puniques (guerres) (suite)
Quand Hannibal fut sous les murs de la ville, les femmes, à en croire les historiens, passèrent leur temps à gémir, à embrasser les autels et à tendre les mains vers le ciel. La panique s’empara de la foule quand une troupe de transfuges numides traversa la ville pour aller occuper les positions de défense : on croyait voit l’ennemi dans la place, on se bousculait au milieu du bétail réfugié qui campait dans les rues, on se réfugiait sur les toits. Quand Hannibal s’éloigna enfin, on consacra un temple au dieu du Retour (Rediculus).
La troisième guerre (149-146)
Cependant, la puissance carthaginoise devait encore se relever. Elle put effectuer le paiement anticipé de l’indemnité de guerre. Dépouillés de leur empire colonial, les Carthaginois se tournèrent vers leur arrière-pays et firent progresser l’agriculture. Caton*, qui visita le pays vers 153, s’alarma de ce redressement et donna l’alerte, répétant que Carthage devait être détruite (Delenda est Carthago). D’ailleurs, les prétentions de Masinissa, roi des Numides, sur les territoires d’Afrique obligeaient celui-ci à reconstituer ses stocks d’armes, plus ou moins clandestinement. Un prétexte se présenta en outre : la guerre éclata entre Masinissa et Carthage, et Carthage fut vaincue. Rome pouvait craindre de voir la puissance carthaginoise relayée et accrue par le Numide vainqueur. Une expédition romaine débarqua en Afrique (149) et, malgré les promesses répétées de soumission de la part de Carthage, assiégea la ville. Les opérations traînèrent jusqu’à la prise en main par P. Cornelius Scipio Aemilianus (Scipion Émilien), en 147. En 146, la ville fut conquise maison par maison. Ensuite, elle fut rasée, et son territoire devint domaine public de l’État romain. Ainsi s’achevaient, dans un anéantissement total d’un des adversaires, ces trois guerres inexpiables, lourdes de conséquences pour Rome elle-même, entraînée dans des conquêtes sans fin et profondément transformée dans son gouvernement et ses mœurs par sa position de conquérante.
La vengeance de l’Afrique devait s’exercer longtemps après, quand le Vandale Geiséric débarqua en Italie et prit Rome : on a pu qualifier son raid de « quatrième guerre punique » (455 apr. J.-C.).
R. H.
➙ Carthage / Hannibal / Rome / Scipions (les).
B. Combet-Farnoux, les Guerres puniques (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1960). / B. H. Warmington, Carthage (Londres, 1960 ; nouv. éd. Harmondsworth, 1965). / A. J. Toynbee, Hannibal’s Legacy. The Hannibalic War’s Effects on Roman Life (Oxford, 1965 ; 2 vol.). / G. C. et C. Picard, Vie et mort de Carthage (Hachette, 1970).