Punaise (suite)
Punaises phytophages
Elles abondent sur les plantes sauvages, dont elles puisent la sève. À côté d’espèces polyphages, comme Pyrrhocoris apterus — appelé usuellement gendarme, soldat, suisse —, fréquent au pied des murs et des arbres, beaucoup affectionnent une famille végétale déterminée : Graphosoma, aux bandes longitudinales noires et rouges, fréquente les Ombellifères ; Nysius senecionis vit sur les Composées. De toutes les formes qu’on trouve dans les jardins et les champs, quelques-unes seulement peuvent être considérées comme nuisibles aux cultures : Eurygaster et Ælia piquent les jeunes grains de blé et les font avorter ; Eurydema s’attaque au Chou, dont les feuilles se dessèchent ; le « Tigre » du Poirier, Stephanitis, pique la face inférieure des feuilles, qui tombent. En Afrique et en Amérique, Dysdercus inflige de graves dégâts aux capsules du Cotonnier. Les récoltes de Riz peuvent être compromises par les attaques d’Œbalus pugnax. Dans l’ensemble, on doit reconnaître que les dommages causés aux cultures par les Punaises restent minimes par rapport à ceux dont les Pucerons et les Cochenilles sont responsables.
Punaises prédatrices
La plupart des Punaises aquatiques capturent divers Insectes ou Crustacés, parfois à l’aide de pattes spécialisées (pattes antérieures ravisseuses de la Nèpe, de la Ranatre) ; les Bélostomes, dont la longueur peut atteindre 10 cm, attrapent des têtards ou des Poissons. Perforant de leurs stylets les téguments de leurs proies, elles injectent une salive d’action rapide et pompent les liquides nutritifs ainsi obtenus. Les Velia et les Gerris (« Araignées d’eau »), qui flottent à la surface des étangs, se nourrissent également de petites proies.
On compte un certain nombre de prédateurs parmi les Punaises aériennes ; en s’attaquant à des Insectes nuisibles, les Punaises peuvent jouer un rôle favorable, mais leurs exigences écologiques ou leur trop faible fécondité ne leur donnent habituellement pas une efficacité suffisante pour être utilisables dans la lutte biologique. Zicrona cœruleas, au tégument bleu brillant, détruit l’Altise de la Vigne, les larves de Doryphores et diverses chenilles ; Podisius et Perillus sont d’actifs prédateurs du Doryphore ; Reduvius personatus se rencontre dans les habitations et capture Mouches et Punaises des lits.
Punaises hématophages
Trois familles d’Hétéroptères renferment des formes qui piquent les Vertébrés homéothermes et en absorbent le sang : ce sont les Cimicidés, les Polycténidés et les Réduviidés. Parmi les premiers, la Punaise des lits (Cimex lectularius) vit dans les maisons et pique l’Homme ainsi que d’autres Mammifères et des Oiseaux. Son corps, brun, dépourvu d’ailes, mesure 5 mm de long ; son odeur désagréable provient d’une sécrétion émise par les glandes débouchant à la base des pattes postérieures chez l’adulte et à la face dorsale de l’abdomen chez la larve. Craignant la lumière, cette Punaise passe la journée cachée dans la literie, dans les recoins de murs et les tentures ; la nuit, guidée par son thermotropisme, elle s’approche des dormeurs ; indolore au début, sa piqûre dure trois minutes et lui permet de se gorger de sang ; cet Insecte peut supporter des jeûnes prolongés. Son tube digestif peut contenir divers germes infectieux ; il est reconnu que la Punaise des lits transmet le Spirochète de la fièvre récurrente. Elle a un développement qui dure environ onze semaines ; devenue cosmopolite, elle est active toute l’année dans les pays chauds.
Un autre Cimicidé, Œcacius hirundinis, pullule dans les nids d’Hirondelles, dont il attend tout l’hiver le retour printanier.
Les Polycténidés sont des ectoparasites permanents des Chauves-Souris ; leur longueur ne dépasse pas 2 mm.
Deux espèces de Réduviidés d’Amérique néo-tropicale, Triatomamegista et Rhodnius prolixus peuvent transmettre à l’Homme un Trypanosome (T. Cruzi) responsable de la maladie de Chagas.
M. D.