Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

requiem (suite)

À partir du xviie s., la messe des morts subit de profonds changements avec l’avènement du style concertant. Elle devient une grande cantate avec chœur, solistes et orchestre. Les compositeurs cherchent à en faire une œuvre colorée et contrastée. Ils se servent de moins en moins des thèmes du plain-chant, et le texte du Dies irae, avec ses sentiments d’épouvante et de miséricorde, va les tenter : ainsi Lully*, dans son Dies irae gour voix et orchestre. Cependant, Étienne Moulinié (début du xviie s. - apr. 1668) écrit encore sa Missa pro defunctis (éditée en 1636) en style polyphonique a cappella, et P. F. Cavalli* compose pour ses obsèques un Requiem à 8 voix, utilisant les thèmes liturgiques. La Messe des morts de Jean Gilles (1669-1705) sera jouée à ses obsèques, à celles de Rameau et de Louis XV. Citons encore la Messe de Requiem (v. 1722) d’André Campra* et les œuvres de Giovanni Battista Bassani, d’Antonio Lotti, d’Antonio Caldara, de Francesco Durante, de Niccolo Jommelli, d’esprit assez mondain. La fin du xviiie s. s’illustre avec le Requiem de Johann Adolf Hasse (1763), celui de Johann Michael Haydn* (1771), celui d’Antonio Salieri et surtout celui de Mozart* (1791), dernière œuvre du maître, que la mort l’empêchera de terminer et qui sera achevée par son élève Franz Xaver Süssmayr. La Messe des morts (1760) de Gossec*, avec son Tuba mirum pour baryton, solo et deux orchestres, dont un pour les instruments à vent, annonce celle de Berlioz.

Au xixe s., les musiciens useront de toutes les ressources du grand orchestre et des voix pour marquer le drame de la mort. Ils écriront des œuvres monumentales, n’ayant plus grand rapport avec le service liturgique. La Messe de Requiem de Cherubini*, écrite pour les funérailles du duc de Berry, emploie une instrumentation brillante. La Grand-Messe des morts de Berlioz* sera exécutée aux Invalides pour les obsèques du général Damrémont (1837). Ses contrastes brusques, ses quatre fanfares de cuivres du Tuba mirum donnent une impression de grandeur et d’épouvante plus que de mysticisme. La Messa di Requiem (1874) de Verdi*, dédiée à la mémoire de l’écrivain A. Manzoni, s’augmente d’un Libera me composé pour la mort de Rossini. Elle s’inspire plus de l’esthétique théâtrale que de l’esthétique religieuse, malgré l’emploi d’une écriture sévère dans certains fragments (fugues du Sanctus et du Libera me). Opposés à cet esprit, mentionnons le Requiem de Gounod* (1842) et celui de Fauré* (1887-88), qui, par sa mesure, sa retenue dans l’expression et une certaine suavité, dégage une atmosphère de paix confiante. Pour cette période, retenons encore le Requiem de Schumann* (1852), celui de Liszt* (1883) et celui de Dvořák* (1890). Ein deutsches Requiem de Brahms* (1868) est une cantate funèbre sur un texte allemand du musicien, emprunté à l’Écriture sainte.

Parmi les contemporains, outre le Requiem de Désiré Émile Inghelbrecht (1941) et celui de Jean Rivier (1953), on citera celui de Maurice Duruflé (1947) pour soli, chœur, orgue et orchestre. Par sa concision et l’emploi qu’il fait des thèmes grégoriens, Duruflé renoue avec la meilleure tradition religieuse.

Y. de B.

Requins

Poissons cartilagineux marins au corps profilé, à la queue puissante, recouvert d’écailles placoïdes, ou denticules cutanés.


Apparus au Lias, les Requins n’ont pratiquement pas évolué depuis le début de l’ère tertiaire.

La classe des Poissons cartilagineux (Chondrichthyens) se subdivise en deux sous-classes : celle des Sélaciens* et celle des Holocéphales (Chimères*). Les Sélaciens se subdivisent à leur tour en Hypotrèmes, ou Raies*, et en Pleurotrèmes, ou Requins, suivant que les fentes branchiales s’ouvrent ventralement ou latéralement.

Les Pleurotrèmes, Squales ou Requins, forment un groupe systématique relativement homogène en ce qui concerne la forme générale du corps. Ce sont des animaux pélagiques ou littoraux, bons nageurs, chez lesquels l’organe locomoteur essentiel est la queue, terminée par une nageoire caudale hétérocerque ; l’axe squelettique s’incurve dans le lobe dorsal de cette nageoire, qui apparaît ainsi plus grand que le lobe ventral.

On subdivise les Requins en quatre ordres et en une quinzaine de familles.


Les Hexanchiformes

Ce sont les plus primitifs des Requins actuels ; alors que les autres Pleurotrèmes possèdent cinq paires de fentes branchiales en arrière des évents, ou spiracles, ils en ont sept paires, comme le Perlon, ou six paires, comme le Griset ou le Requin à collerette.

Le Perlon (Heptranchias perlo) se rencontre dans la Méditerranée et l’Atlantique, dans les eaux profondes. Il se rapproche de la surface pour pondre, et les jeunes se développent près des côtes, avant de gagner les zones bathiales. Le Griset (Hexanchus griseus) est un Poisson pélagique des mers chaudes, qui peut atteindre 5 m de long ; il pourchasse longuement les Poissons dont il se nourrit. Le Requin à collerette (Chlamydoselachus anguineus) est le plus primitif des Squales ; il doit son nom à la frange tégumentaire qui orne le bord postérieur de chacune des six fentes branchiales latérales. L’adulte, qui peut atteindre 2 m, comme le Perlon, se nourrit surtout de Céphalopodes. Le développement embryonnaire se déroule dans les oviductes de la femelle, et le jeune est mis bas quand il a atteint environ 60 cm. Bien que cosmopolite, ce Requin se rencontre surtout dans le Pacifique et l’Atlantique Sud.


Les Hétérodontiformes

Ce sont les Requins de Port Jackson (Heterodontus). Ils possèdent deux dorsales, précédées chacune d’un aiguillon, et une denture formée de petites dents pointues en avant, de grosses dents molariformes en arrière. Les Hétérodontiformes sont des animaux de taille moyenne (1,50 m), qui se nourrissent de coquillages et d’Oursins dans les eaux côtières du Pacifique et de l’océan Indien.


Les Galéiformes

Ils sont caractérisés par la présence de deux nageoires dorsales inermes (sans aiguillon), d’une anale et d’une caudale échancrée ventralement. On y distingue huit familles.