Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Restout (Jean) (suite)

Peintre religieux, Restout travaille pour de très nombreuses églises et couvents, à Paris et en province, où se trouvent encore parfois ses tableaux (églises de Saint-Hymer [Calvados], de Montreuil-sur-Mer, de Riom, églises Saint-Roch et Saint-Jacques-du-Haut-Pas à Paris). Il s’y montre fidèle à la leçon de Jouvenet par son goût pour les compositions immenses (Pentecôte, 1732, et Dédicace du temple de Salomon, 1743, Louvre), organisées par les architectures, la noblesse des figures et des drapés, un coloris simplifié, souvent à dominante verdâtre, une émotion qui peut aller au pathétique (Saint Bruno et son pendant, Sainte Scholastique, 1730, musée de Tours). Mais son tempérament est pourtant fort différent : plus la carrière avance, plus les figures se font longues, désarticulées, comme dansantes, plus le coloris s’échauffe (le Martyre de saint André, 1749, musée de Grenoble ; le Triomphe de Mardochée, 1755, Paris, église Saint-Roch ; le Triomphe de Bacchus et d’Ariane, 1757, Potsdam ; le Baptême du Christ, 1758, Paris, église Saint-Nicolas-du-Chardonnet).

Ce style si particulier, frappant aussi dans les fort beaux dessins de l’artiste (plusieurs au séminaire des Sulpiciens à Issy-les-Moulineaux et au musée de Rouen, dont un destiné à l’illustration bien connue du livre de Louis Basile Carré de Montgeron, la Vérité des miracles [...] de M. de Pâris, 1737), est comme à contre-courant de l’évolution de la peinture européenne, qui se refroidit et s’assagit au moment où va s’achever la carrière de Restout. Atteint par l’âge et la maladie, l’artiste se fait suppléer dans les trois dernières années de sa vie par son fils Jean-Bernard (1732-1797), qui sera lui-même un bon peintre.

A. S.

 P. Rosenberg et A. Schnapper, Catalogue de l’exposition Jean Restout (musée des Beaux-Arts, Rouen, 1970).

retombées radioactives

Processus de dépôt sur la surface terrestre de particules contaminées par les matières radioactives provenant de l’explosion d’un engin nucléaire de fission.


Les retombées radioactives se classent en retombées immédiates, ou locales, qui arrivent au sol dans les 24 heures après l’explosion nucléaire, et en retombées différées, ou mondiales, qui se trouvent entraînées dans la troposphère et dans la stratosphère. Celles-ci, transportées par les vents, sont ramenées au sol plusieurs mois, quelquefois même plusieurs années, après l’explosion qui les a produites. Les retombées radioactives se trouvent concentrées dans les nuages au moment de leur formation et sont agglomérées dans les gouttes de pluie, avec lesquelles elles précipitent au sol : c’est le facteur le plus important du phénomène des retombées différées, avec éventuellement celui de la neige. En outre, des retombées dites « sèches » existent en l’absence de toute précipitation et semblent être une autofiltration des produits de l’atmosphère sur le sol. Elles représentent 20 p. 100 des retombées stratosphériques et de 40 à 60 p. 100 des retombées troposphériques.


Naissance et dimension des retombées radioactives

Les retombées radioactives apparaissent en quantités importantes dans le cas de l’explosion d’un gros engin à relativement basse altitude. Le champignon nucléaire entraîne dans l’atmosphère un tonnage considérable de matériaux les plus divers, qui, en ce qui concerne les retombées locales, vont se déposer dans une zone affectant l’allure d’une ellipse plus ou moins déformée, pouvant atteindre selon la vitesse du vent une longueur de 400 à 500 km et une largeur d’une centaine de kilomètres. Les éléments radioactifs, de dimensions infinitésimales, s’accrochent aux poussières de l’atmosphère et constituent des particules, ou granulés, dont les dimensions sont comprises entre 40 et 750 µ. Dans le cas des retombées locales, des formules relativement simples (formule de Stockes) permettent de calculer la vitesse de chute de ces particules ; cette vitesse varie comme le carré des dimensions de la particule.


Importance et origine des retombées radioactives

La quantité de retombées consécutives à une explosion nucléaire dépend de la puissance de l’engin et des conditions d’explosion. La radioactivité produite est fonction des produits de fission, des produits d’activation, des matières fissiles non fissionnées.

• La fission du noyau lourd d’uranium 235 par exemple peut se produire de 30 à 40 manières différentes. Comme chaque couple de produits de fission primaires donne naissance, en moyenne, à une dizaine de descendants, on dénombre au total de 300 à 400 produits de fission, tous radioactifs. Ces produits de fission sont généralement émetteurs de rayonnements bêta et gamma, et leurs périodes sont relativement courtes, de l’ordre de la minute ou de la seconde ; on n’en compte guère qu’une vingtaine ayant une période supérieure à un an. On admet qu’il y a formation d’une cinquantaine de grammes de produits de fission par kilotonne de puissance d’un engin nucléaire de fission. Dans le cas par exemple de l’explosion de la bombe américaine du 1er mars 1954 (bombe dite « des pêcheurs japonais »), la puissance de l’engin était de 15 Mt, la moitié seulement revenant aux phénomènes de fission ; la masse des produits de fission était donc environ de

• Les produits d’activation constituent un facteur de radioactivité moins important que celui des produits de fission ; ces produits d’activation sont dus aux neutrons éjectés au moment de la fission du noyau d’uranium ou de plutonium. On admet qu’il y a 1024 neutrons libérés par kilotonne de puissance de l’engin. Ces neutrons donnent naissance à une émission de rayonnements complexes qui sont à l’origine de ce qu’on appelle l’activité induite ou résiduelle.

• Les matières fissiles non fissionnées concourent aussi à la production de la radioactivité. Pour la bombe d’Hiroshima, si l’on admet que la masse critique était de 20 kg et le rendement de 5 p. 100, un seul kilo d’uranium a eu ses noyaux fissionnés ; les 19 autres kilos non fissionnés ont donné naissance à des particules infinitésimales, généralement émettrices de rayonnements alpha.