Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

artillerie navale (suite)

Affûts et batteries : disposition des canons à bord des vaisseaux

L’affût marin est une sorte de caisse en bois d’orme ou de chêne, montée sur quatre roulettes, où le canon repose sur ses tourillons tenus dans des logements en fer forgé, encastrés dans les côtés de la caisse. À bord, il est tenu par trois palans : deux sur les côtés et un sur l’arrière. Les palans de côté sont amarrés à droite et à gauche de l’embrasure pratiquée dans la muraille du vaisseau, et que l’on appelle le sabord. Un gros cordage, la brague, amarré sur les côtés du sabord et passant à travers les flasques de l’affût, limite le recul au départ du coup.

Sur les nefs, à la fin du Moyen Âge, les canons sont disposés sur les châteaux avant et arrière. Avec l’invention du sabord, ils sont répartis en batterie le long des flancs du navire. Un vaisseau comporte deux ou trois batteries, sans compter les canons du pont, qui constituent une batterie supplémentaire. Pour des raisons d’équilibre, les gros canons arment la batterie basse, et les petits canons les ponts, les batteries intermédiaires recevant des canons de moyen calibre. À partir de 1820, dans la marine française, les calibres sont unifiés, et le canon de 30 livres remplace tous les autres. Il en existe quatre modèles de poids décroissant, les plus lourds étant réservés à la batterie basse.

A. L.

➙ Armement / Cuirassé / Marine / Tir.

 Denoix et J. Muracciole, Historique de l’artillerie de la Marine (in « Mémorial de l’artillerie française », 1963-1964).

artisanat

Métier de celui (artisan) qui, pour son compte personnel, exécute seul ou à l’aide de quelques compagnons et apprentis un travail manuel, et qui se charge généralement lui-même d’en commercialiser le produit. Ensemble des artisans.


La situation de l’artisanat contraste avec celle des autres secteurs de l’activité économique : l’artisan a un comportement psycho-sociologique étroitement lié au mode d’exercice, en qualité de chef d’entreprise, d’une activité économique généralement manuelle. En premier lieu, il peut utiliser un petit équipement, mais son travail représente la part essentielle dans la création des objets qu’il fabrique. En second lieu, ce travail est un travail d’exécution, ce qui le distingue de l’entrepreneur, qui assure une fonction de direction, et de l’artiste, dont l’œuvre est une création. En troisième lieu, le travail fourni est un travail qualifié, marqué d’habileté et de connaissances professionnelles. L’essentiel du travail artisanal est donc constitué par le « métier », composé d’aptitudes d’autant plus diverses et d’autant moins spécialisées que le développement économique est plus faible. C’est en effet dans les régions peu développées que l’on peut rencontrer de larges polyvalences. Enfin, cet homme de métier, propriétaire de son fonds et de son exploitation, est un chef d’entreprise, ce qui le distingue des travailleurs à domicile ou des ouvriers d’usine. Il peut travailler seul ou avec quelques membres de sa famille, ou même avec des ouvriers (toujours en nombre restreint), avec lesquels il est constamment en contact personnel, ce qui engendre une communauté de pensée et un attachement au métier.


La place des artisans dans la population active

En 1965, la France était au sein du Marché commun le pays où le pourcentage des travailleurs artisanaux par rapport à la population active était le plus faible : 7,3 contre 16,1 pour l’Allemagne fédérale, 11,8 pour la Belgique, 18,6 pour le Luxembourg, 11,4 pour les Pays-Bas et 14,5 pour l’Italie. La population active artisanale est de l’ordre de 10 p. 100 de la population active totale ; au 31 décembre 1970, on dénombrait quelque 755 000 artisans, la population active artisanale totale s’élevant à 2 075 000 personnes (à cette date, 41,7 p. 100 des artisans travaillaient seuls et 58,3 p. 100 employaient de la main-d’œuvre). Les artisans étaient environ 770 000 en 1972 et 785 000 en 1974 : leur nombre est donc relativement stable.

L’importance numérique des artisans est en déclin dans le Nord, la Champagne, le Limousin et en accroissement en Alsace, dans le Languedoc, en Provence et dans la région parisienne. L’alimentation, le bâtiment et la réparation regroupent plus des deux tiers de l’ensemble de la population active artisanale : en 1973, dans le secteur du bâtiment, on comptait environ 220 000 entreprises artisanales de moins de 5 salariés. Le chiffre d’affaires total de l’artisanat, de l’ordre de 100 milliards de francs en 1972, s’élevait à 200 milliards en 1974.

Qu’est-ce qu’un artisan ?

Il existe deux définitions légales de l’artisan :

• Est obligatoirement immatriculé au répertoire des métiers le chef d’entreprise « n’employant pas plus de cinq salariés, qui a une activité de production, de transformation, de réparation ou de prestations de services, à l’exclusion des entreprises agricoles ou de pêche, des entreprises de commission, d’agence, de bureau d’affaires, de celles qui se limitent à la vente ou à la location de choses achetées en l’état, ou dont les prestations ont un caractère spécifiquement intellectuel » (le conjoint du chef d’entreprise, ses ascendants, descendants, collatéraux ou alliés, de même que trois apprentis ou handicapés physiques ou débiles mentaux n’entrent pas en ligne de compte).

Est artisan en son métier l’artisan qui justifie d’une certaine qualification et prend personnellement part à l’exécution du travail.

Est maître artisan en son métier l’artisan qui justifie d’une habileté technique et d’une qualification supérieure dans son métier, ainsi que d’une culture professionnelle attestée par la possession du brevet de maîtrise (ou d’un diplôme équivalent) [décret du 1er mars 1962].

• Bénéficie seul d’exonérations fiscales l’artisan qui se fait aider uniquement par son conjoint, ses père et mère, ses descendants, un compagnon et un apprenti (article 184 du Code général des impôts).