Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Asie du Sud-Est (musique de l’) (suite)

La musique de tradition savante comporte la musique de cour, la musique des temples, la musique rituelle et la musique de divertissement, qui accompagne les drames dansés ou les « théâtres d’ombres ». Sous l’influence des musiciens occidentaux qui dirigeaient les orchestres de cour en Thaïlande et au Cambodge, les xylophones et les jeux de gongs ont été accordés selon la gamme tempérée, et la couleur particulière des pièces de musique a changé. Les dirigeants politiques ont donné le ton aux jeunes musiciens en s’intéressant à la musique occidentale. Une nouvelle musique hybride fortement acculturée tend de plus en plus à se substituer à la musique originelle.

T. V. K.

 J. Kunst, De Toonkunst van Java (La Haye, 1934 ; 2e éd., Music in Java, its History, its Theory, and its Technique, 1949 ; 2 vol.). / Phra Chen Duriyanga, Siamese Music in Theory and Practice as Compared with that of the West, and a Description of the Pi-Phat Band (Bangkok, 1948). / M. Hood, The Nuclear Theme as a Determinant of Patet in Javanese Music (Amsterdam, 1954). / A. Daniélou, la Musique du Cambodge et du Laos (A. Maisonneuve, 1959). / J. Maceda, Music of the Magindanao in the Philippines (Ph. D. dissertation, U. C. L. A., 1963 ; 2 vol.). / D. Morton, Traditional Instrumental Music of Thailand (Ph. D. dissertation, U. C. L. A., 1964 ; 2 vol.). / Musique khmère (Phnom Penh, 1969).

Asie du Sud-Est (Organisation du traité de l’)

ou O. T. A. S. E. Alliance défensive conclue à Manille le 8 septembre 1954 et dont les membres se sont engagés à coopérer pour accroître leur développement et préserver l’indépendance des nations libres de cette zone.



Historique

Les accords de Genève de 1954, qui mirent fin à la guerre d’Indochine au lendemain de Diên Biên Phu, consacrèrent le désengagement de la France dans le Sud-Est asiatique. Pour faire face à la menace chinoise, les États-Unis, qui n’avaient pas signé les accords de Genève, s’efforcèrent d’organiser en Asie une alliance semblable au pacte de l’Atlantique Nord. Mais cette alliance visait à rassembler des nations aux intérêts divergents et dont la souveraineté était encore souvent mal assurée. Malgré les réticences de certains États et le refus de l’Inde et de l’Indonésie, les négociations aboutirent à la signature du pacte de Manille par huit pays : Australie, France, Nouvelle-Zélande, Pākistān, Philippines, Thaïlande, Royaume-Uni et États-Unis.


Objectifs et structures de l’alliance

Les objectifs du pacte sont définis dans ses articles 2 et 3, aux termes desquels il est précisé que les membres, « en développant leurs propres ressources et en s’aidant mutuellement, maintiendront et accroîtront leur capacité individuelle et collective de résister à une attaque armée et de prévenir et combattre toutes les activités subversives dirigées de l’extérieur contre leur intégrité territoriale et leur stabilité politique ». Ils s’engagent à coopérer « pour poursuivre le développement des mesures économiques propres à favoriser le progrès économique et le bien-être social ».

La zone du traité englobe « l’ensemble de la région de l’Asie du Sud-Est, y compris tous les territoires des parties asiatiques, ainsi que l’ensemble de la région du Pacifique Ouest située au sud du parallèle 21° 30′ de latitude N. » (excluant Formose et Hong-kong). En outre, un protocole annexe place les territoires du Cambodge, du Laos et du Viêt-nam du Sud sous la protection de l’O. T. A. S. E.

L’alliance adopta des structures inspirées de celles de l’O. T. A. N., mais assurant une souplesse plus grande et un engagement moins immédiat. Son siège fut fixé à Bangkok en Thaïlande.

Au sommet, le Conseil de l’alliance, constitué par les ministres des Affaires étrangères des pays membres et se réunissant chaque année, fixe la ligne politique générale de l’alliance. Il est assisté sur le plan civil par le Comité des représentants du Conseil, comprenant les ambassadeurs des pays membres rassemblés chaque mois à Bangkok de façon à assurer une consultation quasi permanente et à superviser les travaux de l’organisation, et sur le plan militaire par le Comité des conseillers militaires nommés par chaque nation, chargé d’analyser deux fois par an les implications militaires des récents événements et de fixer les directives relatives à l’établissement des plans de défense commune.

Deux organismes, l’un civil, le Groupe permanent de travail, l’autre militaire, le Bureau permanent des études militaires, suivent l’évolution des différents problèmes de leur ressort, effectuent les études approfondies nécessaires au fonctionnement des comités directeurs et établissent les plans d’action. Des comités d’experts et de spécialistes sont chargés de traiter certains problèmes particuliers tels que : la sécurité, l’information, l’économie, la subversion, la cartographie, etc. Enfin, un secrétaire général, directeur des services permanents, coordonne l’action des différents organismes de l’alliance.


Réalisations et évolution de l’O. T A. S. E.

Les activités de l’alliance se sont traduites :
— en matière de coopération économique, technique et culturelle, par la réunion de conférences régionales sur des questions d’intérêt mutuel, par l’octroi de bourses d’études dans les différents pays du pacte et par la création d’organismes tels que l’Institut asiatique de technologie (Thaïlande), des centres d’apprentissage, des écoles d’enseignement technique militaire, des laboratoires de recherche médicale, etc. ;
— en matière de défense, par la participation des forces de certains pays membres à la défense du Viêt-nam du Sud et de la Thaïlande, et par l’exécution de manœuvres interarmées destinées à assurer une coordination plus étroite des forces armées.

Ces résultats ne doivent pas dissimuler les tensions qui n’ont pas tardé à se manifester entre les signataires du pacte. L’engagement militaire croissant des États-Unis au Viêt-nam du Sud a fait craindre à leurs alliés d’être entraînés dans un conflit généralisé. La France, qui avait vu dans le pacte un moyen de préserver son influence et ses intérêts dans le Sud-Est asiatique, a participé à toutes les activités de l’alliance jusqu’en 1965 ; depuis lors, en opposition avec la politique de force menée par les États-Unis au Viêt-nam, elle a pris ses distances avec l’Organisation et n’assiste plus aux réunions du Conseil, mais maintient sa contribution financière. Le Pākistān, partisan d’une solution politique en Indochine et déçu de l’attitude des États-Unis dans son conflit avec l’Inde, est en désaccord avec l’intervention armée au Viêt-nam et se montre plus attaché à son appartenance au CENTO (ex-pacte de Bagdad). La nouvelle orientation de l’Indonésie rassure la Nouvelle-Zélande et l’Australie, mais le désengagement de la Grande-Bretagne en Malaisie et à Singapour (qu’elle évacue en 1969) renforce l’isolement de ces deux nations blanches face au monde jaune et accroît leurs responsabilités dans la zone du traité.