Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Q

Québec (suite)

Le paysage urbain

Québec comprend d’abord un cœur historique dédoublé entre la partie ancienne de la haute ville (avec sa citadelle, ses remparts, ses rues étroites, ses maisons du xviiie s. et du début du xixe s., ses édifices historiques, mais aussi quelques constructions en hauteur de date récente et peu en harmonie avec leur environnement) et les vieux quartiers de la basse ville (dont les maisons des xviie et xviiie s. sont l’objet d’une heureuse restauration) ; des rues pittoresques et accidentées raccordent ces deux parties anciennes.

Haute ville et basse ville se sont étendues vers le sud-ouest au cours du xixe s., quartier résidentiel de la bourgeoisie aisée anglophone (de plus en plus réduite) et quartier commercial dans la haute ville, quartiers populaires, de résidence et de commerce dans le prolongement de la vieille basse ville. Le processus s’est poursuivi au cours de ce siècle ; la ville rejoint maintenant sa banlieue résidentielle de l’île de Québec (Sainte-Foy, Sillery et, plus loin, Cap-Rouge). Débordant les quartiers industriels établis dans la basse ville et près de la rivière Saint-Charles, l’agglomération englobe Charlesbourg et s’étend vers les Laurentides et sur la côte de Beauport. Sur la rive droite, où Lévis, ville de cheminots et banlieue résidentielle, et Lauzon ont été longtemps les seuls noyaux semi-urbains, des quartiers résidentiels, industriels et du type highway ribbon s’allongent aujourd’hui sur 15 km en aval des ponts de Québec, modifiant rapidement le paysage (Saint-Romuald, siège d’une raffinerie et d’un parc industriel, n’était qu’un calme village il y a vingt ans).

L’extension de l’aire urbanisée peut donner l’impression d’une agglomération dynamique ; ce n’est pas le cas. Québec possède un faible pouvoir attractif sur sa région et sur l’est de la province, que les courants migratoires portent vers Montréal. Elle souffre aussi d’une industrialisation insuffisante en regard de la rapide croissance du tertiaire ; on constate même une diminution des emplois industriels par concentration ou départ des entreprises et par suite de l’automatisation, sans compensation par création d’usines nouvelles. Enfin, sa position apparaît comme de plus en plus excentrique par rapport à la « région centrale », polarisée autour de Montréal.

P. B.

➙ Canada / Montréal / Québec (province de) / Saint-Laurent.

 P. G. Roy, la Ville de Québec sous le régime français (Paradis, Québec, 1930 ; 2 vol.). / R. Blanchard, l’Est du Canada français, t. II (Beauchemin, Montréal et Masson, 1935). / G. Morisset, Québec et son évolution (Université Laval, Québec, 1952).

Québec (province de)

Province du Canada ; 1 540 680 km2 (16 p. 100 occupés par des lacs) ; 6 028 000 hab. Capit. Québec*.


La géographie

La province est plus vaste que la France, l’Espagne, les deux Allemagnes, les pays du Benelux et la Suisse réunis. Elle concentre 28 p. 100 de la population du Canada.


Le milieu naturel

Par son relief et sa géologie, le Québec ressemble à un triptyque aux volets fort inégaux. On distingue d’abord une partie centrale, les basses terres du Saint-Laurent (env. 40 000 km2), qui s’étendent de part et d’autre du fleuve, s’ennoient sous son estuaire et réapparaissent dans l’île Anticosti. Elles sont constituées de sédiments primaires, grès, calcaires, schistes. L’altitude y dépasse rarement 80 m, sauf dans les collines montérégiennes (buttes volcaniques à l’est de Montréal). Dans la plaine de Montréal, le Saint-Laurent et ses affluents coulent presque à fleur de sol, mais un bombement du socle oblige le réseau hydrographique à s’encaisser dans la région de Québec. Collines morainiques, moraines de fond, terrasses fluvio-glaciaires et dépôts marins (submersion postglaciaire) masquent souvent les assises sédimentaires.

Le deuxième panneau, situé au sud des basses terres et de l’estuaire, est formé par les Appalaches canadiennes (100 000 km2), région de sédiments plissés (au Carbonifère), plus ou moins métamorphisés, et de roches volcaniques et intrusives. L’aspect tabulaire (plis arasés) alterne avec la topographie rubannée (roches dures en saillie) ; dans les Cantons de l’Est, des sommets isolés (mont Gosford, 1 160 m) dominent des plateaux compris entre 300 et 500 m ; en Gaspésie, des plateaux étages (le plus haut porte le point culminant de la province, le mont Jacques-Cartier, 1 268 m) sont incisés de profondes vallées glaciaires ; le littoral élevé et rectiligne le long de l’estuaire contraste avec l’extrémité découpée de la Gaspésie, où la structure plissée est tranchée par la mer (le pittoresque de cette côte en fait un haut lieu de tourisme).

Le troisième volet du relief, c’est l’immense Nord (neuf dixièmes du territoire), qui appartient au Bouclier canadien, socle précambrien de granités et de gneiss, recouvert de sédiments diversement plissés et métamorphisés. L’aspect dominant est celui de molles ondulations comprises entre 300 et 600 m. Le Bouclier se relève au sud à plus de 900 m en formant les Laurentides, qui dominent l’estuaire et les basses terres et sont coupées d’incisions profondes comme celle du Saguenay. Les glaciers quaternaires ont défiguré ce socle, creusant une myriade de cuvettes lacustres et désorganisant le réseau hydrographique (tantôt cours indécis, tantôt chutes et rapides). Le fond d’un lac retenu quelque temps par un lobe glaciaire forme aujourd’hui la plaine argilo-sableuse (Clay Belt) d’Abitibi.

Le climat est du type continental à hiver froid. La rigueur de la saison froide s’accuse avec la latitude : la moyenne de l’hiver est de – 10 °C à Montréal, – 12 °C à Québec, de – 18 à – 20 °C en Abitibi et à Chibougamau, – 23,5 °C à Schefferville, – 28 °C à Port Harrison, le minimum moyen quotidien de janvier tombant de – 18 °C dans la vallée du Saint-Laurent à – 23 °C en Abitibi et – 38 °C dans le nord-ouest de l’Ungava. L’hiver est aussi de plus en plus long vers le nord : dans les basses terres, le sud des Appalaches et la dépression Saguenay - lac Saint-Jean, les lacs gèlent vers la fin de novembre, les rivières, à la fin de décembre ; la débâcle des eaux courantes a lieu à la mi-avril et le dégel des lacs à la fin de mai ; sur le Bouclier, les gelées commencent au début ou à la fin de septembre selon la latitude, le dégel se produisant entre la fin de mai et la fin de juin ; dans l’extrême Nord de type arctique (moyenne de juillet inférieure à 10 °C), il peut geler et neiger en tout temps.