Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rhône-Alpes (suite)

Les basses terres forment un quadrillage de vallées et de piedmonts. La direction méridienne comporte trois vallées : le bassin du Forez, l’axe Saône-Rhône, le cours supérieur du Rhône et les vallées jurassiennes, relayées au sud-est par le sillon alpin. Les éléments transversaux regroupent les vallées qui coupent le rebord oriental du Massif central, les cluses préalpines (Bonneville, Annecy, Chambéry, Voreppe), prolongées par les grandes vallées alpines (vallée de Chamonix, Tarentaise, Maurienne). Les deux piedmonts, encombrés de dépôts glaciaires et délimités par ce quadrillage, sont de taille très inégale : au nord, la Dombe et, au sud, le vaste Dauphiné. Dans l’ensemble, ces basses terres bénéficient d’une position d’abri qui prend rapidement une allure méditerranéenne dans la vallée du Rhône, balayée par le mistral.


Le potentiel économique

Politiquement, la Région est restée longtemps morcelée (rattachement relativement tardif du Dauphiné [1560] et de la Savoie [1860]). Ce sont l’ancienneté de la tradition bancaire et commerciale de Lyon et la convergence des principaux axes de circulation vers cette métropole qui cimentent l’unité régionale.

Avec un taux de natalité de 17 p. 1 000 et de mortalité de 10 p. 1 000, l’accroissement naturel de la population (renforcé par un solde migratoire positif) est légèrement supérieur à la moyenne nationale. Deux millions d’actifs se répartissent à 12 p. 100 dans le secteur primaire, 47 p. 100 dans le secondaire et 41 p. 100 dans le tertiaire, mais de grandes inégalités caractérisent la région.

Un très fort accroissement de population s’observe en Haute-Savoie, en Isère, dans la Drôme et dans le Rhône, grâce aux immigrants, qui la rajeunissent et y amènent des éléments actifs et qualifiés ; la population de l’Ain et de la Savoie s’accroît lentement, mais perd beaucoup de jeunes actifs ; l’Ardèche et la Loire, départements en crise, connaissent un exode rural important, de l’Ardèche vers la vallée du Rhône, de la Loire vers les villes, aggravé dans ce dernier cas par un solde migratoire défavorable, les jeunes actifs du tertiaire se dirigeant sur Lyon, Saint-Étienne tendant à devenir l’annexe essentiellement industrielle de Lyon.


Une agriculture désarticulée

L’activité agricole occupe 2 118 000 ha, c’est-à-dire 6,4 p. 100 du potentiel national. Les herbages prédominent nettement (1 222 000 ha soit 58 p. 100 de la surface agricole utile [S. A. U.]), suivis par les terres labourables (723 000 ha, soit 34 p. 100 de la S. A. U.), dont la moitié seulement sont consacrées aux céréales. La vallée du Rhône ajoute 82 000 ha de vignes et 48 000 ha de vergers, les massifs montagneux donnent des bois de résineux. Cette utilisation du sol est reflétée par la structure des productions : le produit agricole brut comporte 60 p. 100 de productions animales (19 Mhl de lait ; 1 100 000 bovins, 500 000 porcins, 500 000 ovins), mais cette importance apparente cache des exploitations de taille modeste dont les chefs sont obligés d’occuper aussi un emploi extérieur.

L’équipement révèle des contradictions curieuses : la consommation d’engrais est inférieure à la moyenne nationale ; par contre, la mécanisation et la motorisation lui sont supérieures (40 tracteurs pour 1 000 ha de S. A. U.) et atteignent, surtout en montagne, au suréquipement. Dans ces conditions, la plus grande partie des investissements est consacrée depuis dix ans aux améliorations foncières.


Une industrie fragile mais puissante

Historiquement, la Région a bénéficié de sources de matières premières qui se sont chronologiquement relayées. Le charbon du bassin de la Loire a permis d’abord le départ précoce de la révolution industrielle. Il a été complété à la fin du xixe s. par la mise en valeur des rivières alpines. Simultanément naissait, dans la région lyonnaise, une puissante industrie à partir du commerce.

Les pôles industriels principaux restent les trois régions de la Loire, de Lyon et des Alpes, qui détiennent les secteurs clés de l’industrie : la métallurgie et l’électrométallurgie, les constructions mécaniques, l’industrie textile et l’industrie chimique. Ces secteurs ont connu et présentent encore une évolution très différente. Les investissements industriels se répartissent inégalement : sur un total de 19 p. 100 de l’ensemble national, 19 p. 100 vont au textile et à l’habillement, 14 p. 100 à l’industrie de la chimie et du caoutchouc, 9 p. 100 seulement aux constructions mécaniques et électriques.

On peut distinguer quatre secteurs industriels de base. Le secteur minier n’est plus qu’une activité résiduelle (le bassin de la Loire est en cours de fermeture). Le secteur textile est également frappé par la crise régionale ; jadis dominé par le système de la « fabrique » lyonnaise, il reste trop dispersé et s’adapte lentement et inégalement aux fibres artificielles. Cette inadaptation est d’autant plus grave que la région conserve une bonne place en France dans ce domaine : elle produit 41 p. 100 de la rayonne, de la fibranne et des tissus synthétiques, 40 p. 100 des tissus élastiques, 85 p. 100 de la soierie. Le secteur de la métallurgie et des industries annexes est fondé sur la sidérurgie fine de la Loire et surtout, depuis le début du xxe s., sur l’électrométallurgie alpine (aciers spéciaux et alliés, aluminium, ferro-alliages), liée à la valorisation de l’hydroélectricité, que l’on ne sut pas tout de suite transporter. Ces produits sont transformés par des industries mécaniques localement spécialisées : machines, armement et outillage dans la région stéphanoise ; décolletage, montage mécanique et électromécanique dans les vallées alpines ; industries de pointe à Grenoble ; mécanique générale et construction de matériel roulant à Lyon. Le secteur de l’industrie chimique, qui est apparu dans l’agglomération lyonnaise comme une activité connexe du textile, connaît un développement spectaculaire, très diversifié (fibres synthétiques, colorants, médicaments) et renforcé par la pétrochimie autour de Feyzin. De Lyon, cette industrie a essaimé dans les agglomérations de la vallée du Rhône. À la fin du xixe s. est apparue l’électrochimie alpine. Sur ces quatre bases s’est édifiée une structure industrielle complexe avec de nombreux systèmes de sous-traitance, et une industrie du bâtiment et des travaux publics considérable bien que sensible à la conjoncture. La structure des entreprises évolue vers une concentration : le nombre des établissements de plus de 200 salariés augmente plus vite que celui de moins de 200. Cependant, 3,5 p. 100 seulement des entreprises dépassent 50 salariés.