Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Pyrénées (suite)

Les formations sédimentaires reprises par le plissement pyrénéen du Tertiaire constituent l’essentiel de la montagne basque et, à l’est du pic d’Anie, flanquent la zone axiale au nord et au sud. Moins ample, la bordure sédimentaire septentrionale s’élargit à mesure qu’on va vers l’est. En Béarn et en Bigorre, ce n’est qu’un étroit liséré d’une dizaine à une quinzaine de kilomètres de largeur, fait de dépressions et de crêtes parallèles, et dominant brutalement l’avant-pays (front pyrénéen). En Comminges, dans le Couserans et le comté de Foix, des Prépyrénées, au relief pseudo-appalachien, s’avancent plus loin vers le nord, au-dessus des collines de l’Aquitaine méridionale. À l’est de l’Aude, l’ensemble sédimentaire des Corbières s’épanouit jusqu’aux portes de Narbonne et de Carcassonne, autour du noyau de massif ancien que constitue le Mouthoumet.

Bien plus large (jusqu’à 70 km), la bande sédimentaire méridionale s’épanouit au contraire vers l’ouest. En Catalogne, elle correspond à un ensemble de chaînes, drainées par le Ter, le Llobregat, le Sègre et les deux Nogueras. En Aragon et en Navarre orientale, une ample dépression court de l’est de Sabiñánigo aux abords d’Alsasua (canal de Berdún, bassin de Pampelune). Elle sépare les sierras intérieures, aux puissantes murailles calcaires (région du mont Perdu) accolées à la zone axiale, des sierras extérieures, reliefs discontinus et morcelés atteignant rarement 2 000 m, et qui s’ennoient au sud sous les formations sédimentaires des plaines de l’Èbre.

La chaîne, tout au moins dans sa partie centrale, possède un certain nombre de formes caractéristiques. Le relief s’ordonne autour des vallées de direction subméridienne, qui semblent, pour la plupart, être établies sur des accidents tectoniques sud-nord. Ces vallées ont été occupées au Quaternaire par des glaciers, dont la plupart sont insuffisamment nourris pour déborder dans l’avant-pays : seuls les glaciers d’Ossau (à Arudy) et du gave de Pau (à Lourdes) sortaient de la montagne, comme en témoignent les arcs morainiques.

De hautes surfaces, les plas, portant pour la plupart des vastes pâturages, s’identifient un peu partout dans la chaîne. Elles sont particulièrement nombreuses à l’est de la Garonne, où elles se rencontrent entre 2 000 et 2 900 m (ainsi les plateaux du Carlitte, le massif de l’Aston) ; entre la Garonne et le Somport, elles sont à moins de 2 000 m (Superbagnères, le pla d’Adet, près de Saint-Lary-Soulan, etc.) ; à l’ouest du Somport, elles sont très rares. Ces hautes surfaces dateraient de la fin du Tertiaire. Les parties les plus élevées de la montagne (Vignemale, Néouvielle, Maladetta) portent de petits glaciers. Elles montrent une empreinte glaciaire quaternaire assez faible : petits cirques (Néouvielle) ; lacs glaciaires d’altitude, dont les réserves d’eau sont utilisées pour les aménagements hydro-électriques (Néouvielle, région de Luchon, Carlitte) ; vallées suspendues, dont les dénivellations sont rachetées par de nombreuses conduites forcées.

De l’époque villafranchienne et de la période quaternaire qui a précédé la glaciation, toutes deux à climat semi-aride, datent les formes d’accumulation qui flanquent la chaîne au nord et au sud, et qui ont été largement déblayées dans l’intérieur de la montagne par les glaciations quaternaires. Au nord, ces formations sont représentées par des plateaux de 500 à 600 m d’altitude, s’abaissant rapidement vers le nord et assez profondément disséqués par les rivières qui y naissent : plateau de Lannemezan, face au débouché de la Neste ; petits plateaux de Cieutat et d’Orignac, un peu plus à l’ouest ; plateau de Ger, au débouché du gave de Pau, se prolongeant lui-même par un éventail de plaines étroites et allongées dans le nord du Béarn. Sur le versant méridional, les formations villafranchiennes ont été largement emportées par l’érosion et ont été réduites à des fragments de glacis emboîtés ou même à des buttes sur lesquelles se perchent les villages. Dans les deux cas, l’érosion superficielle a été très forte (bad lands).


La géographie humaine


Les ressources traditionnelles

Les Pyrénées sont un pays d’élevage, encore que cette activité n’ait jamais eu l’importance qu’elle connaît dans les Alpes. Les moutons sont bien moins nombreux qu’autrefois : environ 2 millions pour l’ensemble de la chaîne, dont 500 000 seulement sur le versant nord. Les plus gros effectifs se rencontrent dans la partie occidentale (300 000 dans le Pays basque français, plus de 500 000 en Navarre et 500 000 dans le nord de l’Aragon, autour de Huesca). Les Pyrénées n’accueillent plus guère de troupeaux appartenant à des personnes résidant dans l’avant-pays, comme ce fut le cas jusqu’au début du xxe s. (transhumance directe). Il existe encore, par contre, une transhumance inverse : les montagnards envoient leurs troupeaux sur la haute chaîne (sur les estives) à la belle saison et, en effectifs moindres, il est vrai, vers l’avant-pays en hiver (notamment en Béarn et en Bigorre). La production de lait est la grande affaire ; celui-ci sert à la fabrication de fromages, faits de lait de brebis ou de lait de brebis et de lait de vache mêlés ; en Pays basque français, la plus grande partie du lait est destinée à la fabrication de fromages de Roquefort. L’élevage bovin a, par contre, progressé au cours des dernières décennies, encore qu’il y ait moins d’un million de bêtes dans la chaîne et que la production soit, dans l’ensemble, de qualité médiocre.

L’agriculture n’a jamais occupé que de faibles superficies, et les espaces cultivés n’ont cessé de diminuer au cours du dernier siècle. Alors que les forêts et les pacages sont traditionnellement des terres d’exploitation collective dans le cadre du village, du groupe de villages (syndicats du Pays basque) ou même de l’unité géographique que constitue la vallée, les terres de culture ont toujours été appropriées individuellement par de petits paysans qui les travaillaient eux-mêmes. S’était développée une économie vivrière, qui n’était viable que dans la mesure où elle était autarcique. Cette forme d’agriculture s’est effondrée avec l’ouverture de la montagne vers l’extérieur. Partout, avec la pomme de terre, les céréales sont les éléments essentiels du système de culture : maïs en Pays basque, blé et maïs dans les autres vallées du versant nord, blé (et aussi olivier) en Aragon et en Catalogne.