rétroaction (suite)
Une caractéristique fondamentale de la rétroaction est que son intervention est toujours postérieure à la variation d’effet qui l’engendre, les anticipations de correction n’étant que des prédictions. Ce facteur temps est fondamental ; c’est lui qui est essentiellement à l’origine des phénomènes de pompage, soigneusement évités par les automaticiens, mais qui au contraire se retrouvent à tous les niveaux des phénomènes naturels. Il est même vraisemblable qu’ils soient inséparables des systèmes vivants. En outre, la correction d’erreur est « coûteuse » en énergie. Dans de nombreux cas, on peut choisir pour une même correction entre une dépense surtout en temps ou une dépense surtout en énergie.
L’organisation cybernétique d’un système est un palliatif onéreux qui n’a d’utilité que lorsque le contrôle ou la connaissance d’une partie des facteurs d’un événement ne sont pas assurés.
En biologie, on a constaté que les mouvements fins, rapides et précis étaient contrôlés par une rétroaction en tendance « explosive » destinée à fournir une puissance instantanément disponible, cette rétroaction étant modulée, et au besoin inhibée, par une rétroaction négative. Cette combinaison est particulièrement efficace. D’autre part, contrairement à l’univers technique, pour lequel les systèmes dits « d’asservissement » sont des accessoires (régulateur de Watt), il semble bien que, d’un certain point de vue, la matière vivante ne soit constituée que de servomécanismes imbriqués les uns dans les autres. Une analyse grossière fait apparaître des niveaux d’organisation avec subordination de chaque niveau aux valeurs de consigne qui lui parviennent du niveau supérieur. En réalité, il est extrêmement probable que des analyses plus fines mettront en évidence de multiples croisements de contrôle et que la notion de niveau ne constituera plus qu’un modèle commode par les facilités de compréhension qu’il apporte.
J. S.
➙ Automatique / Automatisme / Autonomie / Cybernétique / Intelligence artificielle / Modèle.
N. Wiener, The Human Use of Human Beings, Cybernetics and Society (Boston, 1950 ; trad. fr. Cybernétique et société, Deux Rives, 1952, nouv. éd., U. G. E., 1962). / P. Naslin, les Systèmes asservis (Éd. de la Revue d’optique, 1951) ; Technologie et calcul pratique des systèmes asservis (Dunod, 1954 ; 3e éd., 1968). / P. de Latil, la Pensée artificielle (Gallimard, 1953). / A. Ducrocq, Logique générale des systèmes et des effets (Dunod, 1960).