Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Riga (suite)

Riga est également une ville industrielle. Ses usines sont ravitaillées par l’énergie hydraulique de plusieurs centrales établies sur la Dvina occidentale et ses affluents. Au-delà du port, dans l’ouest de l’agglomération, se sont établies des manufactures de textiles (lin, soie, coton importés), des usines de bois et de cellulose (la fabrication du papier représentant le tiers de la valeur de la production industrielle de la ville), de construction de tramways, d’appareils électroménagers, de téléphones et de radios, des industries alimentaires, qui transforment les produits de la pêche et les légumes de la belle plaine marécageuse, mais asséchée de Ielgava. Sur l’ensemble du littoral n’existe, jusqu’à présent, que le port de Riga. Le trafic doit avoisiner de 8 à 10 Mt (surtout des importations). Riga reste une ville d’avenir, en rapport avec l’ouverture de l’U. R. S. S. vers la Baltique et l’Occident.

A. B.

➙ Lettonie.

Rigaud (Hyacinthe)

Peintre français (Perpignan 1659 - Paris 1743).


Hyacinthe Rigau y Ros, dit Rigaud, était le fils d’un tailleur, mais un de ses grands-oncles avait pratiqué la peinture, et l’on a supposé que le futur « peintre des rois » a pu devoir à ce parent, qui possédait une importante collection de livres et de gravures, ses premières leçons d’art. Il alla en prendre ensuite à Montpellier, en 1673, dans l’atelier d’Antoine Ranc (1634-1716), savant professeur de dessin et admirateur de Van Dyck*. À partir de 1677, Hyacinthe Rigaud habita Lyon, où il acquit des connaissances générales. En 1681, à Paris, il fut reçu à l’école de l’Académie royale, où il obtint en 1682 le premier prix de peinture pour un tableau d’histoire, Caïn bâtissant la ville d’Henoch. Ce prix lui donnait droit à une pension et à un séjour à Rome ; mais Charles Le Brun* lui conseilla de ne pas quitter la France et d’abandonner l’histoire pour le portrait, genre dans lequel il se montrait déjà supérieurement doué. Rigaud fut agréé à l’Académie en 1685, y fut reçu académicien en 1687 comme portraitiste, en 1700 comme peintre d’histoire et de portrait ; il y sera nommé professeur en 1710 et en deviendra le recteur en 1733 après avoir reçu le titre de peintre ou roi, de Louis XIV en 1694 et de Louis XV en 1727.

Il a commencé par peindre, comme Largillière*, des bourgeois aisés avant de faire une carrière officielle très brillante à partir de 1688, date d’un portrait de Monsieur, frère du roi, qui remporta un grand succès. Suivirent les portraits des membres de la famille royale, des hauts personnages de la Cour, de Louis XIV lui-même et, plus tard, de Louis XV. Il fallait avoir été portraituré par Rigaud pour se donner à soi-même l’assurance de demeurer glorieux dans la postérité, que l’on soit diplomate ou savant, homme d’Église, de guerre ou de lettres. De 1690 à 1720, sa vogue lui valut d’avoir à produire de trente à quarante portraits annuellement, le plus souvent de grand format et caractérisés non pas seulement par la majesté ou la dignité des figures, mais aussi par de somptueux arrangements de draperies, de consoles, de tout un mobilier représentatif du luxe de la classe dominante. En dépit de tant de travaux, dont certains lui furent imposés, sans doute, par la nécessité mondaine ou l’appât du gain (il amassa une fortune considérable), Rigaud, aidé d’un important atelier, n’a rien laissé qui paraisse expédié à la hâte.

Il a su ne pas s’abandonner sans réserve à l’influence de Le Brun. Certes, il a sans doute partagé le goût de la haute société de son temps pour l’ostentation et la pompe, mais il a collectionné des peintures de Rembrandt* — ce qui corrobore son propre penchant à exprimer la vérité individuelle et la vie intérieure. En témoignent ses meilleurs portraits, fort éloignés déjà de la froide et comme intemporelle perfection classique. Les éclairages y sont plus naturels que théâtraux et les tons chauds, les transparences, les glacis à la Rubens, çà et là des effets de pâte savoureusement sensuels font de Hyacinthe Rigaud un grand artiste de transition entre le xviie et le xviiie s.

Du Louvre à Moscou et à New York, de Versailles à Perpignan, de Caen à Dijon, plus de soixante musées conservent de ses œuvres. Son célèbre portrait en pied de Louis XIV, de 1701, est au Louvre, de même que celui de Bossuet*, à côte du double portrait de Le Brun et Pierre Mignard et du double portrait, plus intime, de sa mère.

M. G.

 H. Soulange-Bodin, Rigaud et ses graveurs (Émile-Paul, 1914). / J. Roman, le Livre de raison du peintre Hyacinthe Rigaud (Laurens, 1919).

Rijeka

Principal port de Yougoslavie, en Croatie ; 133 000 hab.


Les premières traces archéologiques reconnues sur l’emplacement de Rijeka appartiennent à la civilisation illyrico-celtique. Sous l’occupation romaine, la cité prend le nom de Tarsatica, puis le flot slave submerge le pays, et la ville est, dès lors, désignée tour à tour sous le nom croate de Rijeka, sous le nom allemand de Sankt-Veit-am-Flaum et sous le nom italien de Fiume.

En 1466, elle passe sous la domination autrichienne, mais obtient dès 1530 un statut qui lui garantit une relative indépendance. Au début du xvie s., elle a beaucoup à souffrir de l’hostilité de Venise, qui voit en elle une rivale, puis elle est en bulle aux agressions des pirates uskoks de Dalmatie. Mais ensuite une ère de prospérité et de tranquillité s’ouvre pour elle.

L’empereur Charles VI (1711-1740) fonde la politique économique de l’Autriche sur le commerce de mer, qui favorise l’expansion de Trieste* et de Rijeka : ce dernier port devient le débouché maritime de la Hongrie. Deux événements importants confirment cette vocation : la proclamation, en 1719, de la ville comme port franc et la construction d’une route qui, à travers le Karst, la relie aux possessions des Habsbourg.

Rijeka, durant toute cette époque, garde son autonomie ; c’est ce qui explique ses protestations lorsqu’en 1776 l’impératrice Marie-Thérèse veut l’annexer à la Hongrie par l’intermédiaire de son union avec la Croatie. L’opposition des habitants est telle que, le 26 avril 1779, l’impératrice rattache directement la ville à la couronne de Hongrie en tant que Corpus separatum.