Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

rivage (suite)

• Végétation traçante à base de Carex (Cypéracées) et d’Oyats (Graminacées) sur dunes et cordons littoraux, flanquée
du côté de la mer (haut de plage) :
— dans nos régions, par des plantes plus ou moins épineuses, notamment des Chardons (Eryngium) ;
— en régions chaudes, par des plantes plus ou moins charnues, notamment des Liserons (Ipomœa) ;
du côté de la terre :
— dans nos régions, par des bois de Pins spontanés ou artificiels ;
— en régions chaudes, par des peuplements de cocotiers relevant également de ces deux origines.

• Végétation crassulescente à base de Salicornes (Salsolacées) et de Statices (Plombaginacées) sur marais côtiers (communautés du type shore). Ce sont ces formations qui, drainées et consolidées, conduisent aux polders. En régions intertropicales, les shores font souvent place à la mangrove, extraordinaire complexe tissé sur une trame de Palétuviers.

Toutes les plantes de rivage baignent dans un environnement salé, le sel étant apporté soit directement par imbibition du substrat, soit indirectement par aérosols (embruns). De là découle une adaptation générale de la végétation à la déshydratation, qui se traduit, au-delà des quelques exemples que nous venons de noter, par une convergence souvent remarquée avec les associations xérophytiques de plaine, voire de haute montagne.

La faune des rivages présente habituellement une version appauvrie de la faune de l’arrière-pays, mais avec, en contrepartie, quelques caractères propres particulièrement spectaculaires. Ces caractères concernent les Vertébrés. Dans aucun autre milieu, les peuplements n’atteignent des densités aussi élevées que celles qui sont temporairement observées au moment de la reproduction sur les points de rassemblement des Pinnipèdes (Phoques et surtout Otaries) et de certains Oiseaux (quatre nids au mètre carré dans les sites à guano ; individus en foule compacte dans les rookeries de Manchots). Même en dehors de ces périodes privilégiées, les Oiseaux restent nombreux dans les bandes côtières, habitat d’élection pour tout un groupe d’oiseaux pêcheurs et de limicoles : Columbiformes (Plongeons, Grèbes), Alciformes (Pingouins, Guillemots, Macareux), Procellariiformes (Pétrels, Puffins, Fulmars), Lariformes (Mouettes, Goélands, Sternes), Charadriiformes (Huîtriers, Pluviers, Courlis, Bécasseaux, Chevaliers), Ansériformes (Canards, Eiders, Macreuses, Harles), Pélécaniformes (Cormorans, Fous, Pélicans). Chaque espèce occupe une niche écologique parfaitement définie, et l’ensemble, partant de bases terrestres à peu près permanentes, exploite de façon systématique tous les milieux environnants, notamment le milieu marin.

C’est aussi pour exploiter la mer que l’Homme a pris depuis longtemps contact avec les rivages. On y retrouve ses traces dès l’aube du Néolithique sous forme d’amas de coquillages consommés sur place (kjökkenmöddinger, mot danois signifiant « amas de débris de cuisine »). Puis les temps historiques l’ont vu coloniser la grande majorité des zones abritées pour en faire les plates-formes ou les camps retranchés de ses principales activités marines (pêche, commerce international, guerre). De là sont nés les ports d’estuaires et de fonds de baies. Mais ces temps sont maintenant révolus. Toutes les régions côtières sont, au moins en pays développés, investies ou sous menace d’investissement. Se pose donc la question non seulement de leur protection et de leur aménagement techniques, mais aussi de leur protection et de leur aménagement juridiques, les intérêts en cause étant souvent contradictoires. Ignorés ou négligés il y a moins d’un demi-siècle, les problèmes relatifs aux rivages se pressent de plus en plus nombreux aux portes de l’actualité.

E. P.

➙ Littoral.

 A. Kosh, Que trouve-t-on au bord de la mer ? (Nathan, 1939). / C. M. Yonge, The Sea Shore (Londres, 1949 ; nouv. éd., 1966). / J. M. Pérès, Océanographie biologique et biologie marine t. I : la Vie benthique (P. U. F., 1963). / F. Ottmann, Introduction à la géologie marine et littorale (Masson, 1965). / R. Dajoz, Précis d’écologie (Dunod, 1970).

Roanne

Ch.-l. d’arrond. du départ. de la Loire* ; 56 498 hab. (près de 85 000 dans l’agglomération).


La ville est située au centre de la plaine à laquelle elle a donné son nom. Au sortir du défilé du seuil de Neulise, la Loire se déploie largement dans un fossé entre le bloc des monts de la Madeleine à l’ouest et le Lyonnais à l’est. Au nord, la plaine de Roanne est ouverte sur le Bourbonnais. La cité est très ancienne, mais son autonomie ne date que du xiie s., époque à laquelle les comtes du Forez l’érigèrent en seigneurie (le donjon de la forteresse témoigne encore aujourd’hui de cette période). Bien qu’annexée très tôt au système de la « fabrique » lyonnaise, pour laquelle elle travaille la soie et le coton, la ville restera longtemps modeste. À partir de 1838, elle s’ouvre à l’industrie, influencée par l’essor de la région stéphanoise, mais aussi favorisée par une position de centre par rapport aux régions minières et métallurgiques de même vocation qui l’entourent (Saint-Étienne, Montceau-les-Mines, Le Creusot, Moulins) et par l’ouverture du canal latéral à la Loire (canal de Roanne à Digoin). Grâce à la diversification industrielle et à l’ouverture au nord, elle peut prendre son indépendance à l’égard de Lyon, indépendance accentuée à compter de 1870 par la découverte et la mise en fabrication du tissu dit « Vichy ».

Une vieille tradition est représentée par la navigation sur la Loire : on y descend les bois du Massif central, les vins du Forez et le charbon de Saint-Étienne. Le trafic portuaire, inférieur à 150 000 t, est, cependant, devenu résiduel, et la fermeture du canal est envisagée dans un très proche avenir. C’est que, sur le plan des axes de communication, Roanne dispose de deux atouts majeurs : la R. N. 7 et la R. N. 82. La R. N. 7, qui joint Paris à Marseille par Lyon, conserve malgré l’autoroute un impressionnant trafic, principalement représenté par des poids lourds, pour lesquels Roanne est l’étape majeure entre Paris et la Méditerranée : d’intéressantes retombées économiques, mais aussi de graves problèmes de circulation intra-muros en résultent pour la ville. La R. N. 82, divergeant de la R. N. 7 à la sortie de Roanne, se dirige vers Saint-Étienne.