Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

régime (suite)

Régimes au cours des états pathologiques

Dans certaines circonstances pathologiques, à la notion de ration alimentaire s’ajoute celle de sélection des aliments. Le régime se propose tantôt d’exercer une action directe sur la maladie (obésité, diabète), tantôt de réduire l’effort demandé à l’organisme (néphropathie, insuffisance cardiaque).


Régime de restriction protidique

Il a pour but de freiner le catabolisme protidique (donc de diminuer les déchets azotés) grâce à un apport calorique suffisant (de 1 800 à 2 000 cal par jour) sous forme de glucides et accessoirement de lipides, complétés par des vitamines C, B1, B2, PP et K. Le régime est utilisé au cours des rétentions azotées observées, en particulier, dans les néphrites aiguës sévères, anuriques, et au cours des poussées aiguës de néphrite chronique. Il apporte seulement 5 g de protides par jour. Il ne peut être prolongé plus de quelques jours sous peine de voir survenir de graves phénomènes de carence protidique. Pour éviter ces accidents, il faut maintenir une ration protidique au moins égale à 0,5 g par kilogramme de poids corporel. Le régime pauvre en protides entraîne souvent une baisse de l’appétit : il doit donc être très varié et rendu aussi agréable que possible par l’emploi de condiments (estragon, persil, cerfeuil, etc.).


Régime de restriction glucidique

Indispensable en cas de diabète*, il doit apporter les calories nécessaires selon l’âge et l’activité du malade (2 500 cal pour un individu de 1,70 m et d’activité moyenne), réduire dans la mesure du possible l’hyperglycémie et la glycosurie, éviter la production d’acidose. La ration de protides est essentiellement assurée par la viande (200 g) et le fromage (30 g). Les lipides nécessaires sont apportés par le beurre (25 g), l’huile (25 g) et les graisses de la viande et du fromage. Il est indispensable d’assurer à l’organisme un apport minimal en glucides (3 g par kilogramme de poids), capable de couvrir les besoins de l’organisme ; il ne faut en aucun cas amoindrir le régime en glucides dans l’espoir de réduire par ce seul moyen la glycosurie. Le régime du diabétique comporte de 180 à 200 g d’hydrates de carbone (par exemple : pommes de terre, 200 g ; fruits frais, 200 g ; légumes verts, 500 g ; pain, 150 g ; lait, 100 ml). Il doit être varié ; cela est rendu possible par l’emploi des tables d’équivalence qui permettent de remplacer les pommes de terre ou le pain par d’autres aliments en tenant compte de leur richesse en glucides. Ces tables d’équivalence se trouvent notamment dans le Mémento du diabétique édité par l’Association française des diabétiques. Chez certains diabétiques, ce régime suffit à réduire la glycosurie et à ramener la glycémie à la normale. La surveillance du poids permet de se rendre compte si les apports alimentaires sont suffisants. Si, malgré l’absence d’une glycosurie ou une glycosurie minime, on observe une chute de poids, il faut augmenter progressivement la ration de glucides jusqu’à ce que le patient retrouve son poids normal ; si la glycosurie persiste, l’emploi d’une médication hypoglycémiante devient alors nécessaire. En cas de hausse excessive du poids, on peut abaisser la ration d’hydrates de carbone au-dessous du chiffre du régime standard ; toutefois, il faut réduire le régime en diminuant les apports lipidiques et protidiques parallèlement aux apports glucidiques, et en aucun cas il ne faut descendre au-dessous de 80 g de glucides, car alors le régime est déséquilibré. Chez l’enfant diabétique, les besoins alimentaires créés par la croissance, dont le taux est variable, sont la cause de l’instabilité apparente de la maladie. On préfère actuellement laisser ces enfants à un régime libre et adapter la posologie de l’insuline aux fluctuations de la glycémie.


Régime de restriction lipidique

Ce régime, dont l’athérosclérose (v. artère) constitue la principale indication, doit comporter au maximum de 50 à 60 g de lipides, dont seulement 15 g de lipides d’origine animale, et de 100 à 300 mg de cholestérol. Les aliments riches en cholestérol doivent être évités ; ce sont les viandes (de 100 à 400 mg p. 100 g), les abats (foie, de 300 à 400 mg p. 100 g ; rognons, de 400 à 500 mg p. 100 g ; cervelle, 2 200 mg p. 100 g), les huîtres (230 mg p. 100 g), le beurre (280 mg p. 100 g), les fromages (de 140 à 190 mg p. 100 g) et les œufs (entiers, 460 mg p. 100 g ; jaune, 2 000 mg p. 100 g).


Régime de restriction calorique

Il est indiqué dans le traitement de fond de l’obésité* (régime amaigrissant). Son principe est de fournir à l’organisme un apport alimentaire nettement insuffisant pour couvrir les dépenses, en créant ainsi la nécessité de faire appel aux réserves pour combler le déficit, avec pour conséquence une perte de poids. Ce régime doit :
— pouvoir être facilement suivi et pendant assez longtemps ;
— être équilibré et associer les protides, les glucides, les lipides, l’eau et le sel de façon proportionnée ;
— être progressif et entraîner une chute régulière de poids ;
— être surveillé médicalement ;
— tendre à amener le sujet à son poids physiologique.

La diminution quantitative pourra être plus ou moins forte selon les cas, mais l’apport calorique global ne devra qu’exceptionnellement être inférieur à 1 000 ou 1 200 cal par jour. Les régimes plus restreints ne peuvent être prolongés longtemps. La diminution calorique varie avec les différents groupes d’aliments, qui n’ont pas tous la même tendance à se transformer en graisses. Les glucides doivent être réduits massivement, environ de 1,5 g à 2 g par kilogramme. Il ne faut pas descendre au-dessous de ce chiffre, étant donné le risque de cétose ; 100 g de glucides peuvent être apportés par l’ensemble de 600 g de légumes verts, 75 g de pommes de terre et 100 g de fruits frais. Les graisses doivent, elles aussi, être sévèrement restreintes. Compte tenu des lipides contenus dans certains aliments comme les viandes, la quantité de graisses sous forme de beurre ou d’huile ne doit pas dépasser de 10 à 20 g. Les protides doivent être administrés normalement, car ils ont moins tendance à se transformer en graisses. La ration sera de 1 g par kilogramme. En pratique, la connaissance de la composition des aliments, que donnent les tables d’équivalence et que fournissent directement certaines balances, permet de varier les régimes. À titre d’exemple, nous donnons un régime apportant environ 900 cal (les aliments étant pesés crus et sans déchets) :