Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

psychomoteur (développement) (suite)

Survenant vers la fin de la troisième année, il est marqué par l’avènement de la conscience de soi chez l’enfant, sous l’effet vraisemblablement de l’établissement des voies de projection corticale de la formation réticulaire, qui est reconnue actuellement comme le centre des niveaux élémentaires de conscience (éveil, vigilance), et notamment de la maturation de la voie fronto-ponto-cérébelleuse, qui préside à l’organisation des attitudes (Wallon, 1934). Au cours des premiers stades, l’enfant n’a qu’une conscience d’effets résultant soit des modifications posturales de son organisme, soit de son activité motrice sur le monde extérieur. Son moi est une fusion d’éléments d’origines exogène et endogène indifférenciés. Avec la représentation, les images qu’il a des êtres et des choses s’objectivent. Ses attitudes, désormais dissociées de ses mouvements, se dédoublent et lui donnent une image de lui-même. L’enfant prend conscience de soi comme distinct des autres et des objets. Son comportement se transforme. Aux appels et demandes de l’adulte, il commence par dire « non ». Il s’agit moins de l’opposition que de la nécessité pour l’enfant de se démarquer des autres, de se ressaisir et se saisir pour se poser en tant que personne vis-à-vis d’autres personnes, en tant que sujet face à l’objet. Dans son langage, il fait un usage mieux approprié des pronoms personnels, distingue entre le « je » et le « tu », le « mien » et le « tien ». Son sens de propriété se développe, comprenant, par exemple, la différence entre le donné et le prêté.

Avec la conscience de soi, toutes les fonctions psychiques sont constituées chez l’enfant, ayant toutes pour origine la formation posturale, qui devient ainsi le principal facteur de leur liaison et de leur intégration dans l’unité et la continuité de la personne. Wallon (1925) a montré que certaines perturbations ou insuffisances de cette fonction, qui se produisent au cours du développement, peuvent entraîner certaines formes d’instabilité qui se manifestent ultérieurement par la maladresse des gestes, par l’incontinence émotionnelle et les difficultés dans les relations avec l’entourage aussi bien que par l’incapacité d’attention, de concentration et d’abstraction intellectuelles et par la fragilité de la personnalité et de la conscience personnelle.

T. T.

➙ Affectivité / Enfant / Intelligence / Langage / Perception / Personnalité / Psychologie.

 C. Sherringham, The Integrative Action of Nervous System (Londres, 1906). / H. Wallon, Stades et troubles du développement psychomoteur et mental chez l’enfant (Alcan, 1925) ; les Origines du caractère chez l’enfant (Boivin, 1934) ; De l’acte à la pensée (Flammarion, 1942). / A. L. Gesell et F. L. Ilg, Infant and Child in the Culture of Today (New York, 1943 ; trad. fr. le Jeune Enfant dans la civilisation moderne, P. U. F., 1949, 3e éd., 1957). / J. Piaget, la Construction du réel chez l’enfant (Delachaux et Niestlé, 1949). / P. Malrieu, les Émotions et la personnalité de l’enfant de la naissance à trois ans (Vrin, 1952). / J. C. Coste, les 50 Mots clés de la psychomotricité (Privat, Toulouse, 1976).

psychose

Affection nerveuse et mentale altérant profondément la personnalité dans son ensemble.


Généralités


Définition

Une psychose se définit par un certain nombre de caractères.
1. Les symptômes psychotiques compromettent sévèrement, pour un temps variable, la relation du malade avec autrui et la réalité du monde extérieur. Ils sont représentés essentiellement par le délire, avec des mécanismes divers : interprétatifs, intuitifs, imaginatifs, hallucinatoires. Les idées délirantes s’imposent à l’évidence aux observateurs, car elles heurtent le bon sens et le système de réalité commun à tous les individus d’une société. Mais il existe d’autres symptômes de psychose beaucoup moins évidents et pourtant aussi graves dans leurs conséquences. Nous ne les décrirons pas ici, tant il est vrai qu’une seule idée délirante reconnue de manière certaine suffit à affirmer un état psychotique. À cet égard, « délire » est synonyme de « psychose ».
2. Les psychotiques sont souvent inconscients, totalement ou partiellement, de leur état morbide et momentanément incapables d’en faire la critique. Ils refusent pour la plupart les soins qui leur sont proposés ou les subissent sans en comprendre la nécessité. Ils s’opposent même aux précautions que l’on veut prendre à leur égard (hospitalisation, placement, mesures diverses d’assistance psychiatrique). À la différence de ce qui se passe pour les névrosés, le sens de la réalité, les liens de la personne avec le monde environnant apparaissent gravement altérés. L’affectivité, les désirs, les croyances, le comportement de ces malades paraissent étranges, difficilement compréhensibles ou acceptables, car ils échappent aux principes rationnels habituellement admis par l’ensemble des sociétés humaines. La psychose, enfin, prive souvent les malades, en l’absence de traitement, d’une adaptation sociale ou d’un accès aux niveaux les plus élevés de l’épanouissement psychique. Le névrosé, en revanche, conserve mieux la liberté d’atteindre à des registres supérieurs de l’activité psychologique, quoique de manière inégale et souvent limitée. En fait, l’opposition classique entre psychose et névrose n’est pas toujours aussi tranchée et facile. Il est de nombreux « états limites » : névroses graves, syndrome dit « prépsychotique ».

Un grand nombre de psychoses, appelées fonctionnelles, ne sont apparemment, en l’état actuel de nos connaissances sur le fonctionnement du système nerveux, expliquées par aucune lésion organique cérébrale. Pourtant, certaines psychoses (appelées psychoses organiques) sont clairement liées à des causes infectieuses, toxiques, traumatiques, à des tumeurs ou des désordres vasculaires cérébraux, à des atrophies cérébrales ou des déséquilibres endocriniens ou métaboliques.