Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rat (suite)

La rate a six paires de mamelles pectorales et abdominales, et allaite ses petits pendant une vingtaine de jours. Les jeunes sortent du terrier vers l’âge de vingt-deux jours pour faire des promenades à proximité immédiate de l’orifice de leur repaire. Ils deviennent très vite adultes ; les mâles sont aptes à se reproduire à l’âge de trois mois, et les femelles un peu plus tard. Des Rats enfermés dans une cage ont pu avoir jusqu’à sept portées dans l’année. Avec une pareille fécondité, le Rat constitue un véritable fléau. De plus, il y a entre les Rats une grande solidarité : dans un même terrier, il n’est pas rare de trouver des jeunes de trois générations successives ; si, d’aventure, une mère ne revient pas au nid, ce sont les autres qui donnent à téter aux orphelins.

Le Rat est très grégaire. Plusieurs familles, par étroite cohabitation, peuvent former une bande composée de 150 à 200 animaux. Ceux-ci se reconnaissent entre eux très probablement par le sens de l’odorat, qui est très développé. Quand une bande de Rats occupe un territoire déterminé, tous les sujets de cette bande en défendent avec énergie l’accès aux individus de la bande voisine.

D’autre part, il existe entre les membres d’une même bande une grande faculté de communiquer entre eux. Quand un Rat se trouve en présence d’un appât, il l’examine, l’étudie longuement, le flaire, en observe les alentours et finalement décide s’il doit être consommé ou non par ses semblables. En cas de doute, il leur communique ses craintes pour éviter toute méprise de leur part ; il dépose à la surface de l’appât de l’urine ou des excréments. Les Rats inexpérimentés sont ainsi à l’abri des accidents.


Le Rat noir

Le Rat noir (Rattus rattus) se présente sous trois aspects différents ou sous-espèces :
— le Rat noir proprement dit (Rattus rattus) [dos et ventre gris foncé] ;
— le Rat d’Alexandrie (Rattus alexandrinus) [dos brun et ventre gris foncé] ;
— le Rat frugivore (Rattus r. frugivorus) [dos brun et ventre blanc].

Tous les trois aiment la chaleur et se plaisent au mieux dans les régions chaudes d’Afrique et d’Asie.

Ce sont des commensaux de l’Homme depuis l’apparition de la race humaine.

Le Rat noir semble un peu moins gros que le Surmulot. Il peut atteindre 40 cm de long du bout du museau à l’extrémité de la queue, qui est longue et effilée. Les yeux sont protubérants, noirs et brillants. Les oreilles sont plutôt grandes, mobiles, translucides et arrondies.

Cet animal est probablement originaire de l’Asie du Sud-Est, et c’est aussi par les grandes routes maritimes qu’il a envahi le monde. On l’a appelé pour cela le Rat des navires. Il pullule dans tous les ports. Mais c’est surtout sous les tropiques qu’on le rencontre à l’intérieur des terres, où il a colonisé les terres agricoles, causant des déprédations énormes dans toutes les cultures vivrières telles que riz, sorgho, maïs. Le Rat noir nidifie sous terre, mais, dans les habitations humaines, il préfère s’installer sous les toitures et dans toutes les parties sèches des bâtiments, car il n’aime pas l’humidité.

Comme le Surmulot, il se reproduit toute l’année, mais moins facilement en saison froide. Il est un peu moins fécond que son congénère. La gestation de la rate est de vingt-quatre jours. Les portées sont de six à huit petits : ceux-ci sont installés dans des terriers qui sont souvent de construction complexe, comprenant un grand nombre de chambres et de galeries d’entrée ; les chambres intérieures sont tapissées de débris végétaux ou d’herbe et ont 25 cm de diamètre. Le Rat noir a une nourriture très variée. Dans la nature, il mange des noix de coco, des bananes, des Coléoptères et des Escargots. Dans les ports, il habite volontiers les entrepôts, mais la quête de la nourriture le conduit le plus souvent dans les égouts et les décharges d’ordures, ce qui accroît le risque de transmission des maladies humaines.

P. B.

 R. Didier et P. Rode, les Mammifères de France (Lechevalier, 1941-1944 ; 2 vol.). / R. Hainard, Mammifères sauvages d’Europe, t. II (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1950). / F. Bourlière, Vie et mœurs des Mammifères (Payot, 1951). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XVII : Mammifères. Systématique et éthologie (Masson, 1955 ; 2 vol.). / J. Z. Young, The Life of Mammals (Oxford, 1957). / F. Petter, les Mammifères (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1963).

rate

Organe lymphoïde situé dans l’abdomen, sous le diaphragme.



Anatomie

La rate a grossièrement la forme d’un tétraèdre dont le grand axe suit la direction de la dixième côte. Sa surface est lisse et sa couleur rouge foncé sur le vivant. La rate est de consistance molle et surtout très friable, ce qui explique la fréquence des lésions traumatiques. Elle est enveloppée d’une capsule propre, confondue avec le péritoine, sauf au niveau du hile.

Il n’existe normalement qu’une rate, mais on peut trouver de petites rates surnuméraires au voisinage de la rate normale. L’absence de raie est exceptionnelle.


Configuration extérieure et rapports

La rate est située dans la loge splénique, complètement cachée par l’auvent costal : c’est un organe thoraco-abdominal. Elle présente trois faces : une base, un sommet et des bords.

• La face diaphragmatique ou postéro-externe. Entièrement recouverte de péritoine, elle se moule sur la coupole diaphragmatique : par l’intermédiaire du diaphragme, elle entre en rapport avec le cul-de-sac pleural costo-diaphragmatique et le poumon gauche, qui la séparent de la paroi thoracique proprement dite. La rate est donc un organe très profond et très postérieur facilement lésé au cours de tout traumatisme (proximité du gril costal) ou au cours d’une plaie thoracique inférieure gauche. Elle peut être aisément abordée chirurgicalement par une voie thoracique ou thoraco-abdominale.

• La face gastrique ou antéro-interne. Modelée sur la convexité de la face postérieure de l’estomac, elle présente une dépression allongée, le hile de la rate, par où pénètrent les vaisseaux spléniques. Elle est reliée à l’estomac et au pancréas par des replis du péritoine (épiploons gastro-splénique et pancréatico-splénique).

• La face rénale ou inféro-interne. Elle est moulée sur la face antéro-externe du pôle supérieur du rein gauche dont elle est séparée par les péritoines pariétal et splénique.

• La base ou face colique. Elle s’appuie sur l’angle gauche du colon et sur le ligament suspenseur du côlon gauche.