recensement de la population (suite)
Opération gigantesque qui s’efforce de saisir à un moment précis une situation essentiellement mouvante, un recensement ne saurait prétendre à une précision absolue ; doubles comptes et omissions sont inévitables, et ils étaient évalués au recensement français de 1962 à 0,4 p. 100 pour les premiers et à 1,7 p. 100 pour les secondes. On ne saurait, par ailleurs, poser de trop nombreuses questions, faute de pouvoir surveiller de manière suffisamment étroite la façon dont les réponses sont données ; toutefois, il arrive que l’on soumette un questionnaire beaucoup plus détaillé à une fraction de la population désignée par sondage, afin d’approfondir certains points particuliers, par exemple la fécondité.
L’exploitation des recensements
L’exploitation d’un recensement comprend plusieurs aspects, lin décompte manuel effectué dans les mairies permet de fixer assez rapidement l’effectif de la population des différentes circonscriptions administratives. C’est à partir de ce décompte qu’est fixée la population légale. L’exploitation proprement démographique est la tâche des offices nationaux de statistique (en France, l’Institut national de la statistique et des études économiques [I. N. S. E. E.]). Pour obtenir rapidement certains résultats, une première exploitation par sondage des informations réunies est effectuée (sondage au 1/20 par exemple) ; elle fournit déjà des renseignements très étendus. L’exploitation exhaustive est entreprise plus tard. Enfin, il devient courant que les offices statistiques, dans l’impossibilité où ils sont de publier la totalité des tableaux statistiques impliqués par les informations recueillies, fournissent certains d’entre eux à la demande, pour répondre aux besoins d’études particulières.
Si le but premier d’un recensement est de connaître l’état de la population, certaines des questions posées, par leur caractère rétrospectif, permettent de rendre compte de certains mouvements, que l’organisation statistique en place ne permet pas toujours de connaître au moment où ils se produisent. Ainsi, en France, les personnes sont interrogées sur leur lieu de résidence à la date du précédent recensement, ce qui, par rapprochement avec le lieu actuel, permet de mesurer les flux migratoires nets pendant la période intercensitaire. Parfois encore, en interrogeant les femmes en fin de période de fécondité, sur le nombre total d’enfants qu’elles ont mis au monde vivants, on atteindra la descendance finale des générations. Le rapprochement des données de recensements successifs est un autre moyen de décrire certains phénomènes. On essaie ainsi, dans des pays où l’état* civil est insuffisant, de mesurer la mortalité par comparaison des effectifs de mêmes groupes de générations à deux dates (celles des recensements successifs). Les tables de mortalité indiennes ont presque toujours été construites ainsi. En suivant toujours au travers des recensements et dans des mêmes groupes de générations l’évolution de la répartition des personnes selon l’état matrimonial, on peut décrire la nuptialité dans ces générations. À cet égard, la pratique des recensements à périodicité régulière facilite grandement les rapprochements précédents.
R. P.
➙ Démographie / Mortalité / Natalité et fécondité / Nuptialité et divortialité / Vieillissement de la population.