Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Q

Quinquina (suite)

Les formes pharmaceutiques qui figurent à la pharmacopée française de 1965 sont :
— la poudre de Quinquina rouge, qui doit titrer 5 ± 0,25 p. 100 d’alcaloïdes totaux. Les alcaloïdes sont localisés dans l’écorce du tronc et des branches. On reçoit ces écorces en lames de 2 à 6 mm d’épaisseur, plates ou roulées. La poudre de Quinquina rouge est obtenue par contusion de l’écorce préalablement chauffée à 60 °C. Elle sert à préparer l’extrait fluide, la teinture et le vin de Quinquina rouge (v. ci-dessous) et entre dans la composition de plusieurs dentifrices.
— l’extrait fluide de Quinquina rouge, qui doit contenir au minimum 3,5 p. 100 d’alcaloïdes totaux ;
— la teinture de Quinquina rouge, dont le résidu sec est de 4,5 à 6 p. 100 ;
— le vin de Quinquina officinal, à 25 p. 1 000 de poudre d’écorces, en utilisant soit le vin rouge, soit le vin blanc, soit le vin de liqueur, privé d’alcool.

Ces préparations ont une action tonique.

Les écorces de Quinquina gris (Cinchona officinalis) sont recherchées pour leurs qualités aromatiques et sont le principal constituant de nombreux apéritifs, tandis que le Quinquina jaune (Calisaya) et des hybrides sont cultivés pour l’extraction des alcaloïdes.

Les alcaloïdes du Quinquina

Les principaux alcaloïdes du Quinquina appartiennent à deux groupes voisins : la cupréine et des dérivés de la quinoléine comprenant quatre isomères (la quinine, la quinidine, la cinchonine et la cinchonidine). L’ensemble des alcaloïdes est tiré des écorces de Quinquina au moyen des procédés extractifs classiques, et les méthodes chimiques permettent de diriger la production vers ceux des alcaloïdes qui sont le plus demandés : la quinine et la quinidine. Ces derniers possèdent à des degrés divers une activité thérapeutique triple : antifibrillaire (contre les troubles du rythme cardiaque), antipyrétique (contre la fièvre), antimalarique (contre le paludisme).

La quinidine

Cet alcaloïde n’est pratiquement utilisé aujourd’hui qu’en cardiologie sous forme de sulfate ou de sel organique (gluconate, galacturonate). On le substituait autrefois à la quinine comme antipaludéen.

La quinine

La quinine-base hydratée est constituée de cristaux incolores, efflorescents, de saveur très amère, solubles dans les solvants organiques, très peu solubles dans l’eau, solubles dans les acides forts dilués. La solution sulfurique, même très diluée, présente une belle fluorescence bleue. La quinine est prescrite sous forme de sels, le plus souvent minéraux : bromhydrate et surtout chlorhydrate et sulfate basiques. Ces sels, peu solubles et très amers, sont administrés sous forme de cachets et de comprimés, parfois du suppositoires ; les formes injectables sont pratiquement abandonnées. Depuis sa découverte en 1820, jusqu’en 1938 (synthèse de la mépacrine), la quinine a été le seul antipaludéen dont disposât la thérapeutique. Elle a une action uniquement schizonticide, donc uniquement curative. Elle est actuellement complétée par les antipaludéens de synthèse dérivés de l’acridine (mépacrine) ou de la quinoléine (amodiaquine, chloroquine), moins toxiques et moins onéreux, sauf dans certains cas de résistance aux produits de synthèse. La quinine possède des propriétés antipyrétiques et analgésiques, et ses sels figurent dans la formule de nombreux produits spécialisés destinés au traitement des affections grippales.

On ne saurait trop insister sur l’importance de la quinine, seul médicament antimalarique efficace connu pendant plus d’un siècle. Partiellement délaissée par la thérapeutique, son industrie demeure active, la demande s’intensifiant pour l’industrie alimentaire et la préparation des boissons gazeuses dites « toniques ».

R. D.

P. C.

➙ Alcaloïdes / Rubiales.


Les pharmaciens qui isolèrent la quinine


Pierre Joseph Pelletier,

pharmacien français (Paris 1788 - Clichy 1842). Il obtint son diplôme en 1810, Membre de l’Académie de médecine en 1820 et de, l’Académie des sciences en 1840, professeur d’histoire naturelle à l’École supérieure de pharmacie de Paris, il fut également directeur adjoint de cet établissement.


Joseph Bienaimé Caventou,

pharmacien français (Saint-Omer 1795 - Paris 1877). Pharmacien militaire de la campagne de 1815, il fut professeur de chimie organique et de toxicologie à l’École supérieure de pharmacie de Paris et président de l’Académie de médecine.

Le jeune Caventou, encore interne à l’hôpital Saint-Antoine, participa aux travaux de Joseph Pelletier, dans l’officine de celui-ci, rue Jacob. Leur féconde collaboration et leurs recherches sur l’isolement des produits actifs des végétaux les conduisirent à la découverte de la strychnine (1818) dans la Fève de Saint-Ignace, de la vératrine (1818) dans la Colchique, de la brucine (1819) dans la fausse Angusture. En 1820, ils découvrent la quinine et la cinchonine dans l’écorce du Quinquina.

Dans un mémoire qui est lu le 11 septembre 1820 à l’Académie des sciences, ils font connaître leur procédé d’extraction, mettant ainsi à la disposition de l’humanité une drogue que les découvertes les plus récentes n’ont pas encore détrônée.

Ce succès ne ralentit pas leur activité. On cite encore leur étude de la substance verte des feuilles qu’ils appellent chlorophylle*. Ils isolent la pipérine du Poivre, la narcéine et la thébaïne du suc de Pavot.

P. C.

Quito

Capitale de l’Équateur.


Contrairement à la plupart des autres grandes villes de l’Amérique latine, Quito est située au cœur de la Cordillère des Andes. Aussi n’a-t-elle pas ajouté à ses fonctions de capitale politique et administrative celles de principal centre économique du pays, rôle détenu par le grand port de Guayaquil*.

Quito est installée dans un haut bassin andin, à une altitude moyenne de 2 850 m, entre la Cordillère occidentale, très massive, aux altitudes moyennes de 5 000 m, et la Cordillère orientale, plus découpée, avec des cols plus bas correspondant à de hautes vallées qui alternent avec de très hauts volcans dépassant parfois 6 000 m. Le bassin abritant Quito est large de 50 à 70 km et son altitude moyenne varie entre 2 500 et 3 000 m. La ville elle-même est située au pied du volcan Pichincha, qui culmine à 4 784 m. Comme toute la zone des Andes, ce bassin est victime de séismes qui ont provoqué plusieurs fois, la destruction partielle de la ville.

Cette cité, à 0° 31′ de lat. S., jouit d’un climat équatorial de montagne : les températures y sont douces toute l’année, avec des moyennes autour de 10-14 °C ; les différences les plus marquées se manifestent dans les écarts entre le jour et la nuit ; l’altitude provoque un rafraîchissement nocturne très sensible.