Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Renoir (Jean) (suite)

 A. J. Cauliez, Jean Renoir (Éd. universitaires, 1962). / P. Leprohon, Jean Renoir (Seghers, 1967). / A. Bazin, Jean Renoir (Champ libre, 1971). / J. Renoir, Ma Vie et mes films (Flammarion, 1974) ; Écrits, 1926-1971 (Belfond, 1974). / C. Beylie, Jean Renoir (Cinéma d’aujourd’hui, 1975).

renseignement (aviation de)

Partie de l’aviation militaire ayant pour mission de recueillir des informations concernant un adversaire de façon à en surveiller les activités, à éclairer les forces amies et à les guider dans leur action propre.


Selon l’étendue de la zone d’action des avions utilisés pour ce recueil du renseignement, on parlera d’observation pour les distances courtes ou de reconnaissance tactique ou stratégique pour les plus longues. Les avions destinés au renseignement ont beaucoup évolué, à la mesure des progrès de l’aéronautique. Il en va de même des moyens utilisés pour le recueil de l’information : limités, à l’origine, à la seule vue du pilote, ils ont vite bénéficié de la photographie aérienne, d’abord de jour, puis de nuit ; enfin, la nature des informations recherchées s’est diversifiée, surtout depuis 1945, ce qui a provoqué l’apparition de nouvelles techniques.


1914-1918, naissance de l’aviation d’observation

L’invention des ballons a permis dès 1794 d’utiliser cet observatoire élevé à des fins militaires ; des détachements d’aérostiers ont fait partie des divisions en campagne jusqu’en 1918. Il était naturel que les militaires aient vu dans les succès sportifs de l’aviation des années 1908 et 1909 la possibilité de son adaptation à des tâches d’observation ; c’est pour cette fonction que l’avion a, pour la première fois, été introduit dans les armées en 1910 à l’occasion des manœuvres de Picardie. La Première Guerre mondiale allait montrer ses avantages sur le ballon captif. L’avion permettait en effet le survol des positions et même des arrières de l’ennemi, et c’est pour tenter d’empêcher ce dernier d’utiliser ses avions d’observation que l’aviation de chasse a été créée.

L’essentiel de l’histoire aérienne de cette guerre se ramène à la recherche désespérée par les deux adversaires d’une supériorité locale aveuglant l’observation ennemie et procurant à l’artillerie amie une efficacité incomparable, grâce à l’excellence du réglage des tirs par les avions. Étant donné le caractère statique de cette guerre de tranchées, c’est surtout l’observation — à vue et photographique — qui a été déployée. La reconnaissance plus lointaine est restée secondaire, sauf à la fin du conflit, où les Alliés, en raison de leur supériorité, ont pu rendre sa valeur au mouvement.


Conflits de doctrines après 1918

Après 1918, les opinions s’affrontent entre deux points de vue : d’un côté, les représentants des forces terrestres, ne voyant dans l’aviation qu’un auxiliaire du combat au sol, préconisent l’effort sur l’aviation d’observation et la chasse de protection, ces moyens étant affectés organiquement aux grandes unités terrestres ; de l’autre, les aviateurs, sans nier l’intérêt de cette aviation de coopération, demandent que l’on fasse la part la plus belle à l’aviation offensive de bombardement. Tout l’entre-deux-guerres est l’occasion de discussions à ce sujet dans tous les pays. En France, où l’aéronautique dépend du ministre de la Guerre, l’aviation de coopération a la priorité jusqu’en 1934, date de création d’une armée de l’air indépendante dont une des premières décisions sera de modifier la doctrine : en 1936, 41 p. 100 des appareils militaires français sont du type « observation » (Potez « 25 » et « 29 », Breguet « 27 »), il n’existe aucun avion de reconnaissance à grand rayon d’action et on ne compte que 25 p. 100 d’avions de bombardement ; les 34 p. 100 restants sont des monoplaces de chasse légers. De nouveaux programmes lancés en 1933 et 1936 nous donneront des avions plus modernes : les Mureaux « 117 » pour l’observation, Potez « 63-11 » et Bloch « 175 » pour la reconnaissance ; mais en 1939 leur nombre n’aura pas encore dépassé quelques dizaines.


1939-1945, le plein essor de l’avion de reconnaissance

La Seconde Guerre mondiale est avant tout une guerre de mouvement, et les quelques ballons d’observation « modernes », encore conservés par certains pays, disparaissent définitivement dans la tourmente de la Blitzkrieg. La Wehrmacht en enseignera la tactique à ses adversaires, qui l’adopteront à leur tour : les troupes au sol sont éclairées par une aviation d’accompagnement nombreuse constituée de nombreux petits avions, les « mouchards » (Henschel « 126 », Heinkel « 70 » ou Fieseler-Storch) travaillant par radio en étroite collaboration. L’ensemble des forces terrestres et de ces petits avions collant à la manœuvre est protégé par une couverture d’avions de chasse. En avant, préparant l’arrivée des forces de surface, des avions de reconnaissance, bimoteurs dérivés des bombardiers moyens Heinkel « 111 », Dornier « 17 », recueillent les informations nécessaires à la tenue à jour d’une situation générale.

Ainsi apparaît dès 1940 ce qui sera de pratique courante chez tous les belligérants : une aviation d’observation nombreuse affectée à l’armée de terre et composée d’avions légers — ce sera le « Piper-cub » chez les Américains — et une aviation de reconnaissance relevant du théâtre d’opérations et mettant en œuvre des avions à long rayon d’action très rapides. Ceux-ci, au contraire des avions de chasse ou de bombardement, opèrent isolément ; pour améliorer leurs performances, on supprime tout armement défensif, leur protection résidant dans leur vitesse. On est ainsi conduit à choisir, comme avion de reconnaissance, le meilleur avion de chasse du moment : tels seront entre autres les « Mosquito » britanniques, les « Mustang P. 51 » ou les « Lightning P. 38 » américains, auxquels s’ajouteront, le cas échéant, des bombardiers légers rapides qui ont l’avantage de pouvoir emporter de nombreuses caméras et de longs rouleaux de films. Ces avions opèrent soit par incursion rapide et à basse altitude sur des points précis, quand la zone à survoler est très dangereuse, soit en altitude et en prenant des films de larges zones capables de fournir une couverture cartographique dans les zones peu défendues. Parfois, les avions de reconnaissance sont accompagnés d’une escorte de chasse pour les protéger. De 1940 à 1945, la guerre a donné un développement considérable à la recherche du renseignement à partir de films photographiques. Les centaines de clichés rapportés à chaque mission ont nécessité la mise au point de moyens appropriés d’exploitation au sol. Des laboratoires équipés de machines automatiques de développement et de tirage en chaîne ont permis de livrer les clichés d’une mission dans un délai de l’ordre de l’heure ; des équipes spécialisées d’interprétateurs-photos étaient capables d’analyser ces clichés et d’identifier les objectifs en quelques heures. De nombreuses régions du globe pour lesquelles on ne disposait pas de cartes ont été ainsi l’objet de couvertures photographiques, et vers la fin de la guerre toute avance des forces terrestres était systématiquement précédée d’une couverture photographique à grande échelle largement diffusée aux unités.