Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

recensement de la population (suite)

Opération gigantesque qui s’efforce de saisir à un moment précis une situation essentiellement mouvante, un recensement ne saurait prétendre à une précision absolue ; doubles comptes et omissions sont inévitables, et ils étaient évalués au recensement français de 1962 à 0,4 p. 100 pour les premiers et à 1,7 p. 100 pour les secondes. On ne saurait, par ailleurs, poser de trop nombreuses questions, faute de pouvoir surveiller de manière suffisamment étroite la façon dont les réponses sont données ; toutefois, il arrive que l’on soumette un questionnaire beaucoup plus détaillé à une fraction de la population désignée par sondage, afin d’approfondir certains points particuliers, par exemple la fécondité.


L’exploitation des recensements

L’exploitation d’un recensement comprend plusieurs aspects, lin décompte manuel effectué dans les mairies permet de fixer assez rapidement l’effectif de la population des différentes circonscriptions administratives. C’est à partir de ce décompte qu’est fixée la population légale. L’exploitation proprement démographique est la tâche des offices nationaux de statistique (en France, l’Institut national de la statistique et des études économiques [I. N. S. E. E.]). Pour obtenir rapidement certains résultats, une première exploitation par sondage des informations réunies est effectuée (sondage au 1/20 par exemple) ; elle fournit déjà des renseignements très étendus. L’exploitation exhaustive est entreprise plus tard. Enfin, il devient courant que les offices statistiques, dans l’impossibilité où ils sont de publier la totalité des tableaux statistiques impliqués par les informations recueillies, fournissent certains d’entre eux à la demande, pour répondre aux besoins d’études particulières.

Si le but premier d’un recensement est de connaître l’état de la population, certaines des questions posées, par leur caractère rétrospectif, permettent de rendre compte de certains mouvements, que l’organisation statistique en place ne permet pas toujours de connaître au moment où ils se produisent. Ainsi, en France, les personnes sont interrogées sur leur lieu de résidence à la date du précédent recensement, ce qui, par rapprochement avec le lieu actuel, permet de mesurer les flux migratoires nets pendant la période intercensitaire. Parfois encore, en interrogeant les femmes en fin de période de fécondité, sur le nombre total d’enfants qu’elles ont mis au monde vivants, on atteindra la descendance finale des générations. Le rapprochement des données de recensements successifs est un autre moyen de décrire certains phénomènes. On essaie ainsi, dans des pays où l’état* civil est insuffisant, de mesurer la mortalité par comparaison des effectifs de mêmes groupes de générations à deux dates (celles des recensements successifs). Les tables de mortalité indiennes ont presque toujours été construites ainsi. En suivant toujours au travers des recensements et dans des mêmes groupes de générations l’évolution de la répartition des personnes selon l’état matrimonial, on peut décrire la nuptialité dans ces générations. À cet égard, la pratique des recensements à périodicité régulière facilite grandement les rapprochements précédents.

R. P.

➙ Démographie / Mortalité / Natalité et fécondité / Nuptialité et divortialité / Vieillissement de la population.

réception

Ensemble des phénomènes mis en jeu pour la détection et l’interprétation des signaux radioélectriques.


Heinrich Hertz* avait montré qu’un ébranlement électromagnétique pouvait se propager à distance sans liaison apparente. Son récepteur était un cercle de cuivre présentant une petite solution de continuité, dans laquelle des étincelles minuscules jaillissaient lorsqu’à quelques mètres de là une bobine de Ruhmkorff fonctionnait. Sans aucun rapport d’ailleurs avec une idée de télécommunication, Édouard Branly (1844-1940) poursuivait des recherches sur la conductibilité des corps. Celles-ci l’amenèrent à réaliser de petits tubes de verre contenant une limaille métallique (or, fer, nickel, etc.) et faisant partie d’un circuit fermé avec une pile et un galvanomètre en série. En l’absence d’une excitation à distance par une machine électrostatique de Wimshurst ou une bobine de Ruhmkorff, aucun courant n’était décelé par le galvanomètre, ce qui signifiait que les grains de limaille n’avaient aucune cohésion, donc une résistance électrique élevée. Lorsqu’une étincelle était produite aux bornes de l’éclateur, on observait le passage brusque d’un courant dans le circuit récepteur, ce qui prouvait une forte diminution de la résistance (environ 1 000 fois), donc une cohésion marquée de la limaille. Branly donna le nom de radioconducteurs aux corps capables de réaliser ce phénomène, et, un peu plus tard, on appela cohéreur son tube à limaille. Pour que l’expérience puisse être renouvelée, il suffisait de frapper légèrement le tube pour que la limaille ne s’agglomère plus. Cette intervention manuelle fut rapidement supprimée en intercalant un petit électro-aimant dans le circuit récepteur ; le passage du courant dans cet élément faisait se déplacer son armature, dont l’extrémité frappait légèrement le tube. Cette disposition prit le nom de décohéreur, et l’on pouvait déjà parler de détection. Les grains de limaille pouvaient être considérés entre eux comme ce qu’on a appelé des contacts imparfaits. Pendant plusieurs années, on utilisa le cohéreur dans la radiotélégraphie naissante, souvent avec de légères modifications, parfois avec d’autres contacts imparfaits. Par exemple, Branly lui-même montra les qualités de détection d’un système constitué d’un tripode à pointes en tellurure d’or reposant sur un petit disque d’argent poli. En décembre 1901, Guglielmo Marconi* réussit, en remplaçant la limaille par une goutte de mercure serrée entre deux pistons, l’un en fer et l’autre en carbone, à recevoir à Terre-Neuve des signaux émis à Poldhu (comté de Cornwall), en Angleterre. Il y eut encore des détecteurs à cristaux, tels que pointe de cuivre sur pyrite de fer ou sulfure de plomb, pointe de carborundum sur carbone, etc.