Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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République (IIIe) (suite)

À l’intérieur, le parti communiste est dissous (26 sept.) ; trente-cinq de ses députés sont déchus de leur mandat (20 janv. 1940), ce qui déplace vers la droite l’axe de la majorité ; celle-ci oblige Daladier à démissionner (20 mars) au profit de Paul Reynaud, qui s’engage à ne pas conclure d’armistice séparé (accord franco-britannique, 28 mars). Ne pouvant sauver la Norvège ni couper définitivement la route du fer (avr.), l’armée française ne parvient pas à résister à l’offensive allemande des Ardennes (10 mai). La percée de Sedan permet à l’ennemi de tourner la ligne Maginot et d’encercler les forces alliées à Dunkerque, qui succombe le 4 juin, tandis que l’Italie déclare la guerre à la France (10 juin). L’entrée du maréchal Pétain au gouvernement (18 mai), la nomination du général Weygand* au commandement suprême ne peuvent sauver la situation. Les dirigeants français, devant l’ampleur du désastre, demandent un armistice immédiat ; ils sont suivis par une partie du gouvernement, alors que l’autre fraction, sous l’impulsion de Reynaud, accepterait une capitulation des troupes métropolitaines pour poursuivre la lutte outre-mer, avec l’appui de la flotte, qui est intacte. Mis en minorité par ses ministres, Reynaud démissionne à Bordeaux (16 juin) et est remplacé par le maréchal Pétain, qui signe un armistice le 22 juin avec l’Allemagne et le 24 avec l’Italie (v. Guerre mondiale [Seconde], France [campagne de] et Vichy [gouvernement de]).

P. P.

➙ Action française / Algérie / Alsace / Anarchisme / Antisémitisme / Barrès (Maurice) / Blum (Léon) / Boulanger (Georges) / Bourbon / Briand (Aristide) / Broglie (de) / Cailloux (Joseph) / Carnot (les) / Cartel des gauches / Castelnau / Catholicisme libéral / Catholicisme social / Clemenceau (Georges) / Commune / Communisme / Défense nationale (gouvernement de la) / Delcassé (Théophile) / Dreyfus (Affaire) / Empire colonial français / Faidherbe (Louis Léon) / Ferry (Jules) / Foch (Ferdinand) / Franc / France / France (campagne de) [1940] / Franc-maçonnerie / Franco-allemande (guerre) / Front populaire / Gallieni (Joseph) / Gambetta (Léon) / Gaulle (Charles de) / Guesde (Jules) / Guerre mondiale (Première) / Guerre mondiale (Seconde) / Herriot (Édouard) / Indochine française / Internationales (les) / Jaurès (Jean) / Joffre (Joseph) / Lavigerie (Charles) / Lesseps (Ferdinand de) / Lyautey (Louis Hubert) / Mac-Mahon (Patrice de) / Madagascar / Maroc / Maurras (Charles) / Millerand (Alexandre) / Orléans (famille d’) / Ouvrière (question) / Painlevé (Paul) / Panamá (les scandales de) / Parlement / Perier (les) / Pétain (Philippe) / Poincaré (Raymond) / Radicalisme / Rhénanie / Ruhr / Séparation des Églises et de l’État / Socialisme / Syndicalisme / Thiers / Tunisie / Vatican / Vichy (gouvernement de) / Waldeck-Rousseau (Pierre) / Weygand (Maxime).

