Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Reptiles (suite)

La reptation n’est pas le seul mode de locomotion des Reptiles. Certains Lézards sont assez agiles et courent rapidement, notamment le Basilic, qui devient alors bipède, la queue faisant office de balancier. D’autres, les Caméléons par exemple, sont arboricoles ; main et pied forment des pinces qui permettent à l’animal de saisir fermement les rameaux. Les Geckos, pour grimper sur les surfaces verticales, présentent des ventouses aux quatre membres. Une autre espèce arboricole, le Dragon volant (Agamidé de l’Inde), peut en outre se laisser planer sur plusieurs mètres grâce à un repli cutané de ses flancs que soutiennent les côtes très allongées. Enfin, parmi les Reptiles qui sont redevenus aquatiques, les Tortues marines ont différencié des palettes natatoires, tandis que les Crocodiliens se déplacent par battements latéraux de la queue.


La tête

Le crâne des Reptiles est moins aplati que celui des Amphibiens. Alors qu’il est très massif chez les Tortues et, à un moindre degré, chez les Crocodiles, il montre chez les Squamates une fenestration qui l’allège beaucoup. Il existe, comme chez les Oiseaux, un seul condyle occipital pour l’articulation de la colonne vertébrale. La mandibule est formée de nombreux os ; elle s’articule sur le carré, qui a lui-même, notamment chez les Serpents, une assez grande mobilité par rapport au neurocrâne ; grâce à cette disposition, les Serpents peuvent avaler des proies de grande taille. L’oreille moyenne comporte, comme chez tous les Tétrapodes à l’exception des Mammifères, un seul osselet, ou columelle, qui transmet les vibrations du tympan à la fenêtre ovale.

Dans la cavité buccale, ce sont le dentaire à la mâchoire inférieure, le prémaxillaire et le maxillaire à la mâchoire supérieure qui portent les dents ; ces dernières sont en général coniques, plus pointues en avant, plus émoussées en arrière, et leur rôle essentiel est de retenir les proies plutôt que de les fragmenter. Dans la majorité des cas, les dents sont soudées par toute leur base (fixation acrodonte), ou par leur face externe à l’os dentigère (fixation pleurodonte) ; chez les Crocodiliens, toutefois, chaque dent est fixée dans son alvéole. On trouve encore, chez quelques espèces, des rudiments de denture vomérienne ou palatine. Chez les Reptiles à denture acrodonte, il existe une seule génération dentaire ; chez les autres, les dentitions se succèdent et on peut en compter une vingtaine ou plus au cours de la vie. Seuls les Serpents montrent une différenciation dentaire, par les crochets qui sont liés aux glandes venimeuses (glandes salivaires modifiées). La présence et l’emplacement de ces crochets sont à l’origine de la classification de ce sous-ordre. Les Aglyphes sont dépourvus de crochets ; les Opisthoglyphes ont les crochets situés en arrière sur la mâchoire supérieure ; chez les Protéroglyphes, ces mêmes crochets sont situés en avant ; dans ces deux cas, les crochets sont canaliculés — un sillon antérieur permet l’écoulement du venin* dans la proie mordue —, tandis que, chez les Solénoglyphes (Vipère*), le crochet, situé également à la partie antérieure de la mâchoire, a la structure d’une aiguille hypodermique. Chez les Tortues, un bec corné remplace les dents, qui font défaut.


Régime alimentaire et tube digestif

Bien que certaines Tortues soient des herbivores stricts et que d’autres soient carnivores, bien que les régimes alimentaires soient également des plus variés chez les Lézards — le plus souvent omnivores à prédominance carnivore ou insectivore —, on n’observe pas chez les Reptiles de corrélation étroite entre le régime alimentaire et la denture ou la forme du bec.

La langue des Reptiles est massive et charnue chez les Tortues et les Crocodiliens ; chez les Squamates, elle devient un organe protractile pouvant servir à la capture des proies (Caméléon, Gecko) ou à l’analyse tactile et olfactive du milieu ambiant (Vipère). Le tube digestif comprend tous les organes typiques des Vertébrés. La longueur de l’intestin est fonction du régime alimentaire : il est très long chez les Tortues herbivores, très court chez les Lézards à régime carnassier. L’intestin débouche dans un cloaque, où confluent également les conduits urinaires ou génitaux. L’orifice cloacal est longitudinal chez les Crocodiliens, transversal chez les autres Reptiles.


L’appareil respiratoire

Les Reptiles respirent par des poumons moins complexes dans leur structure que ceux des Mammifères. La voie d’accès de l’air aux poumons passe par la cavité nasale, que les choanes relient à l’arrière-bouche, au voisinage immédiat de la glotte. Il existe en effet un palais secondaire, qui isole en grande partie les voies respiratoires des voies digestives en reportant vers l’arrière l’orifice des choanes. Cette disposition est particulièrement nette chez les Crocodiles, qui peuvent ainsi se nourrir sous l’eau. La trachée-artère conduit aux deux bronches ; chez les Serpents et quelques Lézards apodes, un des poumons dégénère (le gauche chez les Serpents, le droit chez les Amphisbènes). La structure pulmonaire interne est relativement simple chez les Reptiles les plus primitifs : la bronche débouche dans le sac pulmonaire, incomplètement partagé en chambres respiratoires pourvues d’alvéoles ; l’évolution de la structure pulmonaire se traduit par une ramification des bronches et un découpage plus intense des chambres respiratoires ; quelquefois, comme chez les Caméléons, ces chambres sont suivies de diverticules non cloisonnés, disséminés entre les organes abdominaux, les sacs aériens (semblables à ceux des Oiseaux). Les Reptiles respirent par des mouvements de la cage thoracique ; chez les Crocodiles s’y ajoutent les mouvements du diaphragme, non homologue de celui des Mammifères ; peut-être qu’interviennent également, comme chez les Amphibiens, des mouvements du plancher buccal (déglutition de l’air). Sans doute, certaines Tortues aquatiques ont-elles en outre la possibilité d’effectuer des échanges respiratoires dans l’eau, au niveau de la muqueuse buccopharyngée, très vascularisée.