Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

protection de la nature (suite)

 R. Heim, Destruction et protection de la nature (A. Colin, 1953). / J. Dorst, Avant que nature meure : vers une réconciliation de l’homme et de la nature (Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1965). / R. Dubos, Man Adapting (New Haven, Connect., 1965 ; trad. fr. l’Homme et l’adaptation au milieu, Payot, 1973). / M. H. Julien, l’Homme et la nature (Hachette, 1965). / P. Antoine et A. Jeannière, Espace mobile et temps incertains. Nouveau cadre de vie, nouveau milieu humain (Aubier, 1970). / E. Bonnefous, l’Homme ou la nature ? (Hachette, 1970). / P. R. et A. H. Ehrlich, Population, Resources, Environnement. Issues in Human Ecology (New York, 1970, 2e éd., 1972 ; trad. fr. Population, ressources, environnement. Problèmes d’écologie humaine, Fayard, 1972). / P. Saint-Marc, Socialisation de la nature (Stock, 1971). / La Nature, problème politique (Desclée De Brouwer, 1971). / J. Lamarque, B. Pacteau, F. Constantin et coll., Droit de la protection de la nature et de l’environnement (L. G. D. J., 1973). / C. M. Vadrot, Déclaration des droits de la nature (Stock, 1973). / M. Barnea et P. Ursu, Pollution et protection de l’atmosphère (trad. du roumain, Eyrolles, 1974). / J. de Malafosse, le Droit à la nature, le droit à l’environnement. Aménagement et protection (Montchrestien, 1974).

protestantisme

Ensemble des doctrines religieuses issues de la Réforme.


Cet article, forme une trilogie avec les textes Églises protestantes et Réforme. Nous avons essayé d’éviter les répétitions et d’organiser la complémentarité. Le premier de ces trois chapitres traite de l’origine, de la structuration et de la diversification des communautés protestantes au cours de l’histoire. Le deuxième, celui-ci, s’attache à analyser la portée du « principe scripturaire » constitutif du protestantisme. Le troisième rend compte de la signification de l’intuition fondamentale de la « Réforme » : la justification par grâce, par le moyen de la foi seule.

Dans leur immense majorité, les Églises protestantes sont membres du Conseil œcuménique des Églises, fondé en 1948 : il s’agit d’une « association fraternelle d’Églises qui, selon les saintes Écritures, confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur et s’efforcent de répondre ensemble à leur commune vocation pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit ».


La foi de l’Église

Telle est la juste place de l’Écriture, dans une perspective qui, pour n’être pas exclusivement protestante, est néanmoins directement dans la ligne de la Réforme : l’Église (d’un bout à l’autre de ce texte, « Église » désigne le corps du Christ dans son mystère, « église » toute institution ecclésiastique) ne s’intéresse pas à la Bible pour elle-même, c’est Jésus-Christ le Seigneur qui est son centre et sa raison d’être, une personne vivante, non un livre. C’est Jésus-Christ le Seigneur qui est l’évangile dont vit l’Église et qu’elle a reçu vocation de transmettre au monde, à la fois selon une extension spatiale illimitée, « jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes, i, 8) et selon la continuité des générations successives, tant que dure le temps de ce monde, « tous les jours jusqu’à la fin » (Matthieu, xxviii, 20). Le mystère de l’Église et de sa mission est donc identique à celui de la foi au Christ : ce qui constitue le peuple de la nouvelle alliance, c’est la confession de Pierre, reprise de génération en génération. « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matthieu, xvi, 16) ; le dénominateur commun à des hommes divers, de toute nation, langue et race, également réconciliés avec le Père par le Fils à qui l’Esprit les fait croire, le ciment qui assemble en un seul corps les pierres vivantes (I Pierre, ii, 4-5) que sont les baptisés, c’est la foi confessée, c’est-à-dire avouée comme le fondement, l’engagement, la certitude joyeuse de toute une vie, et annoncée à ceux qui ne la partagent pas comme le sens de leur vie, la raison d’être qu’ils vont peut-être découvrir, le but de leur existence sur la terre, « la lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme » (Jean, i, 9), qu’il le sache ou non. La confession de foi n’est pas seulement à usage interne, comme le signe distinctif des chrétiens par rapport à ceux qui ne sont pas (encore) de l’Église ; elle est aussi, elle est d’abord le résumé du message que la communauté missionnaire se sait responsable de délivrer en tout temps, en tous lieux. « Je ne rougis pas de l’Évangile », écrit saint Paul, « il est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit... Car en lui se révèle la justice de Dieu, de la foi à la foi, comme il est écrit : le juste par la foi vivra » (Romains, i, 16-17).

« De la foi à la foi » : cette expression qui, dans sa brièveté si dense, a beaucoup intrigué les commentateurs de toutes tendances souligne la place décisive de la foi dans la transmission de l’évangile. Sans pouvoir choisir de façon certaine entre les diverses interprétations possibles, indiquons qu’elle peut être comprise de bien des manières, qui toutes sont singulièrement éclairantes. Nous n’en retenons ici que quelques-unes : « de la foi crue à la foi confessée », c’est le passage de l’adhésion personnelle du croyant au Christ à son entrée dans le mouvement du témoignage de l’Église ; « de la foi confessée à la foi crue », c’est l’accentuation portée sur les fruits du témoignage, parole humaine dont Dieu s’empare comme véhicule de la Sienne et qui ne retourne pas à lui sans effet (Isaïe, iv, 11), mais porte du fruit, c’est-à-dire engendre à la vie nouvelle des hommes jusqu’alors prisonniers de l’incrédulité ; « de la foi d’Israël à la foi de l’Église », c’est l’insistance sur la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, formes successives, et inséparables l’une de l’autre, de l’alliance de grâce conclue par Dieu avec son peuple, représentant l’ensemble de l’humanité appelée à la reconciliation ; « de la foi des pères à celle des enfants », c’est avec une nuance légèrement différente l’interprétation précédente : ceux qui sont entrés dans la foi au Christ sont responsables d’en transmettre le dépôt à ceux qui viennent après eux ; disons enfin que Karl Barth*, dans son commentaire de l’Épître aux Romains (1919), a eu l’intuition géniale de remonter pour ce texte à l’original hébraïque (le mot grec pistis [« foi »] est l’équivalent de l’hébreu : emouna [« fidélité », « foi »], même racine que amen [« c’est certain »]), ici comme ailleurs sous-jacent, et de traduire « de la fidélité de Dieu à la foi de l’Église ». Il montre par là que la confession de foi adorante et missionnaire n’est que réponse à un engagement irrévocable de Dieu : ayant une fois pour toutes « donné sa foi » aux hommes, en ayant donné son Fils, Dieu a posé dans le monde l’acte unique et révolutionnaire qui a changé le cours de l’histoire et permet à tout homme, désormais, de devenir vraiment un homme, en retrouvant avec lui la relation originelle, essentielle, qui seule fait de son existence une vie authentique.