Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

radiosensibilité (suite)

• L’immunisation. On augmente fortement l’effet protecteur de certains des agents chimiques cités plus haut en leur associant une irradiation cutanée modérée, qui dans ce cas semble agir comme un vaccin. Réciproquement d’ailleurs, une irradiation X augmente beaucoup l’efficacité du vaccin D. T. chez le Cobaye. D’autres recherches ont établi un lien entre la radiosensibilité et la garniture chromosomique des cellules végétales : les espèces aux chromosomes nombreux et petits résistent beaucoup mieux que celles dont les chromosomes sont grands et peu nombreux. En d’autres termes, c’est la quantité d’énergie reçue par chaque chromosome, considéré isolément, qui est déterminante (100 p. 100 de mortalité avec 3,6 millions d’électrons-volts par chromosome). Cette loi avantage beaucoup les mutants polyploïdes. Dans le règne animal, on a pu établir, par la méthode des réflexes conditionnés, que le Rat perçoit les rayons X, même à très faible dose (0,05 R/s). Entre le domaine des irradiations mortelles et celui des irradiations liminaires se situe celui des irradiations moyennes, aux effets pathogènes ou génétiques nuancés et dont l’étude seule permettra d’analyser avec rigueur les processus d’action des radiations ionisantes.

H. F.

radiotechnique

Ensemble des techniques permettant l’utilisation des rayonnements électromagnétiques. (Cette expression se restreint plus particulièrement aux applications du domaine des télécommunications.)


C’est au physicien écossais James Clerk Maxwell* que l’on doit la base de la radiotechnique par son énoncé de la théorie électromagnétique de la lumière. Quelques années plus tard, les célèbres expériences de l’Allemand Heinrich Hertz* démontrèrent à l’aide de la bobine du mécanicien et électricien allemand Heinrich Daniel Ruhmkorff (1803-1877) que les ondes émises étaient de la même nature que celle de la lumière, qu’elles se propageaient de façon analogue et qu’elles pouvaient être dirigées et réfractées.

En 1890 et 1891, le Français Édouard Branly (1844-1940) présenta à l’Académie des sciences des expériences que l’on peut considérer comme le fondement de ce qu’on devait appeler par la suite la télégraphie sans fil, ou T. S. F., et partant de la radiotechnique.

Très rapidement, une sorte de compétition internationale se fit jour entre un grand nombre d’expérimentateurs. C’est ainsi que le Yougoslave Nikola Tesla (1856-1943) mit au point des montages producteurs d’ondes hertziennes (combinaisons de capacités et d’auto-inductances) et que l’Italien Guglielmo Marconi* fut l’un des premiers à réaliser des applications pratiques. En France, peu avant la Première Guerre mondiale, Gustave Ferrié* avait doté notre pays de puissantes liaisons radioélectriques. Mais, en raison de la faible sensibilité des stations réceptrices, les puissances à l’émission semblaient atteintes de gigantisme. Les éléments oscillants étaient volumineux ; les « bobinages » étaient souvent constitués de tubes de cuivre parcourus par une circulation d’eau, tandis que les antennes, de très grandes longueurs, étaient tendues entre des pylônes qui pouvaient atteindre jusqu’à 250 m de hauteur. Ces conditions impliquaient l’utilisation de longueurs d’onde élevées, de l’ordre de 10, 20 et même 30 km.

Un tournant décisif dans l’histoire de la radiotechnique fut la réalisation en 1906 par l’ingénieur américain Lee De Forest (1873-1961) du premier tube triode, auquel il avait donné le nom d’audion. Les conséquences en furent considérables. La sensibilité du nouveau tube, associée à ses possibilités d’amplification, conduisit très vite à la réalisation de récepteurs à rendement élevé. Parallèlement, on s’aperçut que ce tube pouvait être utilisé comme oscillateur, de sorte qu’il devenait possible de réaliser de petits réseaux de télécommunications. La marine américaine fut la première à réaliser de tels réseaux, bientôt suivie par les belligérants de la Première Guerre mondiale. Les applications militaires terrestres exigeaient des facilités pratiques de transport. Les premiers appareils comportaient des transformateurs encombrants et lourds et on les remplaça par des amplificateurs à résistances. Ce gain de poids entraîna une diminution du volume des circuits oscillants (plus petits nombres de spires), de sorte que les longueurs d’onde utilisées devinrent hectométriques, sauf pour les émetteurs puissants. Ces appareils étaient très lourds en raison de l’utilisation nécessaire de batteries d’accumulateurs qui fournissaient la haute tension continue, bien que cette tension ait été obtenue par une dynamo entraînée par bicyclette dans les installations de campagne.

Cette extension de la gamme de longueurs d’onde utilisées marque un nouveau développement de la radiotechnique. En effet, les fréquences utilisées provoquaient des pertes notables dans les composants des appareils, donnant lieu à des interactions perturbatrices. Une industrie spécialisée commença à étudier, puis à réaliser des éléments plus fiables, aidée en cela par les constructeurs de tubes électroniques, qui mettaient sur le marché des types de plus en plus adaptés à des rôles particuliers. C’est ainsi qu’entre 1920 et 1930 apparurent les tubes redresseurs, dérivés de la valve présentée en 1904 par John Ambrose Fleming (1849-1945), qui permettaient de réaliser aussi bien en émission qu’en réception l’alimentation par une tension alternative et assuraient également en réception la détection des signaux (diodes). Cette période fut extrêmement riche en conséquences pratiques. Ce fut en effet le début de la radiodiffusion, qui devait rapidement prendre une extension considérable dans le grand public. Les laboratoires de recherche se multiplièrent et aboutirent à de nombreuses applications pratiques. Le physicien anglais Oliver Heaviside (1850-1925) avait montré qu’il existait au-dessus du globe terrestre plusieurs couches ionisées constituant l’ionosphère. Or, alors que les ondes kilométriques se propageaient en ligne droite, les ondes hectométriques (ondes moyennes) avaient une transmission de sol vite atténuée et se propageaient dans l’ionosphère. La densité ionique dans celle-ci étant variable suivant diverses causes, notamment l’ensoleillement et la couche traversée, les ondes se réfractaient plus ou moins, de sorte que, au-delà d’une certaine distance de l’émetteur, l’énergie reçue subissait des variations souvent importantes (fading). On mit alors au point des systèmes antifading qui, corrigeant automatiquement cet affaiblissement de l’énergie transmise, augmentaient la sensibilité du récepteur lorsque l’intensité du signal diminuait ; parallèlement, lorsque le rapport signal/bruit était trop faible, le système antifading n’agissait pas.