Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pyrénées (suite)

L’exploitation forestière et la mise en valeur des richesses minières sont aussi très anciennes. Les Pyrénées possèdent un grand nombre de gîtes minéraux, d’accès difficile et (exception faite du massif de Tabe, au-dessus de Luzenac) d’importance secondaire. La zone axiale renferme des minerais métalliques (fer du Canigou et du Puymorens ; plomb et zinc de la province de Gérone) et le spath-fluor d’Olette, dans les Pyrénées orientales, et du Pourtalet. Des formations sédimentaires, on tire les bauxites (utilisées comme abrasifs) de la région de Lavelanet et le marbre, dont l’exploitation est en plein renouveau (Arudy, Saint-Béat). Le sel gemme est extrait dans l’avant-pays béarnais et basque, et l’on trouve de la potasse au sud de Pampelune. La présence d’hydrocarbures sur le versant nord de la chaîne est en rapport avec des structures profondes liées aux Pyrénées.


Les ressources nouvelles

Les possibilités hydro-électriques des Pyrénées ont été valorisées plus tard que celles des Alpes : les premiers grands aménagements n’ont été réalisés qu’à partir de 1920 sur le versant français et après 1945 en Espagne. Aujourd’hui, la plus grosse partie du potentiel a été aménagée ; de 10 à 12 TWh sont produits dans les Pyrénées, dont 6 en France ; 90 p. 100 de ce courant sont obtenus entre le Somport et le Puymorens, l’insuffisance des dénivellations en Pays basque et la faiblesse des précipitations dans les Pyrénées méditerranéennes n’étant pas favorables à la production d’électricité. Toutefois, aucune usine n’a une productibilité élevée (Aston, 340 GWh), car les bassins sont en général exigus. Sur le versant français, les aménagements hydrauliques, en majorité des usines de haute chute (utilisant notamment les eaux des lacs d’altitude), ont été conçus uniquement pour la production d’énergie : vallée d’Ossau, bassin montagnard du gave de Pau (dont Pragnères), vallée d’Aure en amont de Saint-Lary-Soulan, Luchonnais, Ariège moyen et Vicdessos. Sur le versant méridional, ils ont été conçus à la fois pour produire de l’énergie et pour permettre l’irrigation des périmètres de colonisation du bassin de l’Èbre ; il a fallu aussi corriger les écarts saisonniers des régimes fluviaux à influences méditerranéennes. Aussi de grands lacs, les pantanos, s’allongent-ils en arrière de barrages au pied desquels sont des usines de moyenne chute : sur l’Aragón, le Gállego, le Cinca, l’Esera, les deux Nogueras et le Sègre.

Les Pyrénées sont peu industrialisées. Cependant, une véritable tradition manufacturière anime nombre de petites villes et vallées du versant nord. Mais la plupart de ces industries, de structure familiale et insuffisamment modernisées, ont connu de profondes difficultés depuis la Seconde Guerre mondiale. Le textile anime ainsi les petites villes des Pyrénées occidentales (Oloron-Sainte-Marie, Nay), tournées vers la production de linge basque et de lainage, Bagnères-de-Bigorre et Lavelanet (travail de la laine) ainsi que les hautes vallées catalanes (coton). Ancienne aussi est la fabrication des articles chaussants en Pays basque (Hasparren, Mauléon-Licharre) et dans les Pyrénées orientales. En déclin, par contre, est la chapellerie de la région de Quillan, dans la vallée de l’Aude. Traditionnelle aussi est l’industrie liée à la forêt : travail du bois et papeterie du Guipúzcoa, fabrication de meubles de la région de Nay, en Béarn, papeteries du Comminges, du Couserans (dont la fabrication des papiers à cigarettes) et de Catalogne. L’industrie moderne est liée à l’utilisation d’une partie du courant produit dans la chaîne : aluminium du Vicdessos, sur le versant nord, de Sabiñánigo, en Aragon ; électrochimie de Monzón (près de Lérida), de la vallée du gave de Pau (Pierrefitte-Nestalas et Soulom), de celle d’Aure (Sarrancolin) et de celle de la Garonne (Marignac). En Guipúzcoa, la vieille tradition métallurgique (fabrication des armes) s’est perpétuée dans la construction du matériel ferroviaire (Beasain).

Les possibilités touristiques ont été fortement valorisées au cours des dernières décennies. Les sources thermales, très nombreuses, sont connues et fréquentées depuis longtemps, mais aucune n’est parvenue à une très grande renommée internationale : Ax-les-Thermes, dans la vallée de l’Ariège, Bagnères-de-Luchon et Cauterets sont les plus fréquentées ; secondaires sont Amélie-les-Bains-Palalda, dans le Vallespir, Capvern, à l’Ouest du plateau de Lannemezan, et les stations bigourdane (Argelès-Gazost), béarnaises (Eaux-Bonnes, Eaux-Chaudes) ou aragonnaise (Panticosa). Le tourisme hivernal, défavorisé par la chute tardive des neiges et par de brutales fontes, dues à des redoux par coup de vent du sud, s’est développé plus tardivement que dans les Alpes et plus sur le versant nord qu’en Espagne. Font-Romeu, en Cerdagne, Saint-Lary-Soulan, Superbagnères (près de Luchon), Barèges et Cauterets, dans les Pyrénées centrales françaises, El Formigal et Candanchú, en Aragon, La Molina, en Cerdagne espagnole, sont les principales stations de sports d’hiver, fréquentées en majorité par une clientèle originaire du Sud-Ouest et du Centre-Ouest. En été, plusieurs millions de pèlerins affluent à Lourdes et grossissent le flot des touristes itinérants (notamment de ceux qui suivent la « route des Pyrénées », la R. N. 618) ; nombreux sont aussi les séjours à l’intérieur de la montagne. Sur le versant nord, on attend beaucoup de la création du parc national des Pyrénées.

Les Pyrénées sont bien moins peuplées qu’au siècle dernier, la diminution des effectifs de population ayant commencé au milieu du xixe s. en France, à partir de 1920 en Espagne. Cette dépopulation offre des caractères particuliers dans chaque vallée, mais quelques traits d’ensemble se dégagent. Nombre d’écarts ont été abandonnés (sauf en Pays basque), et les villages les plus isolés, notamment ceux qui sont situés à l’écart des routes à grande circulation, ont été les plus sévèrement touchés. Exception faite de Pampelune, les villes de l’intérieur de la montagne (Jaca, Huesca et, sur le versant nord, les villes de la bordure montagneuse) n’ont retenu qu’une faible part des migrants ; ceux-ci ont, en majorité, gagné les grandes villes du piémont (Pau, Tarbes), des plaines voisines (Bordeaux, Toulouse, Saragosse), voire des métropoles plus lointaines. Depuis un quart de siècle, les Aragonnais émigrent sur le versant nord.