 J. Bainville, Histoire de la troisième République (Fayard, 1935). / G. Bourgin, la 3e République, 1870-1914 (A. Colin, 1939 ; nouv. éd., coll. « U 2 », 1968). / F. Goguel, la Politique des partis sous la IIIe République (Éd. du Seuil, 1946 ; 2 vol.). / P. Bauju et H. Dubois, la 3e République (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 8e éd., 1975). / J. Chastenet, Histoire de la IIIe République (Hachette, 1952-1963, 7 vol. ; rééd., 1973 et suiv.). / E. Bonnefous, Histoire politique de la IIIe République (P. U. F., 1956-1967 ; 7 vol.). / J. Néré, la Troisième République, 1914-1940 (A. Colin, 1966 ; nouv. éd., coll. « U 2 », 1973) ; la Crise de 1929 (A. Colin, coll. « U 2 », 1968). / G. Bonnet, De Munich à la guerre (Plon, 1967) ; Dans la tourmente, 1938-1948 (Fayard, 1971). / G. Lefranc, le Mouvement syndical sous la IIIe République (Payot, 1967). / P. Barral, les Fondateurs de la IIIe République (A. Colin, coll. « U », 1968). / M. Baumont, la Troisième République (Rencontre, Lausanne, 1968). / E. Berl, la Fin de la IIIe République, 10 juillet 1940 (Gallimard, 1968). / L. Girard, la Politique intérieure de la IIIe République, 1871-1914 (C. D. U., 1968). / P. Pierrard, Dictionnaire de la Troisième République (Larousse, 1968). / W. L. Shirer, The Collapse of the Third Republic (New York, 1969 ; trad. fr. la Chute de la Troisième République, Stock, 1970). / J. P. Azéma et M. Winock, la IIIe République (Calmann-Lévy, 1970). / Y. H. Gaudemet, les Juristes et la vie politique de la IIIe République (P. U. F., 1970). / P. Guérin, Artisans et facteurs de continuité ministérielle sous la IIIe République (Éd. Marescot, 1971). / J.-M. Mayeur, les Débuts de la IIIe République, 1871-1898 (Éd. du Seuil, 1973). / R. Cartier, l’Entre-deux-guerres (Larousse, 1974). / M. Rebérioux, la République radicale (Éd. du Seuil, 1974). / H. Dubief, le Déclin de la IIIe République, 1929-1938 (Éd. du Seuil, 1976).


La politique militaire et les armées de la IIIe République

Née en pleine bataille de la défaite des armées du second Empire*, la IIIe République aura à cœur de reforger l’appareil militaire qui donnera à la France la victoire de 1918. Abandonnée par ses alliés dès 1919, affaiblie par les immenses sacrifices consentis durant la Première Guerre mondiale, minée par ses divisions intestines et incapable de s’opposer au réarmement de l’Allemagne hitlérienne, elle s’effondrera en 1940 pour n’avoir pas su doter la France de forces armées correspondant à ses responsabilités dans le monde, ni même aux exigences élémentaires de sa propre sécurité.


La préparation de la revanche : 1871-1914

Amputée de l’Alsace-Lorraine, sans alliés, avec une frontière ouverte sur les « provinces perdues », la France de 1871 entreprend, dans le recueillement qui suit la défaite et le drame de la Commune*, la reconstruction de son appareil militaire. Sa stratégie, évidemment, ne peut qu’être défensive ; aussi, sans même attendre le départ, en 1873, des « occupants » prussiens, un Comité de défense confie dès 1872 au général Raymond Séré de Rivières (1815-1895) la charge d’édifier un système fortifié capable de barrer la frontière de l’Est et de couvrir la mobilisation et la concentration des troupes. Au même moment sont votées les lois qui renouvellent les structures de l’armée. Objet d’un compromis entre l’Assemblée nationale, désireuse d’adopter comme l’Allemagne le principe d’un service militaire obligatoire, et Thiers, demeuré un partisan résolu de l’armée de métier, la loi de recrutement du 27 juillet 1872 n’est qu’une timide approche de l’armée nationale. Si elle supprime exemption et remplacement, elle confie au tirage au sort le soin de répartir le contingent entre ceux qui font cinq ans et ceux qui n’en font qu’un. L’orientation est pourtant nettement dessinée, mais il faudra attendre les lois du 15 juillet 1889, visant l’uniformisation du service, et surtout celle du 21 mars 1905 pour qu’entre complètement dans les faits le principe de la nation armée avec un service de deux ans, universel, personnel et obligatoire pour tous les Français, et une instruction généralisée des réserves (v. service national).