Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

raffinage (suite)

• Déparaffinage. À ce stade de fabrication, les futures huiles de graissage contiennent encore, en dissolution, une quantité plus ou moins grande de paraffine, suffisante en tout cas pour les empêcher d’être fluides aux conditions d’utilisation, et qu’il faut éliminer. Cette opération se fait en réfrigérant l’huile jusqu’à l’apparition des cristaux de paraffine, en présence d’un solvant comme la méthyléthylcétone, qui évite la prise en masse de l’ensemble, puis en filtrant sur des tambours rotatifs entoilés qui retiennent la paraffine sous forme d’un gâteau solide blanc.

• Décoloration. Le lubrifiant ainsi obtenu doit être encore débarrassé de certains éléments instables, capables de former des gommes ou des dépôts en service. On lui fait donc subir une « finition », dernier traitement à chaud en présence d’argile décolorante ou, dans des raffineries modernes, d’hydrogène (hydrofinition). Par la même occasion, les huiles sont rendues plus claires, mais la couleur n’est nullement un critère de qualité.


La paraffine et les graisses

La fabrication des lubrifiants donne, comme sous-produits, diverses qualités de paraffine, qu’il est loisible de fractionner à leur tour par recristallisation. On obtient ainsi les paraffines et cires de pétrole, aux innombrables usages.

Quelques raffineries produisent également les graisses, qui sont des lubrifiants semi-solides obtenus en mélangeant une huile minérale et un savon métallique.


Les bitumes

Le bitume, qui n’est autre que le résidu de fond de tour de la distillation sous vide, est lui aussi un sous-produit de la fabrication des lubrifiants. Néanmoins, les débouchés pour le revêtement des routes et des toitures sont devenus si importants que la quasi-totalité des raffineries sont, de nos jours, dotées spécialement d’une tour sous vide destinée à la fabrication de bitumes. Ces derniers, à moins d’être tirés de pétroles bruts particuliers, sont généralement trop mous et doivent être durcis par soufflage à l’air comprimé à chaud (oxydation).


Implantation des raffineries

Les premières usines de traitement du brut furent installées sur les lieux mêmes de production : Pennsylvanie, Caucase, Roumanie, Iran. En France, on a raffiné le pétrole alsacien de Pechelbronn depuis le milieu du xviiie s. jusqu’en 1963. Un grand nombre de facteurs économiques ont joué ensuite pour l’implantation des raffineries sur les lieux de consommation : diversification des approvisionnements en brut provenant de toutes les régions du globe, transport massif du brut plus rentable que le transport séparé de tous les produits, construction plus aisée de grosses usines dans les pays industriels, adaptation plus souple du raffinage aux besoins de la clientèle, desserte directe de certains consommateurs.

La législation pétrolière de 1928 avait permis, grâce à une protection douanière aujourd’hui disparue, la création de raffineries dans les principaux ports maritimes français. Une seconde génération, celle des raffineries intérieures, s’est ensuite développée depuis une vingtaine d’années à l’aide de pipe-lines à brut partant de Lavéra et du Havre. Au cours de cette même période, la raffinerie est devenue, pour une région ou pour un pays en voie de développement, le symbole de son industrialisation. Contrastant avec cette prolifération d’usines, une réticence croissante de l’opinion publique et de l’autorité planificatrice se manifeste un peu partout, et surtout dans les pays à niveau de vie élevé, à l’égard de l’implantation de raffineries nouvelles, ou même de l’extension d’usines anciennes, afin de protéger les sites et d’éviter les nuisances.

L’implantation de raffineries neuves exige des sites isolés des agglomérations, mais faciles à raccorder aux réseaux publics (électricité, autoroute, chemin de fer, voie fluviale, télécommunications, etc.), d’une surface utile de 200 hectares au moins et tenant compte des servitudes de la navigation aérienne : le développement du raffinage, qui a nécessité 22 usines nouvelles en trente ans dans un pays comme la France, est un problème majeur pour l’aménagement du territoire.


Disposition générale d’une raffinerie

Le cœur de l’usine est constitué par les unités de procédés, groupées en carré autour d’une cheminée commune aux divers fours de distillation et de craquage, bloc desservi par une salle de contrôle unique et par un laboratoire où se fait la vérification de qualité des produits bruts et raffinés. Les raffineries ont toujours été à l’avant-garde pour l’utilisation des automatismes de conduite des procédés continus. Aussi a-t-on de plus en plus recours à l’ordinateur pour simuler les différentes conditions de marche, à l’aide d’un modèle mathématique, de chaque unité et même pour téléguider les organes régulateurs sans intervention humaine. Le rôle des opérateurs « postés », c’est-à-dire affectés par service de 8 heures à la conduite des installations, est surtout actif pendant les démarrages, les changements de marche et les mises à l’arrêt, mais leur vigilance doit rester en éveil le reste du temps pour parer aux incidents et aux déréglages. À proximité immédiate du bloc des unités de fabrication se trouvent implantés le poste central d’incendie, prêt à intervenir avec un matériel d’extinction puissant à toute heure du jour ou de la nuit, l’atelier d’entretien, avec un magasin contenant les pièces de rechange qui sont nécessaires par milliers pour le dépannage immédiat de tout équipement défaillant, enfin les bureaux administratifs et techniques pour le personnel de jour (non posté). En réalité, cet ensemble de constructions n’occupe qu’une faible surface de la raffinerie, dont les neuf dixièmes sont constitués par les offsites, c’est-à-dire :
— le stockage du pétrole brut en grands réservoirs ;
— le stockage des produits reçus directement des unités ;
— les pomperies pour le mélange en proportion correcte de ces produits de base et l’introduction des additifs ;
— le stockage des produits commerciaux ainsi obtenus ;
— la station de chargement des camions-citernes ;
— le faisceau de tri des wagons-citernes et les postes d’emplissage ;
— les pomperies d’expédition par pipe-line ;
— les appontements pour le chargement des chalands fluviaux ;
— l’emplissage des bouteilles de butane et de propane.