Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Révolutions d’Angleterre (suite)

1645. 31 mai : la prise de Leicester est le dernier grand succès royaliste.
— 14 juin : Thomas Fairfax et Cromwell écrasent les royalistes à Naseby. Le roi n’a pratiquement plus d’armée à opposer à l’« armée nouveau modèle ».
— juillet-août : élimination des dernières places fortes royalistes de l’Ouest (Thomas Fairfax) et du Sud (Cromwell).
— septembre : les défaites de Charles Ier à Rowton Heath et du marquis de Montrose à Philiphaugh, en Écosse, scellent le sort des royalistes.

1646 : le roi se rend à l’armée des presbytériens écossais.
— 24 juin : reddition d’Oxford.

• L’entre-deux-guerres (1646-1648). Trois facteurs vont décider de l’évolution de la situation : l’attitude du roi, celle de l’armée et des parlementaires, et enfin celle des Écossais.

Les Écossais veulent, d’une part, être payés pour les dépenses qu’ont entraînées leurs campagnes et, d’autre part, voir appliquer le Covenant en Angleterre, c’est-à-dire qu’ils attendent du Parlement qu’il établisse en Angleterre une Église presbytérienne conforme à celle qui existe en Écosse. Or, celui-ci n’a pas d’argent et, de plus, a ses propres vues sur l’avenir religieux de l’Angleterre. Les Écossais songent alors à utiliser, puisqu’il est entre leurs mains, le roi : mais la duplicité continuelle et l’intransigeance de Charles Ier font échouer la négociation : en conséquence, les Écossais remettent Charles aux représentants du Parlement en janvier 1647.

Le Parlement n’est pas au bout de ses peines. Si sa majorité est composée de presbytériens, l’armée (et plus particulièrement la cavalerie) est en faveur des indépendants. Certains groupes extrémistes, tels les Niveleurs, dont le porte-parole est John Lilburne, sont déterminés à pousser fort loin les choses. Arguant de la fin des hostilités, le Parlement veut débander l’armée. Les soldats, qui, d’ailleurs, n’ont pas touché leur solde, s’y refusent : officiers et soldats signent une « déclaration de l’armée », et Cornet George Joyce et ses hommes se saisissent le 2 juin 1647 de la personne du roi, tandis que l’élimination d’une dizaine de députés intimide le Parlement. À son tour, l’armée entame des négociations avec le souverain : l’intransigeance royale fait de nouveau tout échouer. Au contraire, profitant des dissensions qui se font jour au sein même de l’armée entre les partisans de Cromwell et ceux des Niveleurs, le roi réussit à échapper à la garde des militaires et, bien que prisonnier à l’île de Wight, conclut un accord avec les Écossais (l’Engagement) sur la base du Covenant ; de nombreux presbytériens se regroupent autour des chefs royalistes.

• La seconde guerre civile et les derniers combats (1648-49). Cromwell n’est pas long à reprendre l’armée en main. L’Écossais James Hamilton dispose de troupes trois fois plus nombreuses que celles de Cromwell. Mais la marche des Écossais est si imprudente que le général anglais n’a aucune peine à les écraser en plusieurs combats distincts. Son alliance avec le chef des presbytériens extrémistes écossais, hostiles au Covenant et à l’Engagement, met fin aux espoirs de Charles Ier. Ramené à Londres, celui-ci est jugé par une commission spéciale désignée par le Parlement et exécuté le 30 janvier 1649.

Les royalistes ne s’avouent cependant pas vaincus. Certes, les parlementaires n’ont guère de mal à venir à bout de la résistance irlandaise, n’hésitant pas à se livrer à de terribles massacres. Mais, en Écosse, exception faite d’une tentative hasardeuse de Montrose en 1649, il faut deux grandes campagnes, en 1650 et en 1651, pour en finir avec les royalistes et les presbytériens. En 1650, l’habile tactique du général écossais David Leslie manque d’entraîner la perle de Cromwell, qui ne se sauve qu’in extremis par sa victoire de Dunbar, où il réussit à surprendre et à tailler en pièces l’armée écossaise (3 sept. 1650). En 1651, les Écossais sont politiquement plus forts, dans la mesure où Charles II*, couronné roi d’Écosse à Scone le 1er janvier, a enfin adhéré au Covenant : mais ils répètent l’erreur d’Hamilton et foncent inconsidérément vers le sud ; épuisés par leur marche, coupés de leurs arrières, ils sont battus et décimés à la bataille de Worcester (3 sept. 1651). Charles II ne s’échappe que de justesse : un long et pénible exil l’attend. Bientôt, le Protectorat de Cromwell va remplacer la monarchie des Stuarts.

En réalité, les conséquences de la Révolution d’Angleterre ne se limitent pas à l’établissement d’un nouveau régime, d’ailleurs éphémère. Le résultat fondamental de cette Révolution est de rendre pour toujours impossible en Angleterre l’existence d’une monarchie absolue à la française. Bien d’autres résultats s’ajoutent à cela : une véritable révolution intellectuelle (Hobbes, Locke, Harrington, les progrès de la médecine et de la physique), une réorientation complète de l’attitude anglaise en matière de commerce et de colonisation sont aussi à mettre au compte de ce que l’on a longtemps appelé simplement la Grande Rébellion.


La Glorieuse Révolution (1688-89)

La Glorieuse Révolution n’est, à première vue, que la conséquence des imprudences de Jacques II* et un événement de portée limitée. C’est en réalité l’occasion pour l’Angleterre de résoudre un certain nombre de contradictions qui empoisonnaient sa vie politique.


Les imprudences de Jacques II

Jacques II est catholique. Il a succédé sans difficulté à son frère, mais il n’a aucun sens politique. Ayant triomphé aisément en 1685 des révoltes du comte d’Argyll et du duc de Monmouth, il en a profité pour reconstituer une armée permanente dans laquelle servent nombre d’officiers catholiques et de soldats irlandais. Au moment même où l’opinion protestante prend feu à la nouvelle de la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV, on voit se multiplier à Londres les couvents catholiques, tandis que des ecclésiastiques « papistes » sont introduits de force dans les collèges d’Oxford et de Cambridge.