Robert le Sage (suite)
La fin du règne
N’intervenant plus dans les conflits de l’Italie du Nord et de l’Italie centrale, Robert de Naples en est néanmoins victime. Ainsi perd-il en 1335 la seigneurie de Gênes, qui chasse les chefs guelfes, mais à laquelle il enlève pourtant Vintimille le 25 mai ; de même il ne peut empêcher le soulèvement d’Asti, qui chasse ses partisans en 1339 et qui se donne au Milanais Luchino Visconti en 1342. Par ailleurs, il commet l’erreur de refuser d’acheter à Humbert II le Dauphiné, dont la possession lui aurait permis de consolider l’ensemble de ses possessions occidentales : Provence et Piémont. Il se montre incapable de mener à bien la reconquête de la Sicile malgré une minutieuse préparation d’expéditions, qui se transforment en raids de pillages, lui aliénant alors les populations siciliennes. Il se heurte par ailleurs à la mauvaise volonté de ses alliés italiens : celle de Pise, qui se soustrait à l’obligation d’engager dix galères dans les expéditions contre la Sicile ; celle de Venise, dont les marchands combattent les siens en mer ; celle de Florence, enfin, qui se rapproche de Louis de Bavière après avoir sollicité en vain son aide contre les Pisans qui assiègent Lucques, que la seigneurie a achetée le 7 août 1341. Retirant alors précipitamment leurs capitaux des banques florentines, les déposants angevins provoquent la faillite de celles-ci.
Robert de Naples, privé de l’alliance de Florence, hostile à la tutelle pontificale, lègue donc un royaume affaibli à sa petite-fille Jeanne Ire, que son testament du 16 janvier 1343 place jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans sous l’autorité d’un conseil de régence présidé par la reine Sancia et dont sont exclus les Angevins de Tarente et de Durazzo. Entré dans l’ordre de Saint-François le 2 janvier, il peut alors mourir dans la paix, entouré des spirituels auxquels il avait été très attaché pendant toute sa vie.
P. T.
➙ Florence / Guelfes et gibelins / Italie / Marseille / Milan / Naples / Provence / Savoie / Sicile / Toscane / Visconti.
G. Yver, le Commerce et les marchands dans l’Italie méridionale au xiiie et au xive siècle (Fontemoing, 1903). / R. Caggese, Roberto d’Angio e i suoi tempi (Florence, 1922-1930 ; 2 vol.). / E. G. Léonard, les Angevins de Naples (P. U. F., 1954).