Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

rage (suite)

Le traitement n’est que préventif, toute rage déclarée étant mortelle. L’élimination des Chiens errants et la vaccination de ceux qui ont un propriétaire constituent des mesures d’ordre général logiques de même que la vaccination des sujets professionnellement exposés. L’attitude à adopter face à une morsure dépend de la gravité de la plaie, du siège de celle-ci, de la présomption que l’animal soit enragé et enfin des dangers éventuels que pourrait faire encourir la vaccination. La décision d’une telle vaccination est du ressort en France des centres régionaux de traitement antirabique.

On conçoit par ailleurs l’intérêt diagnostique et prophylaxique qu’il y a à pouvoir disposer de l’animal mordeur. Quoi qu’il en soit, le nettoyage de la plaie est capital, étant donné la grande sensibilité du Virus rabique aux savons détergents, aux rayons ultraviolets et à la lumière notamment.

J. E.

 La Rage. Techniques de laboratoire (O. M. S., Genève, 1967). / P. Lépine et A. Gamet, la Rage (Expansion scientifique fr., 1969). / A. Gamet, la Rage (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1973).

Raie

Poisson cartilagineux marin des eaux tempérées et froides, au corps aplati dorsiventralement, aux mœurs benthiques, et qui se reproduit en pondant de gros œufs protégés par une enveloppe cornée.



Introduction

Les Raies, du genre Raja, peuvent être prises pour type du superordre des Hypotrèmes, ou Bathoïdes, qui forme avec les Pleurotrèmes, ou Requins, l’ensemble des Sélaciens*. Le corps est aplati en un disque qu’élargissent les nageoires pectorales soudées aux flancs et que prolonge vers l’arrière un appendice caudal effilé portant deux nageoires dorsales de petite taille. Les yeux et les spiracles sont dorsaux, alors que les fentes branchiales sont situées sur la face ventrale. Les Raies sont des animaux benthiques, vivant sur les fonds du plateau continental : leur face ventrale est blanche, alors que leur face dorsale pigmentée montre le plus souvent des colorations cryptiques. Les Raies se déplacent par ondulation des nageoires pectorales et sont d’ailleurs les seuls Vertébrés chez lesquels la ceinture pectorale se soude à la colonne vertébrale. Elles se nourrissent de Vers, de Mollusques, de Crustacés et d’Échinodermes ; leur denture comporte un grand nombre de petites dents pointues ou émoussées.

Il existe une centaine d’espèces de Raies, qui pondent toutes de gros œufs à enveloppe cornée quadrangulaire. Leur identification est assez malaisée : elle s’appuie surtout sur la forme du rostre, la présence et la disposition des « boucles » (de gros denticules cutanés) ainsi que sur les dessins de la pigmentation, notamment les ocelles. Une quinzaine d’espèces de Raies vivent sur nos côtes : la plus commune est la Raie bouclée (Raja clavata) et la plus grande le Pocheteau (R. batis), qui peut atteindre une longueur de 2,50 m.


Les Rajiformes

Les Hypotrèmes comprennent deux ordres, les Rajiformes et les Torpédiniformes. Parmi les Rajiformes, à côté des Rajidés que nous venons de voir, existent cinq autres familles. Les deux premières, celle des Rhinobatidés, ou Guitares de mer, et celle des Pristidés, ou Poissons-Scies, font transition avec les Pleurotrèmes, notamment par leur appendice caudal encore important. Les Guitares de mer sont les hôtes des eaux tropicales, mais on en rencontre une espèce en Méditerranée. Elles se reproduisent par viviparité aplacentaire. Les Poissons-Scies ont un rostre prolongé par une longue lame garnie de dents latérales. Les géants de la famille, qui vivent dans les eaux tropicales, peuvent atteindre 10 m de long pour un poids de près de 3 t. Les Poissons-Scies se servent de leur rostre pour frapper les bancs de Poissons. On les rencontre fréquemment dans les eaux saumâtres et ils peuvent même remonter les fleuves. Leur reproduction est vivipare aplacentaire.

Les trois autres familles d’Hypotrèmes sont plus « Raies » que les espèces du genre Raja : l’appendice caudal est devenu un fouet mince, dont la base peut encore soutenir une dorsale, mais qui porte plus fréquemment un ou plusieurs aiguillons liés à une glande à venin, ce qui vaut à ces Poissons le nom de « Raies venimeuses ». Les Dasyatidés, ou Pastenagues, sont des Poissons des mers chaudes, dont une espèce, Dasyatis pastinaca, se rencontre sur nos côtes. Son aiguillon est redouté. Des espèces de cette famille, notamment celles du genre Potamotrygon, se sont acclimatées dans les eaux douces tropicales d’Afrique et d’Amérique du Sud. Les Myliobatidés, ou Aigles de mer, ont les pectorales pointues à leur extrémité, comme des ailes. Yeux et spiracles sont latéraux et non plus dorsaux sur la tête. La denture est faite de plaques molariformes qui permettent à ces Poissons de concasser les coquillages dont ils se nourrissent. L’espèce de nos côtes est la Mourine (Myliobatis aquila), longue de 1,50 m et qui porte jusqu’à cinq aiguillons venimeux. Enfin, les Mobulidés, Mantes ou Diables de mer, assez semblables aux Mourines par leur morphologie, sont des Raies qui se sont adaptées à la vie pélagique, poursuivant les Poissons dont elles font leurs proies. Comme les Mourines, les Mantes sont des Poissons vivipares. Le géant de la famille est Manta birostris, dont l’envergure peut atteindre 8 m pour un poids de 3 t.


Les Torpilles

L’ordre des Torpédiniformes correspond aux Torpilles, ou Raies électriques. Les organes électrogènes sont situés dans le disque et peuvent provoquer des décharges de l’ordre de 40 volts. La Torpille s’en sert pour étourdir ses proies ou pour échapper à ses ennemis. On en connaît trois espèces sur nos côtes, fréquentes en Méditerranée et dans le golfe de Gascogne.

R. B.

➙ Électricité animale / Poissons.

 C. Arambourg et L. Bertin, « Sous-classe des Sélaciens », dans Traité de zoologie, sous la dir. de P.-P. Grassé, t. XIII, fasc. 3 (Masson, 1957).