Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

articulation (suite)

• Entorse récente. Elle se rencontre souvent au niveau de la cheville, particulièrement chez la femme. Cette impotence, habituellement symétrique, est alors la conséquence d’une instabilité minime entre le tibia et l’astragale ; les ligaments se trouvent étirés à l’occasion de traumatismes parfois peu importants. L’entorse récente de la cheville est favorisée par le port de talons hauts.

Cliniquement, à la suite d’un mouvement en position forcée, l’articulation du côté étiré se met à gonfler progressivement sur le trajet du ligament, mais souvent la douleur n’apparaît que secondairement (à chaud, pendant l’effort, les signes restent très frustes). Ce n’est que dans les heures qui suivent que se constitue l’impotence fonctionnelle qui va durer plusieurs jours.

Toute entorse nécessite un examen médical, car il est capital d’apprécier la continuité du ligament. En effet, si celle-ci persiste, la mise au repos de l’articulation, sa contention par un bandage élastique ou même par un plâtre temporaire permettent une cicatrisation rapide et dans de bonnes conditions. L’entorse négligée est la source de nombreuses récidives et la voie ouverte à l’entorse chronique.

En cas de rupture du ligament, l’entorse peut être soit une désinsertion ou un arrachement d’une des extrémités, emportant parfois même un fragment osseux (il faut toujours pratiquer une radiographie), soit une solution de continuité de la portion moyenne.

La traduction clinique en est l’existence de mouvements anormaux de latéralité ou antéropostérieurs (pour le genou). En cas de difficultés diagnostiques rencontrées pour explorer l’articulation, il peut être parfois nécessaire de faire précéder l’examen de l’injection d’une substance anesthésiante, et de compléter celui-ci par la prise de clichés radiographiques en position forcée, le bâillement articulaire venant alors confirmer l’atteinte ligamentaire. La connaissance de cette dernière est importante, car les entorses graves nécessitent un traitement sérieux : plâtre pendant au moins trois semaines ; intervention chirurgicale en vue de suture capsulo-ligamentaire.

À condition d’être bien traitées, les entorses ne laissent que peu de séquelles.

Si la cheville est le plus souvent concernée, c’est au niveau du genou que les entorses sont le plus graves, en raison de la nécessité absolue d’une bonne stabilité articulaire pour assurer une marche satisfaisante.

La lésion du ligament latéral est souvent associée à celle d’un ligament croisé (c’est habituellement le ligament latéral interne et le ligament croisé antéro-externe) avec possibilité, en outre, d’atteinte méniscale. De telles lésions nécessitent une intervention chirurgicale rapide en vue de suture. Mais, une fois celle-ci exécutée, un plâtre de trois semaines au moins sera encore nécessaire pour assurer la cicatrisation des tissus.

Toutes les articulations qui ont des ligaments peuvent être l’objet d’une entorse. Mais celle-ci se produit avec une particulière fréquence, outre à la cheville et au genou, au poignet, aux petites articulations des doigts et au coude.

• Entorse chronique. C’est l’évolution habituelle de l’entorse négligée, provoquant l’instabilité articulaire.

On peut y suppléer : soit par un moyen de contention externe, mais qui est habituellement peu efficace ; soit par une intervention dont l’objet est la réfection des ligaments par greffe ou transposition tendineuse.


Lésions des ménisques

Elles se rencontrent presque exclusivement au niveau du genou, si l’on excepte l’articulation temporo-maxillaire. Malgré leur peu d’importance dans la fonction du genou, les ménisques jouent un rôle capital dans les traumatismes de cette articulation.

Leur rupture tient à trois facteurs : la mauvaise mécanique articulaire du genou ; le contrôle musculaire incorrect ; les modifications dégénératives ou les anomalies congénitales.

Ces lésions se constituent principalement lors des mouvements de flexion-rotation forcés (chute à skis, placage au rugby, accident de football, etc.).

Dans les jours qui suivent l’accident initial se constitue progressivement une hydarthrose, avec parfois apparition de phénomènes de « blocage » en flexion ou en extension (limitation temporaire de l’amplitude articulaire). Ce signe, quand il est net, est caractéristique de la lésion méniscale, et impose une arthrographie gazeuse pour confirmer le diagnostic.

Malheureusement, il ne lui est souvent pas prêté l’attention qu’il nécessite, et ce n’est que beaucoup plus tard, devant la répétition de ces épisodes de blocage, que la nature de la lésion est reconnue. Il n’est alors d’autres solutions que l’intervention chirurgicale. La possibilité de blocages à tout moment (en nageant, en courant, etc.) non seulement constitue une épée de Damoclès, mais leur répétition favorise l’apparition d’une arthrose d’origine mécanique.

C’est habituellement le ménisque interne qui est lésé. Son exérèse doit toujours être complète. C’est une intervention simple, aux suites banales ; un plâtre pendant trois semaines est nécessaire si un ligament latéral a dû être sectionné.


Ossifications intra- et périarticulaires

La présence de corps étrangers intra-articulaires est souvent remarquablement tolérée ; elle peut néanmoins donner des manifestations à type de blocage, telles que l’on en rencontre dans les lésions méniscales par exemple. L’origine de ces corps, qui se rencontrent principalement au genou et au coude, est variable. Le plus souvent, il s’agit d’une ostéochondrite disséquante (des fragments de cartilage articulaire se détachent par suite de la nécrose vasculaire de la zone osseuse sous-jacente) ; parfois de fracture de surfaces articulaires ayant détaché des fragments libres ; rarement d’une chondromatose synoviale (formation de fragments cartilagineux aux dépens de la membrane synoviale).

En réalité, la cause est ignorée dans plus d’un tiers des cas.

Les ossifications périarticulaires surviennent soit après une intervention (c’est le classique ostéome du brachial antérieur au niveau du coude), soit après un traumatisme responsable d’une hémorragie dans les parties molles.