Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pyrénées (suite)

Les nuances régionales

Quels que soient les caractères communs à l’ensemble de la chaîne, les Pyrénées montrent des contrastes assez sensibles de part et d’autre de la frontière. L’Ampurdán céréalier, aux horizons dégagés, contraste avec la huerta roussillonnaise, elle-même dominée par les collines viticoles des aspres. À l’ouest, le Guipúzcoa, dont les vallées sont animées (et souvent aussi polluées) par l’industrie, diffère profondément du Labourd et de la Basse-Navarre rurale.

Mais les contrastes les plus nets résultent des différences de climat et de végétation. À l’ouest du pic d’Anie, en Pays basque et sur les marges occidentales du Béarn règne un climat océanique doux et humide. Les précipitations excèdent 1 000 mm et, sans qu’il y ait de mois sec, sont plus abondantes en hiver. L’herbe, le chêne, jusqu’à 600 m, les hêtres, entre 600 et 1 600 m, et quelques sapinières parent ces montagnes, où les cultures ne s’aventurent guère au-dessus de 300 m et où il n’y a pas d’alpages ; par ailleurs, la chênaie dégradée y a souvent fait place à la lande d’ajoncs et de bruyères (le touya), exploitée pour le pacage et le soutrage. Les rivières, aux eaux claires et rapides, ont une alimentation surtout pluviale et, somme toute, régulière. Ce climat atlantique s’adoucit encore sur la frange côtière et prend une teinte montagnarde en altitude (abondance de la neige).

À l’est, les montagnes de Roussillon et de Catalogne ont un climat méditerranéen, caractérisé par une forte luminosité, des précipitations relativement faibles (de 600 à 800 mm) et tombant sous forme d’averses très violentes et espacées ; la tramontane, vent violent et froid, balaie ces montagnes et les plaines bordières. Les espèces méditerranéennes couvrent les versants des moyennes montagnes et n’abandonnent que les plus hauts sommets aux hêtres, aux conifères et aux médiocres herbages. Les torrents, par l’irrégularité de leurs débits, reflètent les écarts de ce climat. Les précipitations sont, à l’inverse du reste de la chaîne, surtout apportées par des perturbations de sud-est ; aussi le versant méridional, au-dessus de l’Ampurdán, est-il plus arrosé que le Roussillon, et les bassins intérieurs sont-ils très ensoleillés et peu arrosés.

Du Somport au Puymorens, la crête frontière est une des limites climatiques les plus nettes de l’Europe occidentale. Le versant septentrional appartient à l’ensemble du domaine climatique atlantique. Les précipitations pluviales ou neigeuses sont apportées par des perturbations d’ouest et plus rarement par des flux d’est. Dans l’ensemble, ces précipitations sont plus fortes à l’ouest qu’à l’est, mais, dans le détail, elles varient fortement en fonction de l’exposition et de l’altitude. Les hautes vallées sont plus enneigées que les parties basses (et la neige y tient plus longtemps), mais l’ensoleillement y est aussi plus fort et plus fréquent, en particulier lorsque souffle le vent du sud, véritable fœhn. Dans l’ensemble, le temps est assez instable, surtout en été. Alors que les basses vallées sont le domaine des cultures vivrières et des prairies, au-dessus, les fûtaies de conifères couvrent les versants et abandonnent les plas aux prairies, elles-mêmes dominées par des rochers, voire des glaciers. Le régime des rivières se ressent surtout des fontes de neige (de là les brusques crues de printemps liées à des redoux) et, bien moins, de celles des glaces.

En Navarre, en Aragon et en Catalogne intérieure prévaut un climat de type méditerranéen déjà rude (encore que l’olivier s’avance jusque dans le bassin de Pampelune). Les précipitations diminuent sensiblement à mesure qu’on va vers l’est et sont tout particulièrement faibles dans les vallées et les bassins intérieurs. Ce climat méditerranéen est aussi un climat continental, avec des hivers d’autant plus rudes que s’établit souvent un temps anticyclonal froid, et il reste souvent torride en été. La végétation est d’autant plus maigre et clairsemée que de vastes espaces ont été dévastés par les troupeaux de moutons : sur les formations de nature argileuse des glacis sévit une forte érosion des sols. Les cours d’eau enregistrent aussi les violents écarts de ce climat : crues brutales et longues, périodes de maigres prolongés se succèdent.

Au total, les Pyrénées sont une barrière d’autant plus nette que les relations entre les deux versants ont toujours été limitées. En plein développement, néanmoins, cette circulation pyrénéenne est surtout routière. Certes, quatre voies ferrées franchissent la chaîne (Port-Bou, Puymorens, Somport, Hendaye), mais les deux de l’intérieur sont à profil rude et toutes présentent des écartements différents de part et d’autre de la frontière. Aussi les routes littorales doivent-elles acheminer un fort trafic (marchandises, immigrants et touristes) ; l’achèvement de l’autoroute de Barcelone à Perpignan et la réalisation, un peu plus lointaine, de celle de Bilbao à Bayonne amélioreront les conditions de cette circulation.

S. L.

➙ Andorre / Aragon / Ariège / Basque français (Pays) / Basques (provinces) / Catalogne / Pyrénées-Atlantiques / Pyrénées (Hautes-) / Pyrénées-Orientales.

 P. Barrère, R. Heisch et S. Lerat, la Région du Sud-Ouest (P. U. F., 1962 ; 2e éd., 1969). / G. Viers, les Pyrénées (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962, 3e éd., 1973). / P. de Bellefon, les Pyrénées (Denoël, 1976).

Pyrénées-Atlantiques. 64

Départ. de la Région Aquitaine* ; 7 629 km2 ; 534 748 hab. Ch.-l. Pau*. S.-pr. Bayonne* et Oloron-Sainte-Marie.


Le département a été formé par la réunion du Béarn et des trois provinces basques françaises (Labourd, Basse-Navarre et Soule). La population est un peu moins nombreuse qu’il y a un siècle. De 437 000 en 1861, les effectifs se stabilisèrent pendant un demi-siècle (433 000 en 1911) ; en 1921, 403 000 personnes furent recensées. Puis, à partir de 1936, ce fut une reprise, d’abord lente (420 000 en 1954), ensuite plus rapide (469 000 en 1962). Alors que les ruraux ont été longtemps la majorité, ils ne représentent plus que 41 p. 100 des Béarnais et des Basques. De 1901 à 1968, le nombre des agriculteurs a été réduit de 113 000 à 48 000 ; celui des ouvriers de l’industrie s’est accru de 50 000 à 70 000 ; quant au nombre des personnes exerçant une activité tertiaire, il a doublé, passant de 41 000 à plus de 80 000. Si les landes, en Pays basque notamment, couvrent de vastes superficies (plus de 250 000 ha), les bois occupent 150 000 ha, les labours 165 000 et les herbages 155 000. Les labours portent principalement du maïs (95 000 ha) ; on élève 290 000 bovins et 396 000 ovins. La grosse majorité des exploitants est propriétaire des terres qu’elle travaille.