Renoir (Auguste) (suite)
Mais, son tempérament le portant plus vers le dionysiaque que l’apollinien, Renoir se lasse des contraintes picturales qu’il s’est volontairement imposées et, après ces années de discipline, il retourne vers 1889 à ses anciennes amours. Alors naissent, dans l’éclat retrouvé, des toiles vivantes où sont rendues toutes les subtiles dispersions de la lumière. Les rayons s’accrochent aux formes, accentuent la plénitude et la fraîcheur des chairs, brouillent certaines structures en les chargeant d’un pouvoir de suggestion presque magique (la Dormeuse, 1897, coll. priv.).
À partir de 1898, l’artiste est atteint d’un rhumatisme articulaire qui le fait terriblement souffrir et le gêne dans son travail. Aussi décide-t-il de se retirer dans le Midi, à Cagnes, où il achète une maison (les Colettes). Le Salon d’automne de 1904 lui consacre une importante rétrospective. À partir de 1912, son état de santé empire, il ne peint qu’avec de grandes difficultés. Sa main ne pouvant plus se saisir des pinceaux, il doit avoir recours à des membres de son entourage pour les lui fixer aux doigts. Pourtant, sa production demeure abondante. Son art saisit toujours, avec le même élan communicatif, les moments les plus chaleureux de la vie, semblant même gagner en intensité colorée, car des rouges somptueux qu’on ne lui connaissait pas font leur apparition. Renoir prend alors pour modèles les membres de sa famille : sa femme, ses enfants, Pierre, Jean et Claude, dit Coco, et aussi Gabrielle Renard, la gouvernante, qu’il immortalise en des poses diverses : Gabrielle à la rose (1911, musée du Jeu de paume), Femme nue couchée (collection Jean Walter-Paul Guillaume, 1906 ou 1908).
Vers la fin de sa vie, Renoir s’est de plus adonné à la sculpture, créant de belles pièces avec l’aide d’un jeune élève de Maillol, Richard Guino (1890-1973). Seuls un médaillon et un buste de son fils « Coco » (1907 et 1908) sont entièrement de sa main. De retour à Cagnes après un voyage à Paris, où il a encore visité le Louvre, Renoir s’éteint le 3 décembre 1919, peu après avoir prononcé ces mots : « Vite, des couleurs [...] Rendez-moi ma palette. »
C. G.
G. Rivière, Renoir et ses amis (Floury, 1921). / D. Rouart, Renoir (Skira, Genève, 1954). / M. Drucker, Renoir (Tisné, 1955). / M. Gauthier, Renoir (Flammarion, 1958). / Renoir (Hachette, 1970). / F. Daulte, Auguste Renoir. Catalogue raisonné de l’œuvre peint, t. I : Figures 1860-1890 (Durand-Ruel, Lausanne, 1971). / M.-P. Fouchet, les Nus de Renoir (Clairefontaine, Lausanne, 1974).