Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rome (suite)

Après la Seconde Guerre mondiale, le rythme de la construction s’accélère, tandis que, pour accueillir les pèlerins de l’Année sainte (1950) et les sportifs des jeux Olympiques (1960), de grands travaux sont entrepris. Au sud, la zone de l’Exposition est terminée avec la mise en place d’un ensemble sportif, par l’ouverture d’une ligne de métro EUR-stazione Termini, que prolonge la voie ferrée jusqu’à Ostie, et par l’ouverture de la via Cristoforo Colombo. Le raccordement annulaire autoroutier est mis en place. L’aménagement de l’aéroport de Fiumicino débute. Parallèlement, on multiplie les constructions, avec apparition de grands ensembles, et l’on assainit les borgate. En 1962, un nouveau plan tente de maîtriser la croissance urbaine, qui se fait le long des routes consulaires, mais qui présente un tissu urbain continu jusqu’à 10 km des portes de Rome, suivant le Tibre et gravissant les collines.


La population

Cet essor urbain est le reflet de l’accroissement démographique. De 210 000 habitants en 1870, Rome est passée à environ 650 000 habitants en 1920, à 1 400 000 en 1940, à 2 200 000 en 1960 et à plus de 3 millions aujourd’hui. De 1960 à 1970, elle s’est accrue de plus de 700 000 personnes ; cette augmentation est due, à parts à peu près égales, à l’excédent naturel et au solde positif des mouvements migratoires. Le nombre des clandestins, qui a toujours été notable, a tendance à baisser. La variation naturelle fortement positive est liée à une natalité assez élevée (18 p. 1 000) face à une mortalité faible (7,4 p. 1 000). Cela est en partie la conséquence de l’arrivée de jeunes immigrés dans la ville. En effet, si la capitale attire des fonctionnaires et nombre d’étrangers, il reste que la grande masse des arrivées est le fait de travailleurs quittant les terres du sud de l’Italie et qui cherchent un emploi dans la grande ville. Sur une moyenne de quinze ans, on relève que le quart des arrivées est en provenance du Latium et le tiers de l’Italie méridionale et insulaire. Les colonies étrangères sont nombreuses grâce aux missions diplomatiques auprès du Quirinal et du Vatican, aux 3 500 fonctionnaires de la F. A. O. (Food and Agriculture Organization) et aux nombreuses congrégations et universités religieuses. Globalement, cependant, cette population commence à accuser une tendance au vieillissement. Elle est également caractéristique par le faible taux d’activité, qui est dû à la prolongation de la scolarité, à la diminution de l’âge de la retraite, mais aussi à la relative rareté des emplois, à la persistance d’un taux de chômage élevé, se situant à deux niveaux, celui des personnes diplômées et celui des manœuvres.


Les fonctions

La population active n’atteint pas un million d’unités. Près des deux tiers (586 000) se consacrent à des activités tertiaires, quelque 14 000 personnes restent fidèles à l’agriculture, et le reste (330 000) travaille dans l’industrie.

L’écrasante fonction tertiaire s’explique aisément par le rôle national et international de Rome. Il y a d’abord le poids énorme des administrations (presque 200 000 emplois). Outre le Vatican, se juxtaposent ici les services municipaux, provinciaux et régionaux, les ministères, les instances politiques, les ambassades, des organisations internationales comme la F. A. O. La rareté de l’emploi a souvent engendré des effectifs pléthoriques dans l’Administration. Un fort groupe d’emplois est procuré ensuite par les sièges sociaux des sociétés et les institutions financières. On assiste en effet à un certain glissement des centres de gestion vers Rome, les entreprises désirant se trouver près des organes de décision gouvernementaux. Le secteur commercial est très développé ; la croissance rapide des supermarchés fait bon ménage avec une multitude de petits commerces destinés à la clientèle locale comme aux touristes.

La fonction culturelle est importante. Elle se marque en premier lieu par le rôle universitaire. Près de 70 000 étudiants se pressent dans quatorze facultés. Une université libre (catholique) existe pour l’enseignement de la médecine. Il y a aussi les célèbres athénées pontificaux, fréquentés par plus de 5 000 religieux ; l’université grégorienne est la plus connue avec ses huit facultés, suivie par l’athénée du Latran (quatre facultés) et l’athénée « Angelicum » (quatre facultés). Des instituts spécialisés étrangers se consacrent aux recherches historiques et archéologiques (l’École française de Rome par exemple). Les bibliothèques romaines sont renommées : la Bibliothèque nationale de Rome et la Bibliothèque vaticane, qui possède la plus importante collection du monde de manuscrits grecs et latins (plus de 60 000). Ce rôle universitaire se prolonge par un équipement remarquable en musées, en sites archéologiques et artistiques.

Cela est à l’origine d’un tourisme culturel et cultuel considérable. Il y a environ 1 000 établissements hôteliers à Rome et le nombre de clients dépasse 3,5 millions par an (plus de 10 millions de nuitées), plus de 10 p. 100 du mouvement italien total. En fait, ce chiffre est en dessous de la réalité, car il ne tient pas compte des campings et des nombreuses pensions religieuses. Depuis quelques années, le nombre des visiteurs étrangers se stabilise (parmi eux, les plus nombreux sont les Américains, les Anglais, les Français et les Allemands), tandis que la clientèle nationale est en rapide progression. À ce tourisme classique s’ajoute le tourisme balnéaire à Ostie.

La conjonction de toutes ces activités suppose un gros équipement de transports (plus de 70 000 emplois). La ville est un gros nœud routier avec la convergence des routes consulaires et le raccord autoroutier annulaire. Un ensemble de gares ferroviaires, dont la stazione Termini est la principale, en font un carrefour ferroviaire. Trois ports, Anzio, Civitavecchia et Fiumicino, desservent Rome et son arrière-pays. Enfin, Rome est une escale fondamentale pour le trafic aérien. L’aéroport de Ciampino est doublé depuis 1960 par l’aéroport Léonard-de-Vinci à Fiumicino, à une trentaine de kilomètres de Rome ; ce dernier aéroport a un mouvement de passagers supérieur à 5 millions par an.