Révolution française (suite)
1796
28 févrierFermeture du club du Panthéon.
18 marsSuppression des assignats, remplacés par des mandats territoriaux.
2 marsBonaparte à la tête de l’armée d’Italie.
16 avrilRétablissement de la peine de mort.
14 maiBonaparte à Milan.
17 novembreVictoire d’Arcole.
1797
9 avrilÉchec des Conventionnels aux élections.
18 avrilPréliminaires de Leoben.
27 maiExécution de Babeuf.
juillet-septembreNégociations à Lille avec les Anglais : c’est un échec.
4 septembre (18 fructidor an V)Réaction du Directoire contre les monarchistes (Clichyens).
18 octobreTraité de Campoformio.
1798
15 févrierCréation de la République romaine.
12 avrilCréation de la République helvétique.
9-18 avrilÉlections favorables aux Jacobins.
11 mai (22 floréal an VI)Invalidation de 98 nouveaux représentants de l’opposition.
19 maiDépart de Bonaparte pour l’Égypte.
21 juilletVictoire des Pyramides.
1er aoûtDéfaite d’Aboukir.
22 aoûtFondation de l’Institut d’Égypte.
5 septembreInstauration de la conscription (« loi Jourdan »).
23 décembre - 21 janvier 1799Traités d’alliance entre l’Angleterre, les Deux-Siciles, la Turquie, la Russie et l’Autriche, qui forment la seconde coalition.
1799
23 janvierCréation de la république Parthénopéenne.
25 marsDéfaite de Stokach.
16 avrilVictoire du mont Thabor.
18 juin (30 prairial an VII)Les directeurs jacobins doivent démissionner.
24-25 juilletVictoire d’Aboukir.
15 aoûtDéfaite de Novi.
22 aoûtBonaparte quitte l’Égypte.
25-27 septembreVictoire de Zurich.
9 octobreBonaparte débarque à Fréjus.
9-10 novembre (18-19 brumaire an VIII)Coup d’État de Bonaparte à Saint-Cloud ; début du Consulat* et fin de la Ire République.
P. P.
L’armée de la Révolution française
Armée nationale ou armée de métier ? De 1815 à nos jours, c’est un débat qui n’a cessé, en France, de passionner l’opinion, et, chaque fois, les partisans de l’un ou l’autre type d’armée ont cherché dans l’armée de la Révolution un exemple à l’appui de leur thèse.
La formation de l’armée de la Révolution
En 1793, les Français se veulent une nation une et indivisible ; ils ont trois armées. L’une, la ci-devant armée royale, est encore, en grande partie, la projection du régime que l’on dit « ancien ». La deuxième est née en 1791 de la volonté de défense de l’ordre social nouveau que construisait la bourgeoisie : elle est formée des bataillons de volontaires levés au moment de la fuite du roi. La troisième est née en 1792 d’une volonté de vengeance contre l’aristocrate, français ou étranger, qui menaçait d’une subversion totale les sans-culottes levés pour leur droit à l’existence et à l’égalité des jouissances ; des campagnes et des villes est venue la « démocratie en armes ». Comment unir ces trois armées que tout semble séparer ?
Uniforme, solde, avancement, discipline, rien n’est pareil. L’ancien soldat du roi a contracté un engagement de trois, de quatre ou de huit ans ; le « volontaire » n’est là que pour l’instant d’une campagne. Le « blanc » est encore l’homme de son capitaine, qui l’a reconnu pour son « client » ; le « bleu » est un citoyen qui a passé contrat avec la nation. Le soldat des régiments de la ligne est d’une communauté puisant ses traditions dans une histoire qui est celle des rois ; le volontaire national reconnaît dans son drapeau le clocher de son village et, avec celui des levées de 1792, le symbole de la patrie nouvelle, où les hommes sont libres, égaux et fraternels. Les uns n’ont qu’une solde médiocre ; les autres touchent, avec leur paie, des primes qui leur permettent d’assurer une relative sécurité à la femme ou aux vieux laissés au pays. Pour ceux-là, gagner l’épaulette, c’est affaire de mérite, mais aussi de talents ; pour ceux-ci, le courage, mais aussi le bien-parler et parfois la démagogie supplantent la véritable expérience et valent, par le bulletin de vote des subordonnés, la distinction espérée. Être soldat de la ci-devant, c’est subir pour des incartades un code que l’on ignore ; être des « bataillons de la République », c’est discuter du bien-fondé d’un ordre et pouvoir refuser la punition infamante. Soldat, c’est là accomplir un devoir, ici exercer un droit et conserver par-dessus toute sa situation de citoyen. D’un côté, il y a l’exercice d’un métier qui place au-dessus du commun ; de l’autre, il y a l’accomplissement de gestes que doivent faire ceux qui s’honorent du nom de citoyens.
Pourtant, entre ceux qu’anime l’esprit de corps et ceux qu’exaltent les sentiments patriotiques, il y a bien des traits de similitude. Et d’abord la jeunesse : les soldats de l’armée du roi ont vu leur contingent entièrement renouvelé depuis 1790, l’année de la crise du recrutement. Poussés par la disette, nombreuses sont venues les jeunes recrues dans les régiments qui s’honorèrent à Fontenoy ou subirent la défaite de Rossbach. Dans l’infanterie comme dans la cavalerie ou l’artillerie, 63 p. 100 des soldats ont moins de vingt-six ans. Quatre sur dix sont des paysans et des artisans ruraux, et trois sur dix des artisans urbains, monde de l’échoppe et de la boutique, qui, plus nombreux qu’auparavant, apporte avec lui la contestation et l’esprit révolutionnaire. Ce sont ces jeunes qui, dans la rue, ont fait, depuis l’été 1789, leur apprentissage politique. Bien souvent, ils ont refusé de marcher contre leurs frères ou amis révoltés contre la cherté de la vie et la trahison de la Cour. Mais ils sont encadrés par des militaires blanchis sous les armes et qui, dans la Révolution, ont vu surtout l’occasion de faire aboutir leurs revendications professionnelles : amélioration des conditions de vie, retraite et pension aux veuves, avancement non plus selon la « naissance », mais selon l’ancienneté et la valeur, maintien de l’armée de métier. Fils de membres des professions libérales, d’artisans ou de laboureurs, ces nouveaux capitaines, anciens sous-officiers qui ont expulsé des grades la haute noblesse, sont attachés à la Révolution, mais entendent bien exercer sur elle une pression pour qu’elle respecte des positions acquises. Un redoutable esprit de corps les anime ; les généraux peuvent en profiter pour se constituer des clientèles qui pourraient faire reculer l’État nouveau. Les Jacobins sentent la menace ; ils dénoncent comme pervertie d’aristocratisme une armée qui refuse tout ce qui tend à la transformer en une armée de masse.