Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rémora

Poisson téléostéen marin, que caractérise la présence, sur le dessus de la tête, d’un disque adhésif lui permettant de se fixer à des animaux ou à des bateaux.


Les Rémoras représentent six genres et huit espèces, actuellement très isolés parmi les Téléostéens. On en faisait autrefois l’ordre des Discocéphales ; on les range aujourd’hui dans l’ordre des Perciformes, dont ils ont les principaux caractères, mais dans le sous-ordre des Échénéoïdes, qu’ils sont seuls à occuper.

On peut prendre pour type le Rémora commun (Remora remora). C’est un Poisson d’une quarantaine de centimètres de long, d’une teinte uniforme gris ardoise à brun. La tête est déprimée et aplatie dorsalement par la présence du disque adhésif, qui comporte, dans une cuvette oblongue, de seize à dix-neuf paires de lamelles transversales. L’étude du développement embryonnaire a permis de constater que ce disque correspond à la première dorsale, épineuse, très fortement modifiée. Le disque apparaît chez les larves longues de 10 mm environ, et il devient fonctionnel quand l’animal a atteint une taille de 30 mm. Les lamelles sont les rayons modifiés de la nageoire. Elles sont couchées vers l’arrière au repos. Quand un Rémora veut se fixer à un support, il redresse à la verticale ses lamelles transversales, puis les couche vers l’arrière, ce qui crée un vide, et l’ensemble agit comme une ventouse. Le nombre de lamelles est un des éléments permettant d’identifier les espèces. Il existe une seconde dorsale, molle, opposée à l’anale. La caudale est ronde. Les pectorales sont surélevées, et les pelviennes sont en position thoracique, à l’aplomb des pectorales. Les écailles sont cycloïdes ; il n’y a pas de vessie natatoire. La bouche est forte, et la mâchoire inférieure est proéminente. On note en général une inversion pigmentaire : c’est la partie ventrale du corps qui est la plus sombre ; cette inversion est sans doute liée au fait que ces Poissons se fixent par leur région dorsale.

Tous les Rémoras sont pélagiques, et on les trouve le plus souvent fixés par leur disque adhésif à de gros animaux ou même à des navires. La force d’adhérence est considérable, et il est pratiquement impossible de faire lâcher prise à un Rémora : on peut tout juste le faire glisser vers l’avant, et cet animal peut glisser lui-même avec beaucoup de vivacité quand on cherche à le capturer. Les habitants des Antilles et de Madagascar utilisent d’ailleurs cette propriété pour se livrer à une pêche d’un genre bien particulier. On prend en effet aisément les Rémoras à la ligne. On les attache alors à un filin, par la queue, et on les envoie se fixer sur une plus grosse proie, qu’on capture ainsi aisément. Le Rémora commun se fixe aux Requins, aux Espadons, aux Mérous ou aux Tortues de mer. En général, il se place à la face ventrale de son hôte et peut rester fixé des jours entiers, se faisant ainsi transporter sans effort. Comme la plupart des animaux pélagiques, il est cosmopolite et se rencontre dans toutes les mers tropicales et tempérées chaudes ; il est toutefois rare en Méditerranée. Le Rémora rayé (Echeneis naucrates), qui peut atteindre 1 m de long, se reconnaît à une bande latérale sombre, bordée de clair, qui va de la mâchoire inférieure à la base de la caudale ; il vit dans toutes les mers chaudes, sauf dans le Pacifique Est. Une espèce australe, Remilegia australis, se rencontre surtout sur les grands Cétacés et sur les Marsouins. L’espèce la plus petite, Remoropsis pallidus, qui atteint à peine 20 cm, vit sur les Thons et les Espadons.

La biologie des Rémoras n’est pas parfaitement connue. Non seulement ces Poissons se font porter par de gros animaux pélagiques, mais aussi ils se nourrissent vraisemblablement de leurs ectoparasites et peuvent donc être rangés dans le groupe des symbiotes « nettoyeurs ». Ils se nourrissent aussi probablement soit de plancton, soit des reliefs des repas de leurs hôtes — notamment les Requins, qui fragmentent leur nourriture —, soit, enfin, de menues proies qu’ils capturent en se libérant de leurs hôtes. Quand on capture un Requin qui porte un Rémora, ce dernier se réfugie volontiers dans la bouche ou dans la cavité branchiale de son hôte, ce qui est, là encore, une habitude de Poisson nettoyeur. Une espèce, Remorina albescens, vit presque exclusivement dans la cavité branchiale des Mantes.

Œufs et larves des Rémoras sont pélagiques. Les larves se nourrissent de plancton ; les adultes font souvent de même : ils ont, en effet, de petites dents fines qui ne leur permettent de capturer que de petites proies.

R. B.

 L. Bertin et C. Arambourg, « Super-Ordre des téléostéens », dans Traité de zoologie sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1958).

remorquage maritime

Ensemble des procédés mis en œuvre pour le déplacement et le guidage par un navire spécialisé d’un autre navire ou d’un engin flottant tel que chaland de mer, drague, ponton-grue, plateforme de forage, etc.



Remorqueurs de port

Exception faite de certaines unités de faible tonnage, les navires ne peuvent généralement pas effectuer leurs manœuvres d’entrée dans les ports et de sortie ni même, le plus souvent, leurs mouvements dans les bassins pour passer d’un poste à l’autre, sans l’assistance d’un ou de plusieurs remorqueurs. Ceux-ci présentent des caractéristiques variables suivant les besoins de chaque port, mais ils ont pour trait commun d’être de structure robuste et de formes très ramassées, avec une assez grande largeur par rapport à leur longueur, ce qui leur donne une excellente stabilité. Dans les ports français, leur longueur varie, le plus souvent, entre 25 et 35 m et leur largeur entre 7 et 9 m. La propulsion par moteur Diesel est, maintenant, générale, avec des puissances comprises entre 700 et 3 000 ch. La puissance de traction peut dépasser 30 t par unité.

L’accroissement des dimensions des navires à assister rend nécessaire une augmentation de la puissance de traction des remorqueurs. Cependant, l’expérience montre qu’en passant de 50 000 à 300 000 t de port en lourd pour le navire remorqué, il suffit de doubler la puissance de traction du navire remorquant. La propulsion des remorqueurs a été améliorée grâce à une invention faite en 1932 par l’ingénieur allemand Kort et consistant à placer l’hélice dans une tuyère. Celle-ci peut être rendue mobile, ce qui lui permet, munie d’un simple plan mince à l’arrière, de faire office de gouvernail et d’améliorer considérablement la manœuvrabilité et la traction. Une autre invention plus récente substitue, à l’hélice, des propulseurs à axe vertical (un ou deux le plus souvent) munis de pales d’inclinaison variable (système Voith-Schneider). Leur installation est généralement faite sur l’avant du remorqueur, qui répond, alors, à la dénomination de tracteur. Compte tenu des risques que comportent les manœuvres, la réglementation française est assez sévère, surtout pour les conditions de stabilité des remorqueurs et les dispositifs particuliers concernant les crocs de remorque.