Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

réunion (droit de) (suite)

La réunion publique. La loi de 1907 ayant supprimé la déclaration préalable prévue par la loi de 1881, « les réunions publiques sont libres ». Mais il s’agit d’une liberté moins totale que pour les réunions privées. D’abord parce que la loi de 1881 fixe certaines conditions de tenue que doivent respecter les réunions publiques, et surtout parce que les exigences de l’ordre public ont fait subir à cette liberté des restrictions. La jurisprudence — avec l’arrêt Benjamin du Conseil d’État (19 mai 1933) — et le pouvoir réglementaire — avec la circulaire Paganon (1935) — ont admis la possibilité d’interdire les réunions en cas de menaces « éventuelles » pouvant compromettre l’ordre public. Le législateur — avec la loi « anticasseur » (8 juin 1970), qui assimile les organisateurs et participants de rassemblements aux « casseurs » — atteint indirectement, par là, le droit de réunion.

Peut-on parler de « crise de la liberté de réunion » ? Les arrêts du Conseil d’État, tantôt annulant et tantôt confirmant les interdictions, peuvent aboutir à frapper une liberté fondamentale. L’absence d’interdiction en juin 1973 d’une réunion organisée par le mouvement Ordre nouveau (malgré l’annonce faite par le mouvement de la Ligue communiste qu’il s’y opposerait) pourrait indiquer le nouveau désir de faire prévaloir avant tout la liberté de réunion.

F. S.

➙ Libertés publiques.

 R. Pelloux, le Citoyen devant l’État (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1955 ; 4e éd., 1972). / C. A. Colliard, Libertés publiques (Dalloz, 1958 ; 4e éd., 1972). / G. Burdeau, les Libertés publiques (L. G. D. J., 1961 ; 4e éd., 1972). / J. Rivero, Cours de libertés publiques (les Cours de droit, 1962). / D. Langlois, Guide du militant (Éd. du Seuil, 1972).

Réunion (île de la)

Département français d’outre-mer.



Le milieu naturel

L’île de la Réunion, située dans la partie occidentale de l’océan Indien par 21° de lat. Sud, est une terre montagneuse, de forme elliptique, d’une superficie de 2 511 km2.

D’origine entièrement volcanique, et constituée surtout par des basaltes comme les autres Mascareignes, l’île comprend une partie ancienne (entre 2 millions d’années et 450 000 ans) et une partie plus récente avec un volcanisme actuel. La partie ancienne, la plus vaste, correspond à la construction de quatre grands volcans « hawaiiens » successifs, chacun construit sur les ruines du précédent. L’édifice, éventré par les entailles gigantesques des trois cirques de Cilaos, Salazie et Mafate, culmine au piton des Neiges (3 069 m). De grands versants abrupts dépassant 1 000 m de hauteur dominent le fond des cirques, tandis que du côté externe les pentes régulières de vastes éléments de planèze descendent progressivement jusqu’à la mer. La partie récente de l’île, occupant le sud-est, est constituée par le massif de la Fournaise, dont la structure est caractérisée par l’emboîtement de trois effondrements concentriques successifs en caldeira. Le piton de la Fournaise (2 631 m) est situé au centre de la caldeira la plus récente. La plupart des coulées de lave sont issues de fissures latérales et descendent sur les pentes du Grand-Brûlé, parfois jusqu’à la mer.

La Réunion possède une dissymétrie climatique marquée, avec du côté oriental, au vent de l’alizé, une pluviosité moyenne annuelle de 4 m à Saint-Benoît, 9 m à la station de Takamaka. La façade occidentale sous le vent est beaucoup plus sèche, avec seulement 700 mm à Saint-Paul. La saison des pluies, qui correspond à la saison chaude (nov. à mai), est aussi celle des cyclones, qui périodiquement ravagent l’île. La température moyenne annuelle est, au niveau de la mer et à 1 000 m d’altitude, respectivement de 23 et 18 °C du côté au vent, et de 25 et 20 °C du côté sous le vent.

Primitivement, l’île fut couverte par une forêt du côté au vent et par un bush xérophile au-dessous de 600 m d’altitude du côté sous le vent. Aujourd’hui, la canne à sucre occupe les basses pentes. Au-dessus de 1 000 m demeurent des peuplements de bambous et de tamarins, remplacés en altitude par des « brandes » à éricacées (Philippia montana) qui montent jusqu’aux sommets.


La population et l’économie

Inhabitée lors de sa découverte, l’île vit sa population passer de 1 500 habitants en 1711 à 46 000 habitants en 1788 (dont 35 000 étaient des esclaves malgaches, cafres ou indiens, importés pour la culture du caféier). L’accroissement récent est important : 301 335 hab. en 1956, 402 666 hab. en 1965, 476 675 hab. en 1975 ; on estime que le chiffre de la population approchera 550 000 hab. en 1980. Il s’agit d’une population très hétérogène : un cinquième est constitué par une paysannerie blanche très pauvre vivant dans les « Hauts », et un autre cinquième par les Indiens ; il y a 5 000 Chinois et environ 11 000 Français de la métropole, surtout fonctionnaires ; le reste est constitué par des descendants de Cafres ou de Malgaches plus ou moins métissés ; 55 p. 100 de la population ont moins de 20 ans. La densité moyenne pour l’ensemble de l’île approche 200 hab. au km2, mais sur les basses pentes le long du littoral et au fond des cirques la densité est supérieure à 500 hab. au km2.

Les principales agglomérations sont le chef-lieu, Saint-Denis (104 603 hab.), Saint-Paul (52 781), Saint-Pierre (46 752), Le Tampon (37 596) et Saint-Louis (30 473).

L’économie est fondée sur la monoculture de la canne à sucre, pratiquée sur les basses pentes des planèzes (40 000 ha, soit 66 p. 100 des terres cultivées). La production sucrière oscille actuellement entre 180 000 et 250 000 tonnes. Il y a de très grosses exploitations, mais aussi environ 20 000 petits exploitants agricoles.

Une surface de 8 000 hectares est consacrée, surtout dans la plaine des Cafres en altitude, au géranium (7 000 exploitants ; production de 155 t d’essence faisant de la Réunion le premier producteur mondial). La production d’essence de vétiver oscille autour de 40 t. La Réunion produit enfin un peu de vanille (entre 45 et 60 t par an), de thé (25 t) et de tabac (300 t en 1954, mais seulement 25 t en 1965 et une centaine en 1973).

Les seules industries sont l’industrie sucrière (qui comptait treize usines en 1965 et huit en 1972) et, à Saint-Denis, la petite industrie mécanique et électrique.