Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Rhinocéros

Mammifère ongulé non ruminant, caractérisé par la présence d’une ou deux cornes médianes sur le nez.


Le Rhinocéros est un animal massif, avec ses 4 membres en forme de solides colonnes. Il a été appelé pachyderme à cause de sa peau très épaisse. Son corps est nu.


Rhinocéros africains

Le plus grand est le Rhinocéros blanc (Ceratorhinus simum) : longueur, 3,5 m à 4 m ; hauteur à l’épaule, 1,6 m à 2 m ; poids, 3 t à 5 t.

Il porte deux cornes sur le nez et présente à la nuque une curieuse gibbosité musculaire recouverte de tissu conjonctif sous-épidermique. Ses lèvres sont larges, presque carrées. Sa dentition a la formule suivante :

Les incisives n’apparaissent que sur le fœtus. À leur place, les adultes ont sur les gencives une arête dure et cornée, ce qui leur permet de brouter facilement l’herbe. Les molaires et les prémolaires sont d’une dureté extraordinaire. Les oreilles, en cornet, sont très mobiles et dotées de quelques poils drus ; l’ouïe n’est pas très sensible, la vue non plus. Le seul sens bien développé chez cet animal est l’odorat, qui est particulièrement subtil.

Les quatre pattes du Rhinocéros sont terminées par trois doigts égaux munis de sabots d’égale grandeur, pointus et réunis en arrière par une sole sur laquelle repose un coussinet élastique.

Le Rhinocéros blanc est d’un gris ardoise terne, très difficile à différencier du Rhinocéros noir africain, car il est toujours plus ou moins souillé de la boue dans laquelle il s’est vautré. Il a alors la teinte de son dernier bain.

La première corne atteint parfois des dimensions énormes : 1,58 m. Elle sert au Rhinocéros à déblayer le sol quand il marche tête baissée.

Le Rhinocéros blanc est plutôt sociable ; on le rencontre en petites bandes dans des régions du centre de l’Afrique, où il bénéficie d’une protection efficace (réserves en Mozambique, au Congo, en Afrique orientale et en Afrique du Sud). On peut souvent le voir en groupements familiaux. Le jeune peut « suivre » sa mère 24 heures après sa naissance. Pendant ses promenades, celle-ci fait marcher son petit devant elle et le dirige avec son museau et ses cornes pour qu’il ne s’écarte pas du chemin. Elle va l’allaiter pendant 2 ans, jusqu’à la naissance de l’unique petit de la portée suivante (la gestation dure en effet 18 mois), et le protégera encore jusqu’à l’âge de 3 ans, ou plus. La maturité sexuelle n’est atteinte qu’entre 7 et 10 ans.

Le Rhinocéros noir (Diceros bicornis) est celui que l’on rencontre le plus communément en Afrique. Il est moins grand que le Rhinocéros blanc : de 3 à 3,75 m de long pour une hauteur de 1,50 m. Il peut peser jusqu’à 2 t. Il est aussi bicorne et totalement dépourvu de poils : il n’en a que sur le bord des oreilles, formant comme une frange, et au bout de la queue.

Sa tête est camuse, et sa lèvre supérieure allongée est comme un doigt préhensile qui lui sert à prendre sa nourriture. Il n’a pas d’incisives, pas de canines, il a 7 molaires et prémolaires à chaque demi-mâchoire. Comme le Rhinocéros blanc, il n’a qu’un sens réellement bien développé : l’odorat.

Quand on le chasse, il peut être dangereux, mais il n’attaque franchement que s’il est blessé. On le rencontre jusqu’à 2 700 m d’altitude dans les montagnes de l’Afrique orientale. Il vit aussi bien en brousse dense qu’en forêt clairsemée, mais il aime fréquenter les grandes plaines herbeuses. Il n’aime pas les lieux humides et chauds, aussi ne fréquente-t-il pas les grandes forêts équatoriales africaines. On rencontre ce Rhinocéros noir au Cameroun, dans l’Afrique centrale, en Tanzanie, au Kenya, au Mozambique et en Afrique du Sud. On estime qu’en 1973 il en restait encore de 10 000 à 13 000 individus dans toute l’Afrique.

La nourriture favorite des Rhinocéros est l’herbe, mais ils mangent aussi des brindilles de buissons naissants, des jeunes pousses d’arbres et des jeunes arbres. Ils arrachent de jeunes Acacias, dont ils sont très friands, comme de toutes les Légumineuses.

Dans les zoos, ils sont nourris d’avoine, de racines : pommes de terre, carottes et betteraves, de fourrages de luzerne. L’animal se reproduit bien en captivité.


Rhinocéros asiatiques

Le moins rare est le Rhinocéros de l’Inde (Rhinoceros unicornis) ; il mesure de 1,20 à 1,50 m de haut et de 2 à 4 m de long. Sa peau est nue, à part le bout de la queue et la frange poilue des oreilles, comme chez les autres. Sa tête est camuse et à son extrémité se trouve son unique corne. Sa peau est comme cuirassée, avec par endroits des plis permettant les mouvements ; elle est de couleur rougeâtre. Les plaques tégumentaires sont parsemées de petites excroissances verruqueuses ressemblant aux rivets d’assemblage des plaques de tôle des navires.

La demi-mâchoire inférieure est munie de deux incisives tranchantes qui s’aiguisent sur une plaque cornée de la mâchoire supérieure. La formule dentaire est :

Cet animal vit dans les plaines situées au pied de l’Himālaya, au Népal et en Assam ; il hante les lieux marécageux. Cette espèce est nettement en voie de disparition puisqu’on n’en compte plus qu’environ 240 sujets en Asie. Par bonheur pour l’espèce, certains zoos en font l’élevage (zoo de Bâle). La durée de gestation est de 462 à 480 jours. À sa naissance, le petit pèse à peu près 65 kg, mesurant de 62 à 65 cm de haut ; après 1 an, il atteint 120 cm et, à 2 ans, 1,45 m. La mère fournit à son petit de 20 à 25 litres de lait par jour.

Deux autres espèces asiatiques de Rhinocéros sont en voie de disparition. Le Rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus sumatrasensis) est la plus petite espèce actuelle : de 1,10 à 1,40 m de haut et de 2,50 à 2,80 m de long. Il pèse environ 1 500 kg. Il a 2 cornes nasales peu longues. Sa peau est peu plissée, mais il est poilu. Il vivait en Indochine, en Birmanie, en Thaïlande, à Bornéo et à Sumatra.

Le Rhinocéros unicorne des îles de la Sonde (Rhinoceros sondaicus) est bien plus petit que l’indien. Sa corne est faible, parfois la femelle n’en a pas. Il a des plaques cornées avec des plis très caractéristiques qui se rejoignent en avant du garrot. Il pacage à la lisière des forêts côtières et dans les clairières ouvertes dans la jungle par la chute des grands arbres.

D’une façon générale, si les Rhinocéros ne sont pas strictement protégés, ils sont promis à une disparition totale et à très brève échéance.

P. B.

➙ Ongulés.

 P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XVII : Mammifères. Systématique et éthologie (Masson, 1955 ; 2 vol.).