Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

respiration (suite)

Le rapport du volume de gaz carbonique dégagé au volume d’oxygène absorbé en un temps donné par une plante donnée est appelé « quotient respiratoire ». Son étude apporte des renseignements sur la nature du produit dégradé au cours des oxydations cellulaires. C’est en expérimentant sur une moisissure, Sterigmatocystis nigra, capable de se nourrir presque exclusivement de glucides, ou de protides, ou de lipides, qu’on a pu faire des études précises. En milieu sucré, le quotient est égal à 1. Il tombe en dessous avec des glycérides (0,7 pour la trioléine) et avec les protides, qui ont besoin d’un plus grand apport d’oxygène pour être oxydés. Par contre, pour les acides organiques contenant de fortes proportions d’oxygène, le quotient respiratoire s’élève lorsqu’ils sont dégradés (1,33 pour l’acide malique).

Lors de la germination des graines oléagineuses, les lipides de réserve sont consommés, et le quotient est très bas — jusqu’à 0,5 ou 0,3 —, tandis que, lors de la synthèse de ces mêmes réserves, ce quotient était supérieur à 1. Pendant la maturation des fruits, on assiste à une acidification, avec un quotient inférieur à 1 ; ce phénomène est compensé à la fin, lors de la destruction des acides (QR > 1). S’il y a réduction de nitrates, l’hydrogène libéré par la respiration est fixé sur ces derniers sans nécessiter d’oxygène, et il y a augmentation du quotient.

Ainsi, l’étude du QR permet de suivre les phénomènes chimiques au niveau de la cellule : transformation de glucides en acides organiques et, inversement, réduction des nitrates et même apparition de processus fermentaires.

Les phénomènes profonds de la respiration au sein de la cellule végétale s’apparentent étroitement à ceux que l’on observe dans les cellules animales. Dans l’un et l’autre cas, les métabolites sont détruits progressivement avec libération d’énergie. Le mécanisme de cette lyse est extrêmement complexe. L’oxydation est très rarement obtenue par fixation d’oxygène ; si de l’oxygène gazeux marqué est fourni à l’individu, on ne le retrouve pas dans le gaz carbonique ; par contre, si c’est dans le métabolite (sucre par exemple) qu’il est placé, on le retrouve dans le CO2. C’est par déhydrogénation que les substances sont le plus souvent oxydées, ou, ce qui revient au même, par perte d’électrons. L’arrachage d’hydrogène et celui de gaz carbonique de la molécule sont liés et constituent une décarboxylation oxydative ; celle-ci se fait en présence de carboxylase, alors que la perte d’hydrogène est facilitée par la présence d’autres enzymes, déshydrogénases ou déshydrases ; l’hydrogène libéré est transporté jusqu’à l’oxygène respiratoire par une chaîne de transporteurs, constituant ainsi une oxydoréduction. La chaîne est souvent assez longue et, peu à peu, il y a libération d’énergie, qui peut être récupérée. Il y aurait formation très fugitive d’eau oxygénée, qui est très vite transformée en eau et en oxygène, sous l’action de la catalyse :
2H+ + O2 → H2O2 ;
2H2O2 → 2H2O + O2.
L’hydrogène ne s’accumule jamais de façon importante dans l’organisme, faute de quoi apparaîtraient des troubles graves du métabolisme.

Ce sont le plus souvent les glucides qui sont utilisés au cours de la respiration. L’amidon de réserve est transformé en sucres par diverses enzymes : amylase α et β chez les végétaux supérieurs, et isoamylase chez les levures ; mais c’est la phosphorolyse de l’amidon qui semble le phénomène le plus important :
(C6H10O5)n + n PO4H3 → n glucose — 1 phosphate,
sous l’action d’une phosphorylase.

C’est sous la forme phosphorylée que les oses sont utilisés lors du processus respiratoire, et les molécules qui n’ont pas ainsi été phosphorylées le seront avant toute autre évolution lytique. Ce travail demande alors non seulement la présence d’A. T. P. capable de céder son phosphate et de l’énergie, mais aussi celle d’une enzyme : l’hexokinase.

Quelle que soit l’origine du glucose-phosphate, il est ensuite transformé en fructose 1-6-phosphate avec l’aide d’une nouvelle molécule d’A. T. P. et des enzymes. Ce fructose sera ensuite rompu en deux trioses phosphorylés, qui donnent l’un et l’autre de l’aldéhyde phosphoglycérique ; ce dernier se transforme, en présence d’oxygène, en acide phosphoglycérique, puis en acide pyruvique avec réapparition d’A. T. P.

Puis on assiste, suivant les modalités du cycle de Krebs, notamment, à la décomposition totale de l’acide pyruvique précédemment formé. Ce cycle explique l’oxydation du radical CH3—CO— qui est injecté dans le cycle pour constituer un corps en C6 (acide citrique), lequel est peu à peu ramené par perte de CO2 et H à l’acide oxaloacétique en C4, sous l’influence de diverses enzymes. Au cours de ces transformations, il y a élaboration d’A. T. P., qui se trouve disponible pour effectuer diverses réactions chimiques dont la cellule a besoin. Ainsi, une énergie nouvelle est-elle arrachée à la molécule de glucose et mise à la disposition de la substance vivante. C’est au niveau des mitochondries qu’ont lieu la plupart de ces phénomènes.

J.-M. T. et F. T.

responsabilité

Obligation générale de répondre des conséquences de ses actes.



Définition

On distingue la responsabilité juridique, qui oblige un individu à répondre de ses actes devant les hommes, de la responsabilité morale, qui l’oblige à en répondre devant sa conscience. Dans la mesure où notre responsabilité juridique repose encore largement sur la notion de faute, les deux responsabilités ont de nombreux points communs, mais la responsabilité juridique, qui suppose une manifestation extérieure et un préjudice souffert par quelqu’un, est plus facile à apprécier que la responsabilité morale.

La responsabilité juridique elle-même se subdivise en responsabilité pénale et responsabilité civile. La responsabilité pénale est celle qui est encourue par un individu qui, ayant causé un préjudice à la société par un acte délictueux, est tenu de subir la peine attachée à cet acte par la loi. La responsabilité civile est celle qui est mise à la charge d’une personne physique ou morale tenue de réparer les conséquences d’un dommage subi par une autre — la victime —, atteinte dans son intégrité physique, ses sentiments ou ses biens. Alors que la responsabilité pénale ne peut être mise en jeu qu’à propos d’infractions* limitativement énumérées, la responsabilité civile peut être engagée à propos d’actes plus souplement définis, et, d’après l’article 1382 du Code civil, tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage donne lieu à réparation. Alors que la responsabilité pénale, dont le but est de punir l’auteur du fait répréhensible, est proportionnée à la gravité de sa faute, la responsabilité civile, ayant pour but de réparer un dommage, est calculée par rapport à l’importance de ce dommage pour la victime. (Pour la responsabilité pénale, v. contravention, crime, délit, pénologie.)