Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rochelle (La)

Ch.-l. de la Charente-Maritime ; 81 884 hab. (Rochelais).



La géographie

La Rochelle est la principale ville de la côte atlantique française entre la Loire et la Gironde et une des grandes villes de Poitou-Charentes. Vieille cité historique, elle est le cœur d’une agglomération de plus de 100 000 habitants qui s’étire en une sorte d’arc de cercle très tendu sur la vingtaine de kilomètres qui séparent Aytré, au sud-est, de La Pallice, à l’ouest.

L’agglomération s’ordonne autour de la baie comprise entre la pointe des Minimes au sud et la pointe de Chef de Baie au nord, baie au fond de laquelle débouche le canal de Marans et se jette le petit ruisseau qui sinue au milieu du parc Charruyer. Elle s’étale sur les bas plateaux calcaires d’Aunis en bordure d’une côte rocheuse à basses falaises (une dizaine de mètres d’altitude). Sa continuité est interrompue par de courtes vallées, plus ou moins remblayées par les formations postflandriennes, ainsi que par des marais où l’on récoltait autrefois le sel gemme (marais de Vaugouin entre La Rochelle et La Pallice, marais de Tasdon au sud-est de la ville). Une voie express, récemment ouverte de La Pallice à Aytré, souligne à peu près la limite extérieure de l’agglomération.

La vieille ville est le cœur de cette dernière. Elle s’inscrit dans un périmètre matérialisé jusqu’en 1913 par des fortifications édifiées par Vauban. Un réseau assez dense de rues, grossièrement orthogonales, quadrille cette vieille ville, qui abrite, souvent dans de remarquables hôtels du xviie s., les services administratifs départementaux et qui offre aux visiteurs une foule de constructions des xvie et xviie s. À l’ouest de la rue du Palais sont essentiellement des demeures aristocratiques, dans un paysage urbain assez aéré. L’est a toujours accueilli, le long de ses rues étroites, les activités commerciales, notamment le commerce de détail ; la densité des constructions y est très forte. Cette vieille ville fait face au vieux havre d’échouage, le port historique, qui est lui-même flanqué de grands bassins accueillant la flottille de pêche et bordés par le hall de criée. Sur l’emplacement des anciens glacis ont été construites des casernes (au nord) et a été aménagé un vaste parc (parc Charruyer à l’ouest) ; la voie ferrée de La Pallice se glisse dans cet espace libre, renforçant ainsi la solution de continuité à l’intérieur de la ville.

La banlieue a poussé dans toutes les directions. Au sud du port et de la gare, elle s’étire entre le marais de Tasdon, que longent la route de Bordeaux et la voie ferrée menant à cette ville : Tasdon, la Courbe et Aytré, à l’entrée de laquelle se trouve la puissante usine de matériel ferroviaire Brissonneau et Lotz. À l’est, elle se développe, depuis quelques années, au sud du canal de Marans, où se trouve l’usine de Chrysler-France (Simca), et au nord sur la route de Paris, où a été aménagé un très puissant ensemble commercial. Au nord, elle s’étale largement sur le plateau calcaire. Mais nulle part la poussée n’a été aussi forte qu’en direction de l’ouest. Au-delà du parc Charruyer, des quartiers résidentiels, dont certains déjà anciens, se sont étendus en conquérant tout l’espace compris entre la voie ferrée de La Pallice et la baie : quartiers aisés en arrière de la belle promenade maritime du Mail, quartiers plus modernes à l’ouest (cité du Port Neuf). Au-delà du marais de Vaugouin, l’espace urbain est bien moins organisé. Au nord de la route de La Pallice et du bassin à flot, formes d’habitat ancien, cités résidentielles, immeubles modernes et usines sont imbriqués. Au sud, de grands établissements industriels se dressent au milieu d’une campagne encore très peu urbanisée. L’avant-port de La Pallice et le môle d’escale ont été aménagés à l’extrémité occidentale de l’agglomération.

Le développement de la ville a toujours été lié à la fortune du port ; celui-ci est favorisé par de bonnes conditions nautiques (fonds de 10 m à proximité du rivage, pas d’envasement, protection des îles contre les fortes houles), mais il est handicapé par la proximité de Nantes et de Bordeaux et par l’insuffisance des liaisons avec un arrière-pays surtout agricole. À La Rochelle même, la navigation de plaisance anime le vieux port ; malgré la modernisation de la flottille, le port de pêche n’est plus que le sixième de France (14 600 t). Le trafic commercial (3 112 000 t) ainsi que le mouvement des passagers vers Ré (188 000) animent La Pallice ; ils sont effectués autour du bassin à flot et de l’avant-port creusés de 1881 à 1891, et du môle d’accostage construit à 1 130 m de la côte, de 1930 à 1935. Produits pétroliers et bois exotiques à l’arrivée (de 75 à 80 p. 100 du trafic), céréales à la sortie sont les pièces maîtresses d’un trafic surtout fait avec la C. E. E. et les États de la zone franc.

Longtemps prédominante, la fonction portuaire tend à s’effacer devant les autres activités. Certes, La Rochelle n’est pas une grande ville industrielle, et certaines de ses industries, notamment celles qui sont liées à la pêche, sont dans une situation délicate. Plus dynamiques sont les industries liées à l’importation (travail des bois, engrais) et certaines activités de main-d’œuvre (chemiserie). Mais les emplois les plus nombreux sont offerts par la métallurgie de transformation, qu’elle soit ancienne (construction navale), apparue après 1920 (matériel ferroviaire) ou fruit d’une décentralisation récente (automobile). Très actives sont aussi les fonctions tertiaires : rayonnement commercial (puissantes coopératives), fonction culturelle, avec embryon de fonction universitaire (I. U. T.). La Rochelle espère ravir à Poitiers la fonction de capitale régionale : son dynamisme et sa position moins excentrique que celle de sa rivale la favorisent dans cette voie.

S. L.


L’histoire

Rochella (ou Rupella) est mentionnée pour la première fois dans un acte du duc d’Aquitaine Guillaume III Tête d’Étoupe (xe s.).

Au xiie s., un autre duc d’Aquitaine, ayant vaincu un de ses vassaux, le baron de Châtelaillon, et rasé sa capitale, décide de faire de la cité la principale ville de l’Aunis. Un fort est construit et une charte communale accordée aux habitants. La ville prend vite de l’importance.

Après le remariage (1152) d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II Plantagenêt, La Rochelle devient anglaise et bénéficie de nouvelles franchises. Une oligarchie municipale puissante, élue à titre viager, gouverne la cité ; le maire qui en est le chef souverain est, lui, renouvelé tous les ans.