Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Punaise (suite)

Punaises phytophages

Elles abondent sur les plantes sauvages, dont elles puisent la sève. À côté d’espèces polyphages, comme Pyrrhocoris apterus — appelé usuellement gendarme, soldat, suisse —, fréquent au pied des murs et des arbres, beaucoup affectionnent une famille végétale déterminée : Graphosoma, aux bandes longitudinales noires et rouges, fréquente les Ombellifères ; Nysius senecionis vit sur les Composées. De toutes les formes qu’on trouve dans les jardins et les champs, quelques-unes seulement peuvent être considérées comme nuisibles aux cultures : Eurygaster et Ælia piquent les jeunes grains de blé et les font avorter ; Eurydema s’attaque au Chou, dont les feuilles se dessèchent ; le « Tigre » du Poirier, Stephanitis, pique la face inférieure des feuilles, qui tombent. En Afrique et en Amérique, Dysdercus inflige de graves dégâts aux capsules du Cotonnier. Les récoltes de Riz peuvent être compromises par les attaques d’Œbalus pugnax. Dans l’ensemble, on doit reconnaître que les dommages causés aux cultures par les Punaises restent minimes par rapport à ceux dont les Pucerons et les Cochenilles sont responsables.


Punaises prédatrices

La plupart des Punaises aquatiques capturent divers Insectes ou Crustacés, parfois à l’aide de pattes spécialisées (pattes antérieures ravisseuses de la Nèpe, de la Ranatre) ; les Bélostomes, dont la longueur peut atteindre 10 cm, attrapent des têtards ou des Poissons. Perforant de leurs stylets les téguments de leurs proies, elles injectent une salive d’action rapide et pompent les liquides nutritifs ainsi obtenus. Les Velia et les Gerris (« Araignées d’eau »), qui flottent à la surface des étangs, se nourrissent également de petites proies.

On compte un certain nombre de prédateurs parmi les Punaises aériennes ; en s’attaquant à des Insectes nuisibles, les Punaises peuvent jouer un rôle favorable, mais leurs exigences écologiques ou leur trop faible fécondité ne leur donnent habituellement pas une efficacité suffisante pour être utilisables dans la lutte biologique. Zicrona cœruleas, au tégument bleu brillant, détruit l’Altise de la Vigne, les larves de Doryphores et diverses chenilles ; Podisius et Perillus sont d’actifs prédateurs du Doryphore ; Reduvius personatus se rencontre dans les habitations et capture Mouches et Punaises des lits.


Punaises hématophages

Trois familles d’Hétéroptères renferment des formes qui piquent les Vertébrés homéothermes et en absorbent le sang : ce sont les Cimicidés, les Polycténidés et les Réduviidés. Parmi les premiers, la Punaise des lits (Cimex lectularius) vit dans les maisons et pique l’Homme ainsi que d’autres Mammifères et des Oiseaux. Son corps, brun, dépourvu d’ailes, mesure 5 mm de long ; son odeur désagréable provient d’une sécrétion émise par les glandes débouchant à la base des pattes postérieures chez l’adulte et à la face dorsale de l’abdomen chez la larve. Craignant la lumière, cette Punaise passe la journée cachée dans la literie, dans les recoins de murs et les tentures ; la nuit, guidée par son thermotropisme, elle s’approche des dormeurs ; indolore au début, sa piqûre dure trois minutes et lui permet de se gorger de sang ; cet Insecte peut supporter des jeûnes prolongés. Son tube digestif peut contenir divers germes infectieux ; il est reconnu que la Punaise des lits transmet le Spirochète de la fièvre récurrente. Elle a un développement qui dure environ onze semaines ; devenue cosmopolite, elle est active toute l’année dans les pays chauds.

Un autre Cimicidé, Œcacius hirundinis, pullule dans les nids d’Hirondelles, dont il attend tout l’hiver le retour printanier.

Les Polycténidés sont des ectoparasites permanents des Chauves-Souris ; leur longueur ne dépasse pas 2 mm.

Deux espèces de Réduviidés d’Amérique néo-tropicale, Triatomamegista et Rhodnius prolixus peuvent transmettre à l’Homme un Trypanosome (T. Cruzi) responsable de la maladie de Chagas.

M. D.

puniques (guerres)

Guerres qui opposèrent Rome à Carthage de 264 à 146 av. J.-C. et qui aboutirent à l’anéantissement de l’État punique.



Les prodromes

Rome* avait, au iiie s. av. J.-C., assuré son hégémonie sur l’ensemble de l’Italie péninsulaire. À la même époque, Carthage* avait de même soumis à son influence, outre l’arrière-pays africain, la Corse, la Sardaigne, une partie de la Sicile et la côte méridionale de l’Espagne. C’est de la rencontre de ces deux dominations, au niveau du détroit de Sicile, que devait naître le conflit. Une affaire locale, la discorde entre Messine et Syracuse, le provoqua. Hiéron de Syracuse avait riposté à l’attaque des Mamertins de Messine, mais sans grand succès, car la flotte carthaginoise, stationnée dans l’île Lipari, était accourue prêter son appui aux Mamertins, sur leur demande. Mais ceux-ci se retrouvèrent sous la domination carthaginoise et appelèrent Rome à leur secours. Rome avait, vraisemblablement, par le traité signé en 306, reconnu la Sicile à Carthage, ce qui lui laissait en contrepartie toute liberté d’action en Italie. Or, en 270, elle s’installait à Rhêgion (Reggio) et répondait à l’appel de Messine en envoyant un contingent, tandis que la garnison carthaginoise évacuait discrètement les lieux (264). Cette affaire de Messine semble avoir été inspirée par le peuple osque, les Osques d’Italie venant en aide aux Osques déjà établis à Messine en vertu d’une lente progression des populations italiques vers la Sicile.


La première guerre (264-241)

La guerre fut dure et se prolongea vingt-trois ans. Rome trouva un allié fidèle en Hiéron (devenu roi de Syracuse [265]), et beaucoup de villes de Sicile, lassées par les exigences des Carthaginois, se rallièrent aux Romains. Cela ne retirait pas aux adversaires de Rome leurs positions navales sur le pourtour de l’île. Mais la tactique navale romaine fit de rapides progrès. La copie des navires puniques, l’emploi des échelles d’abordage permirent, en dépit de certains déboires, de faire victorieusement face à la flotte punique (Myles, 260 ; Ecnome, 256 ; îles Ægates, 243). Sur terre, les Romains apprirent l’usage des machines poliorcétiques. Mais ils eurent surtout à confronter leurs traditions à la ruse guerrière et diplomatique des Carthaginois ainsi qu’à leur « mauvaise foi ». Quand le consul Atilius Regulus, vaincu et capturé en 255, à la suite d’une courageuse incursion en Afrique, revint, prisonnier sur parole, d’une mission à Rome, il fut supplicié, en dépit de toutes les promesses faites. Les Romains en furent horrifiés, mais ils ne renoncèrent pas, au contact de leurs adversaires, à leurs traditions d’honneur militaire. Face à des ennemis habitués au mercenariat — ce qui leur valut de dangereuses révoltes —, Rome manifesta son attachement à l’armée de citoyens, au patriotisme indéfectible, et ce fut sans doute la raison essentielle de sa victoire. Après la bataille décisive des îles Ægates, Carthage abandonne la Sicile et s’engage à verser une forte indemnité (241).