait. »

Aussi se fait-il élire, comme républicain, à la Chambre des représentants de l’État de New York ; il y siège deux ans (1882-1884). Insatisfait, il décide alors de partir pour l’Ouest, en un temps où les guerres indiennes viennent à peine de prendre fin. Il s’installe dans un ranch du Dakota, mène la vie rude des cow-boys et trouve le temps d’écrire des ouvrages historiques. De son séjour dans l’Ouest, il tirera des souvenirs qui paraîtront de 1889 à 1896 sous le titre The Winning of the West (la Conquête de l’Ouest). Son caractère est désormais formé et ne changera plus. Theodore Roosevelt aime l’effort physique, la boxe, la chasse, la guerre, bref, l’action. Qu’importe ses propres faiblesses, sa mauvaise vue ou sa santé quelquefois chancelante ! Il faut être « viril », « dominateur ». S’imposer à autrui, voilà l’objectif primordial. La même conception se manifeste dans la pensée politique : les États-Unis ont le meilleur des régimes politiques, s’il est du moins débarrassé de ses éléments impurs ; ils ont aussi besoin de débouchés économiques, qu’ils trouveront dans les Antilles et sur l’ensemble du continent américain. Roosevelt est un nationaliste intransigeant, pour qui le moralisme ou l’idéalisme symbolisent la faiblesse et le refus des vertus viriles. Farouche partisan de l’impérialisme et du réalisme, il ne tardera pas à bousculer les hésitations des hommes d’affaires et refusera de laisser son pays à la remorque de la Grande-Bretagne.