Artois (suite)
Le style gothique a été particulièrement fécond en Artois ; il manque toutefois des jalons essentiels : la cathédrale de Thérouanne, détruite avec toute la ville en 1553 par ordre de Charles Quint, et surtout la cathédrale d’Arras*. Le plus important édifice conservé est Notre-Dame de Saint-Omer, au chœur et au transept du xiiie s., à la nef des xive et xve s., qui abrite plusieurs tombeaux et dalles funéraires intéressants ; sa tour romane fut rhabillée, de 1473 à 1521, dans un style proche de celui de la tour de Saint-Bertin. Celle-ci, avant de s’écrouler en 1947, était le dernier reste de la célèbre abbaye du viie s., qui fut à l’origine de la ville de Saint-Omer et avait été reconstruite à l’époque gothique ; c’est de son trésor que provient le pied de croix dit « de saint Bertin », célèbre ouvrage mosan de la fin du xiie s. conservé au musée de la ville.
L’Artois est resté longtemps fidèle à l’art gothique, comme en témoignent la collégiale Saint-Pierre à Aire-sur-la Lys, commencée en 1492 et terminée seulement au milieu du xviiie s., et l’église Saint-Martin à Auxi-le-Château, aux voûtes d’une grande richesse (début du xvie s.). Certaines églises illustrent le type de l’église-halle, à trois nefs égales en hauteur comme en largeur.
Les édifices civils conservés sont encore plus rares que les églises. Parmi les châteaux, celui d’Olhain a de bonnes parties du xve s. ; les autres ont subi des remaniements, ou il n’en subsiste plus rien, comme c’est le cas pour les « merveilles » et « surprises » du parc et du château de plaisance de Hesdin (fin xiiie - début xve s.). Typiques de la région et témoignant de ses liens étroits avec les Flandres sont les hôtels de ville et leurs beffrois, mais ils ont particulièrement souffert dans les récents conflits : l’ensemble d’Arras a été reconstruit après la Première Guerre mondiale ; le beffroi de Béthune, qui remonte à 1388 pour la partie basse et 1437 pour l’étage défensif, a également été très restauré. Au xvie s. apparaît une caractéristique de l’architecture civile artésienne, l’association de la brique et de la pierre. Le charmant bailliage ou « corps de garde » d’Aire-sur-la-Lys en donne un exemple à la fin du siècle.
Quelques beaux ensembles classiques du xviiie s. sont à signaler, l’hôtel de ville d’Aire-sur-la-Lys et surtout un certain nombre d’édifices religieux : ruines de l’église augustine de Mont-Saint-Éloi, bâtiments de l’abbaye cistercienne de Cercamp, abbaye bénédictine de Saint-Vaast à Arras.
Les maisons anciennes sont rares, décimées par les guerres successives : les meilleurs exemples se trouvent à Béthune, Aire-sur-la-Lys et surtout Arras.
M. E.
➙ Arras / Flandre / Nord (région du) / Pas-de-Calais (département du).
A. Mabille de Poncheville, Histoire d’Artois (Boivin, 1935). / J. Dhondt, les Origines de la Flandre et de l’Artois (Impr. Nicolas, Arras, 1944). / Commission des Monuments historiques du Pas-de-Calais, Histoire des territoires ayant formé le département du Pas-de-Calais (Brunet, Arras, 1949). / J. Lestocquoy, Histoire de la Flandre et de l’Artois (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949 ; 2e éd., 1966) ; la Vie religieuse d’une province : le diocèse d’Arras (Brunet, Arras, 1949). / A. Perpillou, L Machu, P. Maurois, A. Mabille de Poncheville et L. Bocquet, Visages de la Flandre et de l’Artois (Horizons de France, 1949). / P. Héliot, les Églises du Moyen Âge dans le Pas-de-Calais (Impr. centrale de l’Artois, Arras, 1954). / P. Pierrard, Flandre, Artois, Picardie (Arthaud, 1970). / L. Trénard, Histoire des Pays-Bas français (Privat, Toulouse, 1972-1974 ; 2 vol.).