Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

révolution russe de 1917 (suite)

 C. Anet, la Révolution russe (Payot, 1917-1919 ; 4 vol.). / J. Reed, Ten Days that shook the World (New York, 1919 ; trad. fr. Dix jours qui ébranlèrent le monde, Éd. sociales internat., 1927, nouv. éd., Éd. sociales, 1958). / R. Luxemburg, Die russische Revolution. Eine kritische Würdigung (Berlin, 1922, nouv. éd., Francfort, 1963 ; trad. fr. la Révolution russe, Maspero, 1964). / N. N. Sukhanov, la Révolution russe, 1917 (en russe, Berlin, 1922 ; trad. fr., Stock, 1965). / L. Trotski, Histoire de la révolution russe (trad. du russe, Rieder, 1933-34, 4 vol. ; nouv. éd., Éd. du Seuil, 1950, 2 vol.). / G. Walter, Histoire de la révolution russe (Gallimard, 1953) ; la Révolution russe (A. Michel, 1972). / F. X. Coquin, la Révolution russe (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; 5e éd., 1974) ; la Révolution de 1917 (P. U. F., 1974). / A. F. Kerenski, Russia and History’s Turning Point (New York, 1965 ; trad. fr. la Russie au tournant de l’histoire, Plon, 1967). / V. Serge, l’An I de la Révolution russe (Éd. de Delphes, 1965 ; nouv. éd., 1971 ; 3 vol.). / J. Duclos, Octobre 1917, vu de France (Éd. sociales, 1967). / J. Elleinstein, la Révolution des révolutions. À propos de l’histoire de la Révolution soviétique (Éd. sociales, 1967) ; Histoire de l’U. R. S. S. (Éd. sociales, 1972 ; 2 vol. parus). / M. Ferro, la Révolution de 1917 (Aubier, 1967). / D. von Mohrenschilt, The Russian Revolution of 1917 : Contemporary Accounts (Londres, 1971). / B. Thomson, The Premature Revolution : Russian Literature and Society, 1917-1946 (Londres, 1972). / A. Skirda et coll., les Anarchistes dans la Révolution russe (la Tête des feuilles, 1973). / R. Medvedev, la Révolution russe était-elle inéluctable ? (A. Michel, 1976).

Quelques dates

(Les dates entre parenthèses sont celles du calendrier russe ancien style.)

12 mars (27 févr.)

Chute du tsarisme.

15 mars (2 mars)

Abdication du tsar Nicolas II ; formation du gouvernement provisoire.

25 mars (12 mars)

Retour de Kamenev et de Staline.

11 avril (29 mars)

Première conférence des soviets de députés ouvriers et soldats.

16 avril (3 avr.)

Retour de Lénine.

7-12 mai (24-29 avr.)

Victoire des thèses de Lénine à la septième conférence panrusse du parti bolchevik.

17 mai (4 mai)

Arrivée de Trotski.

18 juillet (5 juill.)

Début de la répression contre les bolcheviks.

8-16 août (26 juill. - 3 août)

VIe Congrès du parti ; adhésion de Trotski.

25-29 septembre (12-16 sept.)

Lettres de Lénine appelant à l’insurrection.

7 novembre (25 oct.)

Insurrection.

8-9 novembre (26-27 oct.)

Lénine élu président du Conseil des commissaires du peuple.

Révolution culturelle prolétarienne (Grande)

Période de l’histoire contemporaine de la Chine.


La Grande Révolution culturelle prolétarienne s’ouvre spectaculairement en mai 1966 avec les premiers « dazibao » (ta-tseu-pao) — journaux muraux à grands caractères —, qui, affichés à l’université de Pékin, ouvrent le feu contre certains tenants du pouvoir en Chine.

Cependant, les premiers coups sont portés dès l’automne 1965, le plus retentissant étant la critique, dans un journal de Shangai (Chang-hai), d’une pièce intitulée la Destitution de Hai Rui (Hai Jouei).


Les origines, les composantes

Les signes avant-coureurs de l’événement remontent à la fin des années 50.

En 1959, au moment où s’aggrave le différend sino-soviétique, certains membres du parti communiste chinois (P. C. C.) osent formuler des critiques acerbes contre le pouvoir en place. Peng Dehuai (P’eng To-houai), ministre de la Défense, blâme Mao pour les pertes causées du fait de l’instauration des communes populaires et du « grand bond en avant », et s’insurge contre la rupture sino-soviétique.

À partir de cette époque, l’homogénéité du parti communiste est mise à rude épreuve — malgré l’écartement de Peng Dehuai, remplacé par Lin Biao (Lin Piao*). Une fraction de la direction, avec à sa tête Liu Shaoqi (Lieou Chao-k’i), s’éloigne de plus en plus du point de vue maoïste, sans, toutefois, attaquer de front le leader du parti communiste chinois.

En 1962, un long texte de Peng Dehuai réitère les critiques portées dès 1959 par l’ex-ministre de la Défense. Des satires (au demeurant très voilées) de Mao Zedong (Mao Tsö-tong*) voient le jour dans certains journaux de Pékin. Le livre de Liu Shaoqi Comment être un bon communiste est réédité : plus tard, on dira que certaines allusions à double sens visaient directement Mao. Enfin, des mesures de « libéralisation » sont prises à l’insu, semble-t-il, de ce dernier.

Pour réagir contre cet état d’esprit, le vieux leader et ses plus fidèles alliés insistent sur la nécessité de la lutte des classes et de la bataille contre le « révisionnisme ». L’ossature initiale de la Révolution, l’armée populaire de libération (A. P. L.), est choisie pour lutter contre ces nouvelles tendances néfastes. C’est en son sein qu’est mis au point le célèbre Petit Livre rouge. Parallèlement, une grande « campagne d’éducation socialiste » est lancée. Elle touchera aussi bien les cadres et les paysans que les intellectuels et les artistes. Ce premier mouvement porte en lui nombre de signes distinctifs de la Révolution culturelle, et les attaques portées contre certains écrivains en 1964 préfigurent les événements de l’automne 1965.

À cette époque, certains responsables de la propagande culturelle sont pris à partie par un jeune membre du P. C. C. de Shangai, Yao Wenyuan (Yao Wen-yuan). Au-delà de la critique de la Destitution de Hai Rui (Hai Jouei) [pièce de Wu Han (Wou Han), l’un des maires adjoints de Pékin, qui met en scène un fonctionnaire destitué fort semblable à l’ex-ministre de la Défense], c’est bientôt l’ensemble de la politique menée par des dirigeants du P. C. C. à Pékin qui est fustigée. Le maire de Pékin, Peng Zhen (P’eng Tchen), placé depuis l’automne 1965 à la tête du « groupe des cinq », chargé de diriger la Révolution culturelle, est lui-même impliqué dans l’affaire quelques mois plus tard. Cette tactique — placer une personnalité dont on doute dans une position telle qu’elle soit forcée de se découvrir — sera, d’ailleurs, appliquée à plusieurs reprises par Mao Zedong.