Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

rectum (suite)

2. En avant :
— chez l’homme (fig. 1), au-dessus du cul-de-sac de Douglas se situe la vessie ; au-dessous du cul-de-sac de Douglas, la paroi postéro-inférieure de la vessie, puis la prostate : dans l’épaisseur de l’aponévrose prostato-péritonéale qui sépare le rectum de ces organes, on trouve les vésicules séminales, dont le fond soulève le cul-de-sac de Douglas, et les canaux déférents.


— chez la femme (fig. 2), au-dessus du cul-de-sac de Douglas se trouvent l’utérus et le cul-de-sac postérieur du vagin ; au-dessous du cul-de-sac de Douglas, le rectum répond à la paroi postérieure du vagin par l’intermédiaire d’un feuillet celluleux dans lequel se confond le fascia recto-vaginal.

3. Latéralement, dans sa portion intrapéritonéale, le rectum répond à l’uretère, aux vaisseaux hypogastriques et à leurs branches.

• Le rectum périnéal. Il est formé par le canal anal, entouré d’un manchon musculo-aponévrotique formé par l’aponévrose pelvienne, le releveur de l’anus et le sphincter externe.

Le canal anal répond en avant au noyau fibreux central du périnée et aux muscles qui s’en détachent, le séparant du vagin chez la femme, du bulbe urétral chez l’homme ; latéralement, il répond aux fosses ischio-rectales. Enfin, en arrière, il est attaché au coccyx par le raphé ano-coccygien (v. anus).


Vascularisation du rectum

Les artères du rectum sont les hémorroïdales supérieures, moyennes et inférieures.

Les hémorroïdales supérieures sont formées par la terminaison de l’artère mésentérique inférieure.

Les hémorroïdales moyennes naissent de l’artère hypogastrique.

Les hémorroïdales inférieures naissent de l’artère honteuse interne et sont au nombre de 1 à 3 de chaque côté.

Les branches des artères hémorroïdales s’anastomosent entre elles dans l’épaisseur de la paroi rectale.

Les veines du rectum suivent à peu près le même trajet que les artères. Mais les veines hémorroïdales supérieures se jettent dans la veine porte par l’intermédiaire de la veine mésentérique inférieure ; et les veines hémorroïdales moyennes et inférieures vont vers la veine cave inférieure par l’intermédiaire des veines iliaques internes : ainsi, les anastomoses entre ces veines réalisent des anastomoses porto-caves spontanées.

Les lymphatiques du rectum se divisent en trois groupes :
— le groupe inférieur (zone cutanée de l’anus), qui se draine vers les ganglions inguinaux superficiels ;
— le groupe moyen, qui suit les vaisseaux hémorroïdaux moyens et se termine dans les ganglions hypogastriques ;
— le groupe supérieur, qui draine la lymphe de tout le rectum et se jette dans le groupe ganglionnaire situe à la terminaison de l’artère mésentérique inférieure.


Pathologie


Inflammations du rectum

Les inflammations du rectum sont rarement isolées et accompagnent le plus souvent une atteinte du gros intestin, plus ou moins diffuse (colopathie, colite).

• Les redites simples sont des complications des hémorroïdes ou s’observent à la suite d’une irritation locale (suppositoires irritants) ; elles cèdent le plus souvent à la suppression de leur cause.

• La recto-colite hémorragique est une affection très particulière survenant sur terrain neuropsychique fragile, qui entre dans le cadre des affections psychosomatiques. Faite de plaques inflammatoires saignant facilement, elle commence généralement au rectum, puis remonte le long du côlon jusqu’à la jonction avec l’intestin grêle, qu’elle ne franchit jamais.

• L’atteinte rectale de la lymphogranulomatose* vénérienne (maladie de Nicolas-Favre), fréquente chez les homosexuels, se manifeste par une sclérose de la muqueuse qui aboutit à un rétrécissement du canal rectal ; elle est de traitement difficile (un anus artificiel est parfois nécessaire).


Tumeurs du rectum

• Le cancer du rectum est le plus fréquent des cancers intestinaux : il survient surtout chez l’homme après cinquante ans, mais il se rencontre aussi chez le sujet jeune.

Son début est insidieux et les signes cliniques considérés comme révélateurs sont en fait des signes tardifs : les hémorragies rouges ou noires, précédant les selles ou mélangées à elles, sont très évocatrices, de même que les troubles de la défécation (faux besoins, épreintes [coliques recto-sigmoïdiennes], ténesme [tension douloureuse au niveau du rectum]).

Mais d’autres signes sont moins alarmants et risquent de retarder le diagnostic : constipation persistante, diarrhées, alternance diarrhées-constipations, voire altération isolée de l’état général.

Le toucher rectal permet de reconnaître le cancer s’il est situé dans la moitié inférieure de l’ampoule rectale ; celui-ci forme une tumeur bourgeonnante faisant saillie dans la lumière, souvent ulcérée et reposant sur une base infiltrée.

La rectoscopie et le lavement baryte confirment le diagnostic’; ils sont indispensables en cas de cancer haut situé dans l’ampoule, inaccessible au doigt. La biopsie sous rectoscopie apporte la certitude histologique. L’intervention chirurgicale s’impose après un examen de l’extension locale aux espaces celluleux péri-rectaux et aux organes voisins (vessie, vagin, sacrum) et après la recherche de métastases (foie surtout).

Sans traitement, diverses complications peuvent être observées : hémorragies, occlusions, perforations, métastases hépatiques, suppurations.

Histologiquement, le cancer de l’ampoule rectale et du canal anal est un cancer glandulaire, un épithélioma cylindrique.

Le cancer de la marge de l’anus est un épithélioma malpighien : les signes révélateurs, l’aspect clinique et les traitements sont très différents du cancer du rectum (v. anus).

Les tumeurs bénignes sont rares.
— Les fibromes et les fibromyomes se présentent sous forme d’une tumeur arrondie, évoluant soit dans la lumière de l’ampoule, soit dans la paroi ou même en dehors d’elle. Ces tumeurs ne dégénèrent pas.
— Les angiomes, simples ou caverneux, sont des malformations vasculaires menacées d’hémorragies parfois très graves ; ils sont souvent associés à d’autres malformations vasculaires régionales.
— Les polypes et les tumeurs villeuses du rectum sont, au contraire des autres tumeurs bénignes, menacées de dégénérescence et constituent un véritable état précancéreux.

Les polypes sont des adénomes rectaux dus à une hyperplasie muqueuse : le polype est une petite formation de volume variable (cerise, groseille), se traduisant par une lobulation ferme au toucher rectal. La rectoscopie avec biopsie est nécessaire, l’exérèse indispensable.