Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

réparation navale (suite)

La réparation des avaries subies par les navires

Un navire avarié à la suite d’un accident : collision, échouage, etc., exige parfois des opérations de sauvetage ou de renflouement comportant certaines réparations provisoires pour permettre son remorquage dans un port où il puisse être réparé définitivement. La réparation nécessite en général la mise à sec du bâtiment dans un ouvrage portuaire approprié. Les réparations n’affectant que les œuvres mortes du navire s’effectuent à quai.


Les ouvrages portuaires de réparation navale

Les principaux ouvrages portuaires utilisés pour la réparation et l’entretien des navires sont : les formes de radoub ; les docks flottants ; les cales de halage ; les grils de carénage.

• Formes de radoub. On dit aussi bassin de radoub ou cale sèche, le radoub étant la réparation ou l’entretien de la coque d’un navire. Une forme de radoub est un bassin étanche fermé par un et quelquefois deux bateaux-portes et qui peut être mis à sec par pompage de l’eau qu’il contient. Le navire repose sur le fond, ou radier, par l’intermédiaire d’une ou plusieurs files d’empilages en bois, ou tins. S’il n’y a qu’une seule file de tins, le navire est maintenu latéralement par des pièces de bois de longueur appropriée, ou accores. Les formes de radoub sont équipées :
— des engins d’amarrage permettant la tenue du navire avant sa mise à sec ou après sa remise en eau ;
— des appareils de manœuvre (cabestans et treuils) utiles pour déplacer le navire lorsque l’action des remorqueurs devient inefficace ;
— des engins de levage (grues, portiques) nécessaires aux manutentions exigées par les réparations ;
— de moyens d’éclairage intensif permettant le travail de nuit.

• Docks flottants. Un dock est un flotteur dont la section transversale a la forme d’un U. Il comporte d’une part une partie horizontale dont le dessus, pourvu d’une ou plusieurs lignes de tins, supporte le navire, d’autre part deux parois latérales, ou murailles. Cet ensemble est divisé en un grand nombre de compartiments étanches dont le vidage ou le remplissage à l’eau par pompage permet de faire varier la flottabilité du dock. Les murailles, dont une partie émerge constamment, assurent sa stabilité. Elles servent en outre à supporter son équipement : grues, pompes, groupes électrogènes, etc.

Pour faire passer un navire sur le dock, on enfonce celui-ci à la profondeur convenable en remplissant d’eau des compartiments étanches. Le navire est ensuite placé au-dessus du dock, partiellement immergé. Puis, on pompe une quantité suffisante d’eau des compartiments étanches du dock qui, en se relevant, soulève le navire et le met à sec. L’opération inverse est effectuée pour sa remise à flot.

• Cales de halage. Les cales de halage sont constituées par un plan incliné sur lequel on hale le navire au moyen d’un puissant treuil, après l’avoir fait reposer sur un chariot, ou berceau, roulant sur une voie. Il existe deux types de cales de halage :
— les cales en long, sur lesquelles l’axe du navire est parallèle à la voie unique ;
— les cales en travers, où l’axe du navire est perpendiculaire aux voies de roulement.

• Grils de carénage. Les grils de carénage n’existent que dans les ports à marée. Ils comportent une plate-forme d’échouage pourvue de tins. Placé en flottaison à marée haute au-dessus du gril, le navire s’échoue à marée basse, en venant s’appuyer sur des estacades, auxquelles on l’amarre pour l’empêcher de chavirer. Les grils de carénage ne conviennent qu’aux petits navires et, en raison des marées, ne permettent qu’une courte durée de travail à horaires variables.

E. C.

➙ Classification (société de) / Port / Remorquage maritime / Renflouement / Sauvetage.

 J. Latty, Traité d’économie maritime, t. I : la Construction navale dans l’économie nationale (École nat. sup. du génie maritime, 1951 ; 2 vol.). / J. Chapon, Travaux maritimes, t. II (Eyrolles, 1966 ; nouv. éd., 1972).

reportage, journalisme et littérature

Quelques années avant la Seconde Guerre mondiale, un journal littéraire français du nom de Micromégas avait présenté, sous le slogan « Les classiques avec nous ! », un numéro spécial d’actualité entièrement composé d’extraits d’auteurs antiques.


César y fournissait un excellent reportage de correspondant de guerre en Espagne, mais, si la guerre alors en cours avait eu lieu en Asie Mineure, on aurait aussi bien pu faire appel à Xénophon. Démosthène donnait un éditorial pénétrant de politique étrangère mettant les démocraties grecques en garde contre leur désunion devant le danger macédonien, mais, comme le passage ne nommait personne, il aurait aussi bien pu s’adresser aux démocraties européennes à propos du danger nazi. Quintilien tenait la rubrique universitaire, et la page féminine était assurée par Phèdre et Ovide.

L’étonnant succès de cette expérience montrait qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre la rédaction considérée comme littéraire et la rédaction journalistique — ou du moins certains aspects de la rédaction journalistique.

C’est dire qu’il n’y a pas deux manières d’écrire. Mais, ce fait étant reconnu, les différences entre le texte du journal et le texte du livre n’en existent pas moins.


Le texte du livre et le texte du journal

Ces différences tiennent aux caractéristiques particulières de chacun des deux media. Les unes sont liées aux mécanismes des appareils de production, les autres à l’équilibre des fonctions du texte, qui n’est pas le même dans les deux cas.

La différence la plus importante entre les appareils de production réside dans la périodicité du journal, opposée à l’unicité du livre. Le texte du livre est durable (les exemples que nous citions ci-dessus le prouvent), mais périssable (la mémoire historique élimine 99 livres sur 100 en quelques années), alors que le texte du journal est, par définition même, éphémère, mais s’inscrit dans un cadre durable qui est celui du titre : on oublie en quarante-huit heures tel article d’un journal qu’on lit fidèlement pendant un quart de siècle ou plus. Le texte du journal ne s’inscrit donc pas dans la durée de la même façon que le texte du livre.