Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pyrénées

Chaîne de montagnes partagées entre la France et l’Espagne.



La situation

Les Pyrénées s’allongent sur plus de 500 km entre les falaises méditerranéennes du cap de Creus et du cap Cerbère et la partie centrale du Pays basque espagnol. Encore que les géologues et les spécialistes de géographie physique soient loin d’être d’accord sur cette question et que les paysages humains caractéristiques du Pays basque s’étendent plus loin vers l’ouest, on peut considérer que la vallée de l’Oria, qui descend vers l’Atlantique, et celle du río Zadorra, qui se jette dans l’Èbre à Miranda de Ebro, toutes deux suivies par la route et la voie ferrée de Paris à Madrid, marquent la limite des Pyrénées à l’ouest.

La frontière entre les deux États a été définitivement fixée à la paix des Pyrénées de 1659, et les accords d’utilisation des pâturages frontaliers ont été codifiés par le traité de Bayonne de 1856. Elle ne suit pas partout la ligne de partage des eaux. Dans les Pyrénées orientales, elle court sur la basse chaîne des Albères pour s’accrocher ensuite sur la ligne de crête qui sépare le massif du Canigou de celui du Puigmal, mais, plus à l’ouest, la Cerdagne, bassin supérieur du Sègre, dont les eaux vont à l’Èbre, est (exception faite de l’enclave de Llivia) en France, tandis qu’au nord du port d’Envalira certains ruisseaux affluents de l’Ariège ont leur source en Espagne. Du port d’Envalira au pic d’Orhy, en Pays basque, la frontière suit à peu près la ligne de partage des eaux, encore que les sources du gave d’Aspe et le val d’Aran soient en Espagne. À l’ouest du pic d’Orhy, frontière et ligne de partage des eaux ne coïncident pas. En Basse-Navarre, l’Irati, né en France, s’écoule vers l’Èbre, alors que la plupart des Nives ont leur source en Espagne ; situé sur le seuil de partage des eaux, le port d’Ibañeta ou de Roncevaux est à plusieurs kilomètres au sud de la frontière. Plus à l’ouest, la ligne de partage des eaux s’éloigne de plus en plus de la frontière en direction de l’ouest et du sud-ouest.


Le milieu naturel


Le relief

Du Guipúzcoa au Roussillon, les paysages pyrénéens sont très variés. À l’ouest du pic d’Anie, les montagnes basques ne dépassent 2 000 m qu’au pic d’Orhy, et les sommets se situent pour la plupart entre 1 300 et 1 800 m ; les affluents de l’Èbre et, plus encore, les rivières descendant vers l’Atlantique (bassins de la Nive, de la Nivelle et de l’Oria) y ont incisé de profondes vallées, dont les ramifications contribuent fortement à créer un relief accidenté. Des cols de faible altitude (puerto de Ibañeta, 1 057 m ; puerto de Velate, 847 m ; puerto de Echegárate, 640 m) permettent des communications permanentes et relativement aisées entre les deux versants de la chaîne.

Du pic d’Anie au Puymorens, les Pyrénées forment une barrière imposante. Là sont les massifs les plus élevés de la chaîne : pic d’Anie (2 504 m) et pic du Midi d’Ossau (2 885 m), aux confins du Béarn et de l’Aragon ; Vignemale (3 298 m) et mont Perdu (3 355 m), échancré par les gigantesques cirques de Gavarnie, de Troumouse et d’Ordesa ; Maladeta, juste à l’ouest de la Garonne (pic d’Aneto, 3 404 m) ; haute chaîne frontière au sud de l’Ariège (pic de Montvallier, 2 838 m ; pic de Montcalm, 3 077 m). Des vallées de direction subméridienne conduisent à des cols élevés, pour la plupart fermés durant la mauvaise saison. À l’ouest, le Somport (1 631 m) permet de passer de la vallée d’Aspe dans celle de l’Aragón, et le Pourtalet de la vallée d’Ossau dans celle du Gállego. Du Pourtalet (du reste fermé l’hiver) au Puymorens (1 915 m), qui, de l’Ariège, permet de gagner la Cerdagne et, par le port d’Envalira (2 407 m), l’Andorre, une seule route traverse les Pyrénées, celle du val d’Aran et de la vallée de la Noguera Ribagorzana (qui conduit à Lérida), communiquant par le tunnel de Viella, long de 6 km. Essentiellement pour développer le tourisme, on s’efforce d’achever des routes entre Gavarnie et Ordesa, d’une part, et entre la vallée d’Aure et celle du río Cinca, d’autre part.

À l’est du Puymorens, les Pyrénées orientales montrent de lourds massifs dominés par quelques sommets hardis (Carlitte 2 921 m ; Puigmal, 2 913 m ; Canigou, 2 785 m). Ces massifs sont séparés par de profondes dépressions : hautes plaines du Capcir (drainé par l’Aude) vers 1 500 m et de la Cerdagne vers 1 100-1 200 m, étroites rainures du Confient (350-500 m) vers Prades et du Vallespir au mont de Céret (300 m). D’accès difficile sont les cols de Cerdagne ; au contraire, le Perthus est très bas (290 m). Les Pyrénées orientales sont précédées au nord par les Corbières, moyenne montagne au relief confus.


Les paysages morphologiques

L’armature de la chaîne est constituée par la zone axiale pyrénéenne, faite de terrains sédimentaires primaires et de vastes massifs granitiques qui avaient été pris dans une phase de plissement hercynien. À l’ouest, la zone axiale constitue quelques massifs en amandes au milieu des formations sédimentaires du Pays basque : Cinco Villas sur la haute Bidassoa, massifs labourdins (Hasparren), des Aldudes et d’Igounze. Recouverte en haute Soule par d’énormes assises calcaires, elle réapparaît au pic d’Anie et se suit, sans solution de continuité, jusqu’à la Méditerranée. À l’ouest du mont Perdu, elle s’étend surtout en France (massif d’Aspe, Balaïtous, Néouvielle, Vignemale). À l’est, elle s’étale largement sur les deux versants s’épanouissant en Espagne pour former les massifs de la Maladeta et des Encantats ainsi que les montagnes de l’Andorre. Au nord et à l’est de la Neste d’Aure, des massifs s’individualisent au nord de la chaîne axiale proprement dite : Barousse entre Neste d’Aure et Garonne, Arize et Trois-Seigneurs entre Salat et Ariège, Tabe à l’est de l’Ariège. À l’est du Puymorens, la zone axiale, surtout étendue en France, se morcelle en une série de massifs de direction est-ouest, dont seul celui des Albères atteint la mer.