Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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psychosomatique (suite)

Sans l’abord des problèmes psychologiques intimes du malade, on risque, dans tous ces cas, de constater l’inefficacité des traitements médicaux habituels. L’explication psychologique que l’on fournit au malade des dérèglements dont il souffre déclenche malheureusement des réactions de méfiance ou d’hostilité, qui devraient pourtant s’atténuer dans l’avenir. « Manifestations psychosomatiques » se confondent trop souvent dans les esprits avec « maladies imaginaires ». Trop fréquemment, un sentiment de déception s’empare du patient à qui son médecin déclare, après une série d’examens, que les symptômes physiquement ressentis sont d’origine nerveuse ou psychique. Ces affections psychosomatiques doivent être considérées comme des maladies authentiques. Les souffrances qui prennent naissance au sein de l’angoisse intérieure et du dérèglement du système neurovégétatif exigent un traitement approprié reposant essentiellement sur la psychothérapie et la chimiothérapie. (V. psychotrope.)


Affections organiques de causes psychiques ou nerveuses

Certaines affections organiques auraient, parmi de multiples causes, des facteurs psychologiques et neurovégétatifs importants.
1. Les affections endocriniennes et nutritionnelles. On connaît des hyperthyroïdies déclenchées par une émotion brutale (chez l’animal, on peut en provoquer en le soumettant à des chocs psychologiques). Certains cas de diabète succèdent à des tensions affectives prolongées ou sont aggravés par elles. De nombreux cas d’obésité avec ou sans rétention d’eau, des anorexies entrent dans ce cadre.
2. Certaines affections allergiques : asthme, eczéma, urticaire, œdème de Quincke, rhinite spasmodique, trachéite. Ces maladies, dans lesquelles s’intriquent des modifications humorales complexes, ont des caractéristiques neurovégétatives et psychologiques : insécurité profonde, attitude infantile régressive avec attachement excessif à l’image maternelle, besoin de protection et d’amour.
3. Les affections cardio-vasculaires. Les facteurs psychologiques, notamment l’angoisse, joueraient un rôle non négligeable dans l’hypertension artérielle, qui serait en rapport avec une agressivité forte et hypercontrôlée par les malades sans jamais de décharge possible ou d’exutoire, une contradiction perpétuelle entre un comportement de domination (culpabilisé) et une tendance à la dépendance passive vis-à-vis de l’entourage, dans certains troubles du rythme cardiaque et dans quelques cas d’angine de poitrine ou d’infarctus.
4. Les affections dermatologiques. Le psoriasis*, le vitiligo, la mélanose (v. pigment), des prurits*, des hyperhidroses (sudation des extrémités) et surtout l’alopécie essentielle (chute des cheveux) peuvent découler d’un grand bouleversement psychique ou d’un état d’anxiété chronique.
5. La tuberculose pulmonaire. Cette maladie, pourtant due directement au bacille tuberculeux, peut être déclenchée par une déception, un abandon affectif, une privation d’amour, etc.
6. De nombreuses affections digestives. Ainsi, l’ulcère gastro-duodénal est bien connu chez les prisonniers comme chez les animaux que l’on soumet à des stress nombreux ou des contraintes diverses. Il se voit chez les anxieux trop repliés sur eux-mêmes, se confiant peu, inhibés et pourtant hypersensibles aux contacts sociaux, ruminant intérieurement leurs craintes et leurs déplaisirs ou les petites humiliations de la vie quotidienne. Souvent, ils n’ont pas résolu en eux-mêmes le conflit inconscient entre un vif désir d’indépendance et le besoin d’être protégé, aimé, donc de dépendre de quelqu’un. Les colites muco-membraneuses et la recto-colite hémorragique, quoique dûment organiques, subissent des poussées évolutives très franches lors de périodes de difficultés affectives.
7. Le glaucome*. Cette maladie est très sensible aux facteurs psychologiques.


Traitement des névroses et des troubles psychosomatiques

Il doit comporter à la fois des mesures visant à corriger les symptômes corporels et les troubles psychologiques qui les sous-tendent. Il est donc très variable selon l’affection en cause. Dans l’ensemble, la psychothérapie* est indispensable dans tous les cas. Il faut que les malades prennent conscience de leurs problèmes affectifs et du rôle que jouent ceux-ci dans la survenue ou dans les poussées évolutives de la maladie.

La psychanalyse classique se trouve rarement indiquée. On utilise beaucoup plus souvent des psychothérapies assez brèves d’inspiration psychanalytique, qui se contentent de soulager le malade de ses symptômes sans chercher à modifier sa personnalité en profondeur. En fait, une psychothérapie de bon sens soutenant et rassurant le patient en l’aidant à résoudre ses difficultés existentielles est utile. Bien des médecins généralistes sont aujourd’hui à même d’aborder au cours d’entretiens répétés les éléments de la vie psychologique et d’éclairer le rôle des événements douloureux et des traumatismes personnels et intimes de leurs malades. Encore faut-il que ces derniers se confient à eux. Les préjugés qui régnent en France au point de vue de la vie psychique gênent souvent les contacts avec le médecin.

Quand les problèmes psychologiques névrotiques sont trop complexes, la psychothérapie de soutien fait place à une psychothérapie plus profonde, confiée à un spécialiste.

Les mesures hygiéno-diététiques et les thérapeutiques de milieu ont un rôle favorable, connu depuis longtemps : repos, hospitalisation, cures hydro-climatiques, mise à distance pour un temps des soucis professionnels et familiaux grâce à l’isolement, changement dans les conditions de vie, le logement, etc. De même, on a proposé ces dernières années la relaxation. La cure de sommeil à trouvé de nombreux défenseurs, notamment auprès des médecins soviétiques, qui l’ont recommandée dans le traitement de l’hypertension artérielle, des ulcères gastro-duodénaux, de l’asthme et de certaines dermatoses. Son action serait d’autant plus nette que l’angoisse des patients est plus évidente. Mais elle est aujourd’hui beaucoup moins souvent indiquée.