rivage (suite)
• Végétation traçante à base de Carex (Cypéracées) et d’Oyats (Graminacées) sur dunes et cordons littoraux, flanquée
du côté de la mer (haut de plage) :
— dans nos régions, par des plantes plus ou moins épineuses, notamment des Chardons (Eryngium) ;
— en régions chaudes, par des plantes plus ou moins charnues, notamment des Liserons (Ipomœa) ;
du côté de la terre :
— dans nos régions, par des bois de Pins spontanés ou artificiels ;
— en régions chaudes, par des peuplements de cocotiers relevant également de ces deux origines.
• Végétation crassulescente à base de Salicornes (Salsolacées) et de Statices (Plombaginacées) sur marais côtiers (communautés du type shore). Ce sont ces formations qui, drainées et consolidées, conduisent aux polders. En régions intertropicales, les shores font souvent place à la mangrove, extraordinaire complexe tissé sur une trame de Palétuviers.
Toutes les plantes de rivage baignent dans un environnement salé, le sel étant apporté soit directement par imbibition du substrat, soit indirectement par aérosols (embruns). De là découle une adaptation générale de la végétation à la déshydratation, qui se traduit, au-delà des quelques exemples que nous venons de noter, par une convergence souvent remarquée avec les associations xérophytiques de plaine, voire de haute montagne.
La faune des rivages présente habituellement une version appauvrie de la faune de l’arrière-pays, mais avec, en contrepartie, quelques caractères propres particulièrement spectaculaires. Ces caractères concernent les Vertébrés. Dans aucun autre milieu, les peuplements n’atteignent des densités aussi élevées que celles qui sont temporairement observées au moment de la reproduction sur les points de rassemblement des Pinnipèdes (Phoques et surtout Otaries) et de certains Oiseaux (quatre nids au mètre carré dans les sites à guano ; individus en foule compacte dans les rookeries de Manchots). Même en dehors de ces périodes privilégiées, les Oiseaux restent nombreux dans les bandes côtières, habitat d’élection pour tout un groupe d’oiseaux pêcheurs et de limicoles : Columbiformes (Plongeons, Grèbes), Alciformes (Pingouins, Guillemots, Macareux), Procellariiformes (Pétrels, Puffins, Fulmars), Lariformes (Mouettes, Goélands, Sternes), Charadriiformes (Huîtriers, Pluviers, Courlis, Bécasseaux, Chevaliers), Ansériformes (Canards, Eiders, Macreuses, Harles), Pélécaniformes (Cormorans, Fous, Pélicans). Chaque espèce occupe une niche écologique parfaitement définie, et l’ensemble, partant de bases terrestres à peu près permanentes, exploite de façon systématique tous les milieux environnants, notamment le milieu marin.
C’est aussi pour exploiter la mer que l’Homme a pris depuis longtemps contact avec les rivages. On y retrouve ses traces dès l’aube du Néolithique sous forme d’amas de coquillages consommés sur place (kjökkenmöddinger, mot danois signifiant « amas de débris de cuisine »). Puis les temps historiques l’ont vu coloniser la grande majorité des zones abritées pour en faire les plates-formes ou les camps retranchés de ses principales activités marines (pêche, commerce international, guerre). De là sont nés les ports d’estuaires et de fonds de baies. Mais ces temps sont maintenant révolus. Toutes les régions côtières sont, au moins en pays développés, investies ou sous menace d’investissement. Se pose donc la question non seulement de leur protection et de leur aménagement techniques, mais aussi de leur protection et de leur aménagement juridiques, les intérêts en cause étant souvent contradictoires. Ignorés ou négligés il y a moins d’un demi-siècle, les problèmes relatifs aux rivages se pressent de plus en plus nombreux aux portes de l’actualité.
E. P.
➙ Littoral.
A. Kosh, Que trouve-t-on au bord de la mer ? (Nathan, 1939). / C. M. Yonge, The Sea Shore (Londres, 1949 ; nouv. éd., 1966). / J. M. Pérès, Océanographie biologique et biologie marine t. I : la Vie benthique (P. U. F., 1963). / F. Ottmann, Introduction à la géologie marine et littorale (Masson, 1965). / R. Dajoz, Précis d’écologie (Dunod, 1970).