Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

refroidissement (suite)

Si un moteur n’était pas refroidi, on enregistrerait rapidement des troubles dus à la température excessive atteinte par les parois des culasses et des cylindres, qui carboniserait l’huile de graissage et laisserait les pièces en frottement en contact direct métal sur métal, entraînant leur destruction par grippage et également des ennuis d’allumage. Cependant, un refroidissement trop énergique se solderait par une combustion incomplète du mélange carburé qui provoquerait une perte de puissance et un graissage insuffisant, les hydrocarbures imbrûlés risquant de se mélanger à l’huile. Le système de refroidissement joue le rôle d’un régulateur thermique maintenant le moteur entre des limites étroites de températures de fonctionnement.


Refroidissement par air

Bien que généralisé pour les moteurs de motocyclette, le refroidissement par air n’a reçu que des applications limitées en automobile. Très simple, le dispositif consiste en une petite turbine envoyant de l’air frais à travers une canalisation munie de déflecteurs-régulateurs sur les cylindres du moteur, lesquels sont souvent recouverts d’ailettes répartissant également le fluide sur toute leur surface. La régulation est parfois assurée par un thermostat qui maintient le débit proportionnellement aux conditions de fonctionnement du moteur, Cela permet de prévoir largement un refroidissement pour les plus mauvaises conditions de roulement, étant, par ailleurs, certain que le risque d’un refroidissement exagéré est supprimé. Ce mode de refroidissement n’est pas limité par l’ébullition de l’eau ; on peut donc fonctionner à des températures plus élevées et plus favorables, de l’ordre de 180 °C pour les cylindres, côté évacuation de l’air chaud, et de 230 °C pour les culasses, à condition de prévoir des pistons évacuant bien la chaleur et même une dérivation de l’huile de graissage dans un radiateur annexe, refroidi par le courant d’air. Un gain de poids appréciable est obtenu par ce procédé puisque, rien que par la suppression du radiateur et du liquide en circulation dans le refroidissement par eau, on réduit de 15 à 20 p. 100 le poids du moteur. La mise en température rapide au moment des départs et la possibilité de disposer d’un réchauffage effectif de l’habitacle en hiver jointes à l’absence de soins, de révision ou de réglage du système sont autant de qualités à inscrire à l’actif d’un système cependant désavantagé, par rapport au refroidissement par eau, en raison de l’insonorisation défectueuse des bruits de fonctionnement et de l’inégalisation des températures des pièces refroidies, avec risque de points chauds favorisant l’auto-allumage.


Refroidissement par eau

L’eau contenue dans l’enveloppe du bloc-moteur, qui forme chemise entourant les cylindres et les culasses, capte la chaleur et vient se refroidir dans le radiateur où elle est envoyée par une turbine-pompe fonctionnant dans un courant d’air provoqué par un ventilateur auxiliaire. Elle retourne ensuite dans le circuit. La turbine-pompe est constituée par une roue à aubes placée à la sortie de l’eau chaude vers le radiateur. Par rotation des aubes, l’eau est chassée à la périphérie du corps de pompe. L’étanchéité est assurée par un anneau de caoutchouc qui porte un ressort annulaire noyé dans la masse. Avant d’atteindre le radiateur, le liquide commence à se refroidir sous l’action d’un ventilateur commandé par une courroie trapézoïdale en caoutchouc et aspirant l’air frais à travers le radiateur. Celui-ci est formé d’un grand nombre de tubes de circulation portant des ailettes de refroidissement. Ils sont soudés à leurs deux extrémités sur des bâtis reliés au moteur par des durites souples. Un moteur à refroidissement par eau est assez lent à atteindre sa température de fonctionnement. Certains modèles sont contrôlés par un thermostat qui coupe la circulation vers le radiateur au moment des départs à froid. L’appareil se compose soit d’une spirale bimétallique, soit d’une capsule élastique remplie d’un liquide volatil associé à une soupape qui rétablit la circulation de l’eau dès que la température a dilaté la spirale ou la capsule qui commande le mouvement de sa tige.

Le refroidissement étanche comporte un réservoir auxiliaire relié au radiateur, dans lequel viennent s’amasser les vapeurs d’eau provenant du radiateur. À l’arrêt, ces vapeurs se condensent et l’eau retourne au radiateur. Le système exige la présence d’une soupape de sécurité.

J. B.

régale

Droit que le roi de France exerçait en cas de vacance d’un siège épiscopal.


Il faut distinguer entre la régale temporelle, qui concernait la perception, par le pouvoir royal, des revenus des évêchés vacants, et la régale spirituelle, grâce à laquelle le souverain pouvait nommer lui-même aux bénéfices du diocèse relevant de l’évêque, à l’exception des cures.

La régale temporelle était en fait peu de chose, et les rois de France y avaient pratiquement renoncé ; ils se contentaient de recueillir les revenus des évêchés vacants, puis de les remettre au nouveau titulaire du siège. Mais la régale spirituelle était plus importante pour le pouvoir royal, qui trouvait par ce biais le moyen de récompenser ses serviteurs sans rien débourser, en leur octroyant quelque riche prébende dont la collation était dévolue à l’évêque. En outre, le roi étant maître de nommer les évêques, il pouvait faire durer la vacance du siège le temps suffisant pour disposer du maximum de bénéfices.

Le droit de régale existait au xviie s. dans les seules provinces réunies de la Couronne avant la pragmatique sanction de Bourges de 1438, signée entre Charles VII et le clergé de France. La Provence, la Guyenne, le Languedoc et le Dauphiné s’en trouvaient exclus et le roi n’y exerçait pas ce droit. Le IIe concile de Lyon en 1274 avait interdit en effet d’introduire la régale là où elle n’existait pas précédemment, et les souverains avaient, maigre les encouragements de certains de leurs parlements, respecté cette interdiction. En 1608, par exemple, le parlement de Paris avait affirmé l’universalité de la régale spirituelle ; le clergé ayant protesté, le roi n’avait pas insisté.