Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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psychiatrie (suite)

Classifications en psychiatrie

On a établi une classification simple des maladies mentales, qui permet une grande souplesse d’utilisation et qui est reconnue par la grande majorité des psychiatres. Elle comprend cinq groupes fondamentaux :
— les arriérations* mentales ou les insuffisances intellectuelles congénitales (débilité* mentale), dont les causes dominantes sont héréditaires, génétiques ou en rapport avec des anomalies du développement du cerveau du fœtus dans l’utérus maternel ;
— les psychoses* manifestement organiques (démences atrophiques, confusions mentales des maladies neurologiques ainsi que somatiques générales) ;
— les psychoses* dites « fonctionnelles », sans lésion décelable dans le système nerveux (manie, mélancolie, bouffée délirante, schizophrénie, délires chroniques, etc.) ; ces psychoses sont probablement dues surtout à des dysfonctionnements encore inconnus du système nerveux (les recherches biochimiques actuelles autorisent des espoirs, notamment pour la schizophrénie) et à des anomalies génétiques (facteurs endogènes), mais aussi à des facteurs psychologiques extérieurs (exogènes), dont l’importance exacte est difficile à apprécier ;
— les névroses*, qui se définissent comme des maladies de la personnalité liées essentiellement à des causes psychologiques, encore que les facteurs neurophysiologiques et neurochimiques soient probablement trop méconnus ;
— une catégorie spéciale de maladies dont sont atteints les déséquilibrés du caractère ou les personnalités psychopathiques, caractérisées par des troubles précoces du comportement social avec inadaptation, impulsivité, instabilité, passage à l’acte, etc., survenant sur un terrain dysharmonique génétique dans un contexte socio-éducatif souvent particulier.

Pour être complet, il importe encore d’opposer les maladies mentales aiguës (états névrotiques ou psychotiques aigus), faites de crises ou d’accès transitoires qui peuvent se renouveler, mais ont une tendance naturelle à la guérison, aux maladies mentales chroniques, qui ont une évolution continue, progressive ou par poussées.

Il faut bien avouer un certain décalage entre nos connaissances, encore sommaires, sur la genèse des maladies mentales et les progrès nettement plus avancés des possibilités thérapeutiques. Déjà autour des années 1930, les méthodes de chocs (chocs insuliniques, électrochocs surtout) étaient venus révolutionner les services psychiatriques, où l’on ne disposait jusqu’alors que de traitements fort pauvres (douches, hypnotiques, sédatifs), toujours insuffisants. Mais l’emploi des drogues neuroleptiques et tranquillisantes depuis 1952, celui des antidépresseurs depuis 1957 et, plus récemment, l’introduction des sels de lithium (immense progrès dans le domaine de la cyclothymie, ou psychose maniaco-dépressive*) ont permis aux médecins spécialistes de faire œuvre vraiment efficace dans le domaine de la pathologie mentale. Les affections aiguës sont très sensibles à ces drogues, qui effacent rapidement les symptômes. Les affections chroniques s’améliorent nettement dans 75 p. 100 des cas avec reprise d’une activité sociale efficace. Les médicaments favorisent l’abord psychothérapique des patients et les multiples méthodes de sociothérapie ou de resocialisation. Les asiles ont disparu, remplacés par des hôpitaux psychiatriques, qui s’humanisent, comprennent un nombre qui va croissant de services libres à côté des anciens services fermés, tandis que s’organise une assistance médico-sociale, par secteurs, avec établissements de postcure, ateliers protégés, dispensaires d’hygiène mentale, etc.

Sur le plan légal, la loi du 30 juin 1838 avait jadis représenté un net progrès dans le statut du malade psychiatrique, alors appelé aliéné.

Malgré les courants d’idées actuels qui tendent à vouloir séparer la psychiatrie de la médecine, en l’attirant dans le domaine de la seule psychologie, il faut insister sur la nécessité de maintenir l’étude et le traitement des affections psychiques dans le cadre médical.

En effet, des processus organiques peuvent se dissimuler sous des symptômes psychologiques. D’autre part, le maniement de plus en plus compliqué des thérapeutiques chimiothérapiques et biologiques oblige à une surveillance étroite et à une connaissance parfaite de la physiopathologie à cause des incidents possibles. Cela n’est en rien un obstacle à l’étroite collaboration indispensable entre médecins, psychiatres, psychologues, psychanalystes et psychothérapeutes.

G. R.

➙ Arriération mentale / Débilité mentale / Folie / Névrose / Psychanalyse / Psychose / Psychothérapie / Schizophrénie.

 H. Ey, P. Bernard et C. Brisset, Manuel de psychiatrie (Masson, 1960 ; 3e éd., 1970). / H. Baruk, la Psychiatrie et la science de l’homme (Éd. du Levain, 1965) ; la Psychiatrie française de Pinel à nos jours (P. U. F., 1967). / F. G. Alexander et S. T. Selesnick, History of Psychiatry (New York, 1966 ; trad. fr. Histoire de la psychiatrie, A. Colin, coll. « U », 1972). / C. Koupernik, Regards sur la psychiatrie (Expansion scientifique fr., 1970). / P. Marchais, Psychiatrie et méthodologie (Masson, 1970) ; Introduction à la psychiatrie théorique (Masson, 1971). / L. Michaux, les Degrés de la folie, ses prémices et ses remèdes (Hachette, 1971). / Y. Pélicier, Histoire de la psychiatrie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1971) ; Lexique-Psychiatrie (P. U. F., 1976). / R. Bastide (sous la dir. de), les Sciences de la folie (Mouton, 1972). / B. Cuau et D. Zigante, la Politique de la folie (Stock, 1974).

psycholinguistique

Étude scientifique des activités psychologiques qui permettent la production et la compréhension du langage.


Discipline récente, liée aux développements propres de la psychologie et de la linguistique, la psycholinguistique n’est pas encore unifiée, ni dans sa forme théorique ni dans ses méthodes. On la considère soit comme une partie de la psychologie, limitée à l’étude des activités verbales, soit comme un projet interdisciplinaire au sein des sciences humaines (linguistique, sémiotique, psychologie, sociologie, anthropologie).